La Banque nationale de Belgique a demandé au gouverneur Pierre Wunsch de rester en fonction à titre temporaire après que son mandat a expiré lundi sans que le gouvernement ne parvienne à se mettre d'accord sur sa reconduction au sein du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne chargé de fixer les taux d'intérêt.

Les querelles politiques entre les principaux partis belges ont empêché la nomination de plusieurs hauts fonctionnaires au cours des dernières semaines. M. Wunsch, qui siège également au conseil d'administration de la Banque des règlements internationaux, est à ce jour la victime la plus médiatisée.

Le conseil de régence de la banque centrale a décidé de maintenir M. Wunsch en fonction à la demande du gouvernement, qui a déclaré qu'il souhaitait le conserver pour un nouveau mandat.

Le Conseil de régence a indiqué qu'il s'appuyait sur le principe de la continuité des services publics pour maintenir M. Wunsch, une solution qu'il a qualifiée de "sous-optimale".

Il n'est pas certain que cette mesure temporaire soit suffisante pour permettre à M. Wunsch de conserver son siège au conseil des gouverneurs de la BCE, où il a été l'un des premiers à mettre en garde contre l'apparition d'une inflation rapide.

Un porte-parole de la BCE s'est refusé à tout commentaire.

"Le Conseil de régence a répondu positivement à la demande du premier ministre et du ministre des finances et a demandé à M. Wunsch de continuer à exercer ses fonctions de gouverneur à titre temporaire jusqu'à ce que le gouvernement prenne une décision formelle sur sa reconduction", a déclaré la banque.

En adressant leur demande au Conseil de régence, le Premier ministre Alexander De Croo et le ministre des Finances Vincent Van Peteghem ont déclaré qu'ils avaient l'intention de reconduire M. Wunsch dans ses fonctions et ont promis que le gouvernement conclurait bientôt ses délibérations.

M. Wunsch, en poste depuis début 2019, a été l'un des premiers décideurs politiques de la BCE à prévoir une reprise de l'inflation, appelant à une politique monétaire plus stricte même lorsque la plupart des autres ont insisté sur le fait que la croissance rapide des prix était temporaire et qu'une politique monétaire souple restait appropriée.

L'histoire a donné raison à Wunsch, et la banque s'est lancée dans une série de hausses de taux sans précédent à la mi-2022, portant le taux de dépôt à un niveau record de 4 % après que l'inflation a culminé à plus de 10 %.

La banque se demande combien de temps les taux doivent rester aussi élevés et si des réductions de taux pourraient commencer vers le milieu de l'année, étant donné que les pressions sur les prix se sont atténuées. (Reportage de Balazs Koranyi ; Rédaction de Alison Williams, Ed Osmond et Barbara Lewis)