Ces propos vont à l'encontre des espoirs des autorités italiennes qui comptent désigner un repreneur avant les élections législatives prévues en mars.

"Tout en reconnaissant les importantes mesures qui ont été prises jusqu'à présent (...), nous sommes convaincus qu'il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant que Lufthansa soit en mesure d'entrer dans la prochaine phase de la procédure", écrit Carsten Spohr dans un courrier adressé au ministre italien de l'Industrie, Carlo Calenda.

Selon lui, la nouvelle compagnie aérienne restructurée devra avoir diminué en taille, tant au niveau des effectifs que de sa flotte.

Alitalia, qui n'a pas souvent dégagé de profits pendant ses 70 ans d'existence, a été placée sous administration spéciale l'année dernière après le rejet par les salariés d'une proposition visant à comprimer les effectifs et les salaires.

Le ministère italien de l'Industrie et la compagnie n'ont pas réagi dans l'immédiat.

Alitalia compte environ 9.200 salariés à temps plein et 1.600 autres placés au chômage technique avec l'appui de l'Etat.

Toute annonce d'un plan de suppressions d'emplois au sein de la compagnie aérienne, jadis symbole de la prospérité économique italienne de l'après-guerre, risquerait de devenir un sujet politiquement explosif avant les élections législatives.

Une source proche du dossier a pourtant déclaré que les administrateurs chargés de la gestion d'Alitalia espéraient ouvrir des négociations exclusives avec un repreneur dans un délai de quelques jours.

Lufthansa, le transporteur britannique à bas coûts easyJet et le fonds de capital-investissement américain Cerberus figurent parmi les sociétés ayant exprimé un intérêt pour la compagnie italienne.

Une source proche du dossier a déclaré en novembre à Reuters que Lufthansa proposait 250 millions d'euros pour reprendre l'essentiel de la flotte et la moitié des effectifs d'Alitalia.

Dans sa lettre, Carsten Spohr dit voir un "intérêt considérable" à une intégration d'Alitalia au sein du groupe Lufthansa tout en jugeant qu'il ne revient pas à ce dernier de restructurer la compagnie italienne.

"En conséquence, nous recommandons fortement et incitons en effet les administrateurs à commencer à mettre en oeuvre d'importantes mesures de restructuration qui seraient communes et bénéfiques à tous les repreneurs potentiels", écrit Carsten Spohr.

(Avec Agnieszka Flak; Claude Chendjou et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Ilona Wissenbach

Valeurs citées dans l'article : Deutsche Lufthansa AG, easyJet