BUENOS AIRES, 27 décembre (Reuters) - Le gouvernement argentin a annoncé mardi que l'amnistie fiscale avait déjà permis le rapatriement de 90 milliards de dollars (86,1 milliards d'euros) d'actifs, un résultat présenté comme "un succès extraordinaire" par le ministre des Finances, Alfonso Prat-Gay, dont le départ a été annoncé la veille.

Confrontées à une forte récession (l'activité économique a chuté de 4,7% sur un an en octobre selon les dernières statistiques disponibles), les autorités argentines espèrent que l'amnistie fiscale permettra de relancer la croissance et de doper les recettes fiscales.

Les investisseurs semblent y croire puisque les obligations d'Etat argentines et la Bourse de Buenos Aires étaient en nette hausse en réaction aux annonces de mardi sur les rapatriements de capitaux. Au lancement du projet, les observateurs estimaient que des rapatriements d'au moins 60 milliards de dollars constitueraient un succès.

On estime à plus de 400 milliards de dollars au total les avoirs non-déclarés déposés à l'étranger par des contribuables argentins. L'amnistie fiscale en vigueur jusqu'au 31 décembre permet de les rapatrier en s'acquittant d'une pénalité unique de 10% (réduite à 5% pour les biens immobiliers).

Les rapatriements resteront possibles jusqu'au 31 mars mais la pénalité passera à 15% le 1er janvier.

L'Argentine a signé la semaine dernière un accord de partage d'informations fiscales avec les Etats-Unis, un facteur qui a sans doute favorisé les rapatriements selon des juristes.

Lundi soir, l'Etat avait collecté au total 82 milliards de pesos (5,05 milliards d'euros) de pénalités dans le cadre de l'amnistie fiscale, l'équivalent de 1% de produit intérieur brut (PIB) , a précisé Alfonso Prat-Gay.

Ces recettes exceptionnelles devraient aider le gouvernement à atteindre son objectif d'un déficit budgétaire limité à 4,8% du PIB cette année en dépit de l'impact de la récession, a-t-il ajouté.

Alfonso Prat-Gay quittera ses fonctions à la fin de la semaine dans le cadre d'un remaniement annoncé lundi. Son départ a été justifié par des désaccords de méthodes et la nécessité d'une réorganisation du ministère des Finances.

(Luc Cohen et Maximiliano Rizzi; Marc Angrand pour le service français)