Zurich (awp/ats) - Sergio Rossi, professeur à l'Université de Fribourg, co-signe avec Louis-Philippe Rochon, qui enseigne au Canada, avec un nouveau crédo en macroéconomie. Les deux experts prônent une "toute autre approche" par rapport à la pensée économique unique.

"Introduction to macroeconomics" (Introduction à la macroéconomie), paru aux éditions Edward Elgar, entend expliquer les sujets les plus brûlants de l'actualité économique nationale et internationale. Le manuel assume un point de vue critique en ce qui concerne la pensée dominante en sciences économiques, selon ses auteurs.

"La pensée dominante, c'est une vision qui, depuis bientôt 40 ans, veut que toute solution aux problèmes économiques se trouve dans l'économie de marché", a expliqué Sergio Rossi sur les ondes de la RTS, dans l'émission Forum de samedi. La loi de l'offre et de la demande va déterminer le plein-emploi, la stabilité financière et monétaire.

Donc l'Etat ne veut pas intervenir, il faut libéraliser, déréglementer. "On a vu que cela a donné lieu à la première crise globale du système contemporain", selon M. Rossi. Car dans ce modèle, la croissance est entièrement quantitative.

Critique à la BNS

"Il est clair que cela va au profit des élites financières, qui détiennent le pouvoir au plan mondial", estime l'expert en macroéconomie et économie monétaire. Mais aussi au détriment de l'environnement, et donc des générations futures.

"On ne connaît pas le coût que devront supporter par exemple les générations futures pour éliminer les déchets nucléaires", avance le professeur. "Or, ce qui n'a pas de prix n'est pas pris en compte par la pensée dominante, alors qu'en fait, cela pèse beaucoup", soutient celui qui plaide pour une autre logique, loin des seuls modèles mathématiques.

Et de critiquer aussi les politiques monétaires menées par la Banque centrale européenne (BCE), et en partie aussi, par la Banque nationale suisse (BNS). Selon lui, elles "ne servent pas le bien commun, mais l'intérêt des marchés financiers".

L'expert tessinois estime que les mesures mises en place par les banques centrales échouent à relancer le cycle économique. Augmenter les liquidités dont peuvent disposer les banques pour prêter aux entreprises s'avère inefficace tant que la consommation piétine. "On est dans un cercle vicieux", affirme-t-il.