Au premier semestre, le solde de la balance commerciale de la chimie européenne a été déficitaire à hauteur de 5,6 milliards d'euros pour la première fois depuis que les statistiques existent. L'industrie européenne est tentée par des délocalisations aux Etats-Unis, où les coûts de l'énergie peuvent être jusqu'à dix fois inférieurs aux coûts européens.

Un déficit commercial historique
Depuis le mois de mars, les importations de produits chimiques sont supérieures aux exportations dans l'Union européenne. Au premier semestre, l'Europe a importé 5,6 milliards d'euros de produits de plus qu'elle n'en a exporté.
Le secteur dégageait en moyenne un excédent commercial de plus de 40 milliards de dollars par an. Cette évolution s'explique par une flambée des coûts de l'énergie, qui a pénalisé les acteurs européens alors que, dans le même temps, le recul du prix du transport a favorisé les importations depuis les Etats-Unis ou la Chine.
Plusieurs acteurs, comme le belge Solvay ou le français Arkema, ont néanmoins affiché de solides résultats grâce à une bonne répartition géographique de leur activité. Toutefois Solvay appelle les autorités européennes à s'adapter face aux défis de l'industrie en se dotant, de la même façon que les Etats-Unis, de sa propre politique d'incitation soutenant l'investissement. L'industrie est soumise à un triple défi : énergétique, digital et humain, avec un accompagnement professionnel et une formation adaptés.
Rien ne va plus pour la chimie allemande
La chimie allemande, très dépendante du gaz russe, est en difficulté. Suite à des ventes en berne dans le secteur automobile et une demande en recul dans la construction, la production est en baisse de 8,5 % en 2022, avec un chiffre d'affaires global en repli de 1,6 % à 63,1 milliards d'euros. La chimie de spécialité s'en sort mieux. En revanche le taux d'utilisation des capacités de production dans la chimie de base a nettement ralenti pour atteindre moins de 80 %. Le troisième secteur industriel allemand est tenté par la délocalisation vers les Etats-Unis, où les coûts de l'énergie sont bien moindres. Avec l'Inflation Reduction Act, les Etats-Unis ont mis en place un environnement approprié aux défis actuels.