Buenos Aires (awp/afp) - L'inflation s'est établie à 13,2% en Argentine en février, après 20,6% en janvier, s'établissant à 276% sur un an, alors que le gouvernement ultralibéral Milei prédit un tournant décisif en avril.

L'indice des prix de février, publié mardi par l'Institut national de la statistique (Indec), poursuit une tendance au ralentissement. Il s'élevait encore à 25,5% en décembre.

En données corrigées sur les deux premiers mois de 2024, l'inflation de la troisième économie d'Amérique latine s'établit à 36,6%.

La présidence argentine s'est aussitôt félicitée de "la forte décélération" de février, estimant dans un tweet qu'elle couronnait "le résultat du travail du gouvernement pour imposer une forte discipline budgétaire".

Pour Javier Milei, au pouvoir depuis bientôt trois mois, la tendance est claire: "l'inflation est en train de s'effondrer", comme il l'a réaffirmé lundi, sous l'effet des mesures d'austérité de son gouvernement, en particulier les coupes dans la dépense publique.

Mais l'économiste-président "anarcho-capitaliste", comme il se décrit, considère pour autant que le mois de mars "sera très compliqué" en terme d'inflation, en partie pour des raisons saisonnières (époque de frais de rentrée scolaire notamment), tout en prédisant un tournant au-delà, avec une "forte chute de l'inflation en avril".

Entretemps, la dévaluation de 50%, les coupes budgétaires, les prix libérés, la fin des subventions (énergie, transports) asphyxient le pouvoir d'achat, dans un pays où la pauvreté se situe entre 40% (dernier chiffre officiel semestriel, en septembre) et 57% (selon un observatoire social respecté).

Le Fonds monétaire international, tout en saluant à plusieurs reprises les mesures de stabilisation entreprises, a recommandé la semaine dernière que "le poids de l'ajustement ne tombe pas de manière disproportionnée sur les plus vulnérables".

Pour le gouvernement, les indicateurs macroéconomiques virent au vert, les réserves de change se reconstituent, le taux de change parallèle (1.020 pesos pour un dollar) se stabilise non loin du taux officiel (894 pesos/1 dollar).

Au point que Milei envisage "en milieu d'année" de pouvoir lever le strict contrôle des changes qui pèse depuis 2019 sur les Argentins, avec un plafond d'achat de 200 dollars par mois, tournant qui marquera selon lui un redémarrage.

Mais pour l'heure c'est la "stagflation", dommage collatéral de la thérapie prédit par Milei lui-même.

L'économie argentine s'est contractée en 2023 de 1,6%, et devrait suivre une pente de récession en 2024, à -2,8% selon les dernières projections du FMI, avant une reprise en 2025.

afp/rp