Pékin (awp/afp) - Le géant chinois des télécoms Huawei a vu son bénéfice net plus que doubler en 2023 et son chiffre d'affaires grimper de 9,6%, malgré les sanctions américaines, a-t-il annoncé vendredi dans un communiqué.

L'entreprise, qui a son siège à Shenzhen (sud de la Chine), a réalisé un bénéfice net de 87 milliards de yuans (11,2 milliards d'euros), en hausse de 144,4%, pour un chiffre d'affaires de 704,2 milliards de yuans (90,5 milliards d'euros).

"Les performances du groupe en 2023 sont conformes aux prévisions", a indiqué Ken Hu, qui occupe la présidence tournante de Huawei, cité dans le communiqué.

"Nous avons traversé beaucoup d'épreuves ces dernières années. Mais, défi après défi, nous avons réussi à croître. La confiance et le soutien de nos clients, de nos partenaires et de nos amis dans le monde entier nous ont aidés à continuer, à survivre et à nous développer", a-t-il assuré.

Cible de nombreuses sanctions américaines depuis plusieurs années, Huawei avait vu son bénéfice s'effondrer de près de 70% en 2022, à 35,6 milliards de yuans.

Le chiffre d'affaires dégagé en 2023 est conforme à la prévision annoncée en décembre par Huawei, qui disait alors tabler sur "plus de 700 milliards de yuans".

Mais cette performance reste encore bien inférieure à celle de 2020 (891,4 milliards de yuans). L'année suivante, Huawei annonçait un net repli de son chiffre d'affaires (-29%) sous l'effet des sanctions américaines.

Voiture électrique

Le groupe est depuis plusieurs années au centre d'une intense rivalité technologique entre Pékin et Washington.

Les Etats-Unis accusent, sans avancer de preuves, Huawei de pouvoir espionner au profit des autorités chinoises, ce que l'équipementier, groupe privé, conteste fermement.

Depuis 2019, des sanctions de Washington coupent ainsi l'entreprise des chaînes d'approvisionnement mondiales en technologies et en composants américains.

Les sanctions américaines ont forcé Huawei à se recentrer sur des secteurs comme les logiciels, les appareils connectés, l'informatique d'entreprise mais aussi la voiture électrique avec sa marque Aito.

Huawei n'est pas coté et n'est donc pas soumis aux mêmes obligations de certification des comptes ou de détails dans la publication des résultats que les groupes présents en bourse.

Nouveau smartphone

L'entreprise n'a ainsi communiqué aucun chiffre pour les ventes de smartphones, lourdement fragilisées ces dernières années en raison des sanctions.

Huawei a été un temps l'un des trois principaux fabricants de smartphones au monde, avec le coréen Samsung et l'américain Apple. La marque a même brièvement occupé la place de numéro un, stimulée par la demande chinoise et les ventes sur les marchés émergents.

L'an dernier, Huawei n'apparaissait même plus dans le top cinq mondial des livraisons de smartphones établi par le cabinet Canalys.

Huawei a néanmoins dévoilé l'été dernier le Mate 60 Pro, un smartphone ultra performant équipé d'une puce dont la miniaturisation serait impossible sans technologies étrangères, selon des informations de presse et des experts, et qui interroge sur l'efficacité des sanctions américaines.

Tel un pied de nez à l'administration Biden, sa présentation avait coïncidé en août avec la visite en Chine de Gina Raimondo, la secrétaire américaine au Commerce et responsable de l'application des sanctions.

La marque reste également le premier équipementier mondial pour la 5G, la cinquième génération de l'internet mobile.

Mais les Etats-Unis cherchent à convaincre leurs alliés de proscrire Huawei de leurs réseaux 5G, arguant que Pékin pourrait utiliser les produits du groupe pour surveiller les communications et trafics de données d'un pays.

En juin, la Commission européenne a estimé que les fournisseurs chinois d'équipements télécoms, dont Huawei, représentaient un risque pour la sécurité de l'UE.

afp/rp