Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales évoluent en ordre dispersé mardi, le marché estimant que la première baisse des taux directeurs de la banque centrale américaine interviendra plus tard qu'espéré, et s'inquiétant des tensions géopolitiques au Proche-Orient.

La Bourse de Paris a abandonné 1,40%, repassant sous le seuil symbolique des 8.000 points en clôture pour la première fois depuis le 6 mars. Francfort a cédé 1,44% et Londres 1,82%. A Zurich, le SMI a abandonné 1,75%.

A Wall Street, au lendemain d'un net repli des indices boursiers, le Nasdaq (+0,01%) et le S&P 500 (-0,02%) étaient stables vers 16H GMT, tandis que le Dow Jones gagnait 0,40%, soutenu par la hausse de plus de 6% de l'assureur santé et opérateur de pharmacie UnitedHealth, qui est la plus grosse pondération de l'indice (7,7%).

"Ce n'est pas une très bonne journée sur les bourses, la principale raison étant que les très bonnes données des ventes au détail aux Etats-Unis" publiées la veille "conduisent le marché à encore revoir les prévisions des baisses des taux de la banque centrale américaine" (Fed), commente Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.

Cette publication a "enfoncé le clou" après un indicateur d'inflation américain (CPI) la semaine dernière qui a surpris le marché à la hausse pour le troisième mois consécutif, ainsi que des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis solides au premier trimestre, explique l'économiste.

"Dans ce contexte, personne ne peut envisager que la Fed réduise ses taux à court terme", souligne Charlotte de Montpellier.

La Fed, qui maintient ses taux directeurs à leur plus haut niveau depuis plus de 20 ans dans l'objectif de ramener l'inflation à 2%, a signalé prévoir trois baisses en 2024, mais ce scénario est de plus en plus fragilisé par la résilience de l'économie américaine.

Il y a encore quelques semaines, le marché espérait que la Fed procède à la première baisse de ses taux en juin, désormais il l'envisage en septembre et doute même qu'il puisse y avoir plus d'une baisse des taux en 2024.

Sur le marché obligataire, vers 15H55 GMT, le rendement de l'emprunt des États-Unis à dix ans s'affichait à 4,65%, contre 4,60% la veille en clôture. Il était monté plus tôt à 4,69%, au plus haut depuis près de cinq mois.

Ensuite, "la géopolitique est l'élément supplémentaire qui amène de la volatilité" à la séance, ajoute Charlotte de Montpellier.

En effet, après le tir massif de drones, de missiles balistiques et de missiles de croisière par l'Iran vers Israël, le marché craint qu'une escalade des tensions au Proche-Orient retarde le retour de l'inflation vers sa cible.

"L'Iran est un producteur de pétrole important et il pourrait y avoir des questions sur l'offre, ce qui contribuerait à augmenter le prix" de l'or noir et alimenterait ainsi les pressions inflationnistes, a-t-elle expliqué.

Vers 15H55 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin se stabilisait (+0,06%) à 90,15 dollars, tout comme le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain (+0,09%), avec échéance en mai, à 85,49 dollars.

Les bancaires en berne, sauf Morgan Stanley ___

Dans un marché où les valeurs bancaires et financières sont en baisse, Morgan Stanley fait ainsi figure d'exception en prenant 3,45% à New York.

La banque d'affaires américaine a publié des résultats au premier trimestre meilleurs qu'attendu, soutenus par ses activités de gestion de patrimoine.

En revanche, Bank of America (-3,66%) ne capitalisait pas sur ses résultats supérieurs aux attentes, les investisseurs se concentrant sur la marge nette d'intérêt (intérêts perçus déduits des intérêts versés), qui s'est contractée, car l'établissement a dû rémunérer davantage ses dépôts.

En Europe, HSBC a lâché 2,98% à Londres, BNP Paribas 2,95% à Paris, Banco Santander 2,54% à Madrid, Intesa Sanpaolo 2,31% à Milan et Deutsche Boerse 2,23% à Francfort.

Du côté de l'or et du bitcoin ___

L'or grappillait 0,19% à 2.387,92 dollars. Depuis le 1er janvier, le cours de l'or a bondi de plus de 15%.

Le bitcoin cédait 1,76% à 62,039 dollars.

afp/rp