Zurich (awp) - Jean-Paul Clozel, l'emblématique patron du groupe pharmaceutique Idorsia en difficulté, cèdera au 13 juin la direction générale au chef des finances, André Muller. M. Clozel se portera candidat à la présidence du conseil d'administration lors de l'assemblée générale qui se tiendra le même jour.

"Le temps est venu pour moi de me retirer de la gestion quotidienne d'Idorsia et de passer les rênes à une génération plus jeune pour guider l'entreprise à travers une nouvelle phase de croissance", a commenté le fondateur du laboratoire, cité dans le communiqué diffusé mardi.

André Muller a été en charge des finances de la société depuis sa création, et auparavant au sein d'Actelion, revendue par Martine et Jean-Paul Clozel pour 30 milliards de francs suisses à Johnson & Johnson. Arno Groenewoud, à la tête notamment des achats, reprendra la gestion des finances, alors que l'actuel président du conseil d'administration, Mathieu Simon, sera candidat à la vice-présidence.

Le futur dirigeant du laboratoire a indiqué être confiant dans la capacité de la société "à lever des fonds supplémentaires cette année". Elle prépare différentes stratégies pour le traitement antihypertenseur Tryvio récemment homologué outre-Atlantique, dont un potentiel partenariat, et continue "d'explorer toutes les voies pour étendre" la trésorerie, selon M. Muller.

Environ 475 emplois de moins

M. Muller reprendra les manettes d'une entreprise qui a commencé à redresser la barre de janvier à mars, enregistrant 10 millions de francs suisses de revenus issus des ventes du Quviviq contre l'insomnie, contre 21 millions en 2023, selon les chiffres définitifs. Pour l'année en cours, le Quviviq doit rapporter 55 millions de francs suisses de revenus.

Environ 475 emplois ont été supprimés au siège d'Allschwil, principalement dans la recherche et développement et les fonctions support associées, entraînant une charge de 11 millions de francs suisses. La direction a procédé à l'annulation de nouveaux postes, au non renouvellement de postes temporaires et à des licenciements, en plus des départs non contraints ou à la retraite. La diminution des coûts a été pleinement effective début 2024.

La société avait annoncé à l'été dernier vouloir biffer la moitié de ses coûts fixes au siège. Elle comptait à l'époque 1300 salariés. En octobre dernier, celle-ci précisait que la suppression de 475 positions passerait par 300 licenciements essentiellement dans des fonctions de recherche et d'administration.

Les dépenses opérationnelles se sont limitées à 20 millions au premier trimestre, après 219 millions un an plus tôt, grâce en partie au transfert de droits sur le sélatogrel et le cénérimod à l'américain Viatris.

Le laboratoire bâlois est repassé dans les chiffres noirs, avec un bénéfice de 30 millions, contre une perte de 212 millions début 2023, grâce notamment à un versement initial de la part de Viatris et à la réduction des coûts.

Il a aussi publié ses états financiers de l'an dernier, au cours duquel la perte nette a été ramenée à 298 millions contre 828 millions en 2022. Les revenus ont totalisé 152 millions, après 97 millions, dont 31 millions pour le Quviviq. A la fin 2023, les liquidités ont fondu à 145 millions, après 255 millions à fin septembre.

Vontobel aimerait un plan

Pour 2024, l'entreprise s'attend à des dépenses de R&D autour de 165 millions et à une perte d'exploitation (US GAAP) de 340 millions, incluant l'apport unique de 125 millions du laboratoire Viatris, hors événements non prévus.

Vontobel prend note du retrait de M. Clozel de la direction générale, mais aurait aimé connaître le plan que doit mettre en oeuvre l'entreprise pour être plus durable et sur les deux produits sur lesquels elle a l'intention de se concentrer.

A la Bourse, l'action Idorsia a terminé en repli de 2,0% à 2,18 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,26%.

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