BERLIN, 16 janvier (Reuters) - Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, en visite lundi en Allemagne, a exhorté Berlin à envoyer à l'Ukraine toutes les armes dont le pays a besoin pour se défendre contre l'invasion de la Russie, y compris des chars, des propos auxquels le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a fait écho.

S'exprimant lors d'un discours pour les 50 ans de présence de l'ancien ministre des Finances conservateur Wolfgang Schaueble au Parlement allemand, le dirigeant polonais a implicitement critiqué la réticence du chancelier allemand Olaf Scholz à envoyer des armes plus lourdes à Kyiv.

"J'appelle à des actions décisives de la part du gouvernement allemand", a dit Mateusz Morawiecki, sous les applaudissements des députés allemands, pour la plupart conservateurs. "La bataille pour la liberté et notre avenir fait rage en ce moment même (...) Il ne faut pas laisser les chars dans les entrepôts, mais les placer entre leurs mains."

D'autres voix continuent de s'élever pour appeler l'Allemagne à autoriser l'envoi en Ukraine de ses chars Leopard, à défaut d'envoyer elle-même des chars - toute exportation de ce type de matériel de fabrication allemande nécessite une autorisation de Berlin.

La Finlande attend l'aval en ce sens de l'Allemagne, a indiqué le ministre finlandais de la Défense, Mikko Savola.

A Londres, le ministre britannique de la Défense a accentué la pression sur Berlin, l'exhortant à permettre les livraisons de chars Leopard, une démarche qui pourrait selon lui servir d'exemple à d'autres pays pour soutenir l'Ukraine.

"Il a été rapporté que la Pologne est évidemment très disposée à donner des Leopards, de même que la Finlande", a dit Ben Wallace devant les députés britanniques.

"Tout cela dépend actuellement des décisions du gouvernement allemand - pas seulement si les Allemands vont fournir leurs propres Leopards, mais s'ils vont donner ou non leur autorisation à d'autres. J'appelle mes collègues allemands à le faire", a-t-il ajouté.

Ces commentaires surviennent alors que la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a démissionné dans la journée, sur fond de critiques croissantes à l'égard de la gestion de la modernisation de l'armée allemande et de la politique de Berlin vis-à-vis de Kyiv. (Reportage Thomas Escritt et Anne Kauranen à Berlin, William James à Londres; version française Kate Entringer et Jean Terzian, édité par Blandine Hénault et Nicolas Delame)