Entre 2014 et 2023, son chiffe d’affaires est resté parfaitement inchangé et ses marges se sont dégradées. En agrégat, la génération de cash fut négative ; au moins le groupe a-t-il judicieusement mis à profit ses cessions d’actifs pour se désendetter et distribuer un modeste dividende à ses actionnaires.

Il en aurait sans doute fallu davantage pour consoler ces derniers. En 2015, le canadien Potash Corp avait proposé d’acquérir K+S à une valorisation de €40 par action, mais à l’époque l’offre avait été jugée insuffisante par le conseil d’administration du groupe basé à Kassel.

Sa situation s’était passablement aggravée par la suite, avec une baisse des volumes et une érosion continue de l’EBITDA jusqu’à l’exceptionnel exercice 2022 — marqué par une explosion des prix suite à l’invasion de l’Ukraine — et avant une amélioration notable observée en 2023, grâce notamment à la neutralisation de la concurrence russe et biélorusse.

La tendance reste justement à l’amélioration sur le premier trimestre de l’année, avec un EBITDA qui reprend des couleurs et un cash-flow libre de €111 millions sur les trois premiers mois de l’année, soutenu entre autres par une demande en Europe et au Brésil toujours très forte.

Le premier trimestre est traditionnellement le meilleur de K+S. Le management prévient d’ailleurs que la performance sur la période de trois mois qui s’achève fut « extraordinairement bonne », et qu’elle ne pourra être reproduite sur les prochains trimestres.

On retiendra par ailleurs que la génération de cash devrait demeurer structurellement compressée sur les trois prochaines années à cause des investissements dans les sites de production de Werra en Allemagne et de Bethune au Canada. Naturellement, de nets gains de productivité sont attendus une fois que ces sites seront fonctionnels.

Les producteurs russes et biélorusses Uralkali et Belaruskali  devraient aussi revenir sur le marché mondial cette année, mais pas en Europe. Alors qu’ils y détenaient autrefois une part de marché cumulée d’au moins 40%, cette dernière s’est désormais réduite à 5%-6%.

K+S pense que sa position compétitive sur le Vieux Continent en ressort considérablement renforcée, et que la très bonne tenue de la demande mondiale permettra d’absorber la hausse de l’offre.