Introduit sur le marché britannique en 2010 à une valorisation de £400 millions, Superdry ne vaut désormais plus rien. Le groupe prévient qu’il doit être retiré de la coté et restructuré, sous peine de redressement judiciaire immédiat. 

Les fortunes se font et se défont vite dans la mode et le commerce de détail. Qu’on en juge sur l’historique à dix ans de Superdry. Entre 2013 et 2018, l’enseigne avait doublé son chiffre d’affaires et son profit d’exploitation. 

La descente aux enfers a commencé presque du jour au lendemain, et le retour aux commandes du charismatique fondateur Julian Dunkerton fin 2019 n’y avait rien changé. Ce dernier n’a pu inverser la tendance ; il s’est résolu à liquider ce qu’il pouvait pour payer les factures, sans enrayer le déclin. 

Ces mesures d’urgence ne pouvaient servir qu’à gagner du temps. La marque — autrefois omniprésente dans les rues européennes — a perdu son public et ne le regagnera pas. Résigné, Dunkerton annonçait hier sa volonté de privatiser le groupe avec le concours de ses créanciers Hilco and Bantry Bay.

L’annonce renvoie un net signal de détresse, puisqu’il y a un mois presque jour pour jour, Dunkerton déclarait qu’il ne ferait pas d’offre pour racheter le groupe qu’il a fondé trente-neuf ans plus tôt. Sa position trahissait de très hypothétiques espoirs de redresser l’enseigne, malgré ce qu’il décrivait comme sa « passion » pour cette « great British brand ». 

Les redressements dans la vente au détail sont extrêmement rares. Superdry ne fera a priori pas exception à la règle.