Mais pourquoi diable Suez avait-elle jeté son dévolu sur la Lyonnaise ? Parce que le groupe avait été exproprié en 1956 par Nasser, non sans récupérer au passage un joli pécule pour les 12 ans restant à courir de sa concession. Pécule qu'il a fallu réinvestir. A partir de 1958, la Compagnie universelle maritime de Suez, rebaptisée Compagnie Financière de Suez, a commencé à prendre des participations dans d'autres entreprises. Elle a aussi créé la Banque de Suez, qui deviendra Indosuez, après son rapprochement avec la Banque d'Indochine en 1974. Nationalisée en 1982, privatisée en 1987, la Compagnie Financière de Suez fusionne finalement en 1997 avec la Lyonnaise des Eaux, avec pour ambition de devenir le leader mondial des services de proximité. A cette époque, les actifs financiers (Indosuez, Sofinco) sont en majorité cédés au Crédit Agricole. Suez apporte en dot les activités énergétiques de la Société Générale de Belgique, dont elle est l'actionnaire majoritaire depuis la fin des années 80. La SGB lui permettra, de haute lutte, de prendre le contrôle des deux fleurons belges de l'énergie, Tractebel et Electrabel.
GDF Suez sort de l'environnement
Finalement, au début des années 2000, Suez est bien devenu un leader mondial des services collectifs, avec des actifs dans la gestion des eaux, des déchets et dans l'ingénierie climatique et environnementale, plus dans la production et la distribution d'énergie. Comme beaucoup de conglomérats de cette époque, le groupe possède aussi des participations dans d'autres domaines, notamment les télécoms (le câbloopérateur Noos, ex-Lyonnaise Câble) ou la télévision (Suez a détenu plus du tiers du capital de M6).
Les derniers logos Suez
En 2006, Suez et Gaz de France se rapprochent, là encore après quelques péripéties. La fusion créant GDF Suez est officiellement consommée en 2008. A l'issue de cette opération, le groupe veut concentrer ses ressources sur l'énergie et décide de céder le contrôle de la branche environnement. Les actionnaires de GDF Suez vont ainsi recevoir 65% du capital de Suez Environnement. La maison-mère conserve 35% du tour de table. C'est ce reliquat légèrement dilué qui est toujours entre ses mains, puisque GDF Suez a depuis 2015 été rebaptisée Engie. La boucle est bouclée.