Je vous rappelle le schéma basique qui est censé animer le cerveau reptilien des investisseurs actuellement. L'inflation se modère, la banque centrale peut baisser ses taux, l'argent va de nouveau affluer, les obligations montent, les actions montent. Hier, on a bien eu droit à l'inflation qui se modère en Europe, avec les chiffres préliminaires français et allemand plus favorables que prévu. Et on a bien eu une progression des obligations (et une baisse de leur rendement, puisque les deux fonctionnent de façon inversée). Par contre, les actions ont globalement baissé en Europe, à quelques exceptions près, comme cet agaçant OMX Copenhague et ses 2,3% de gains. Mais c'est pas du jeu parce que Novo Nordisk, qui pèse 15% de l'indice, a gagné 4%. Le laboratoire danois est pour l'instant le seul, avec l'américain Eli Lilly, à proposer des médicaments pour nous faire perdre notre gras.

Aux Etats-Unis, l'indice S&P500 est parti avec un handicap. Pas parce qu'il n'arrête pas de monter et que c'est pas du jeu et que du coup on doit le lester comme un cheval de tiercé. Mais plutôt parce qu'Alphabet, qui pèse autant que 15 Airbus réunis (la capitalisation de la société, pas ses avions), a publié des résultats décevants et s'est retrouvé en baisse de 7%. En ce moment, il vaut mieux éviter d'être estampillé "valeur de l'intelligence artificielle" et publier ric-rac, au risque de se prendre un gros coup de tatane dans la figure. Même Microsoft, qui a dépassé tout ce qu'il était possible de dépasser ou presque au niveau de ses résultats du T4 s'est retrouvé en baisse hier soir (merci Emilie d'ailleurs). Objectivement, on ne se fait pas trop de souci pour le groupe dans l'IA, d'autant qu'il n'est pas du genre à jeter l'argent par les fenêtres (Oh, mais quel excellent jeu de mot polyglotte !). Pour autant, Microsoft a perdu 2,7% à la cloche, mais toutes les grosses écuries technologiques ont rendu plus de 2%.

La baisse de Wall Street a été renforcée par la décision de la Fed sur ses taux hier soir. Ou plutôt par les commentaires entourant cette décision, puisque les taux sont restés inchangés, comme prévu. Les commentateurs ont qualifié le discours de Jerome Powell de modestly hawkish, ce qui signifie que le chef de la Fed était tout à fait en ligne avec ce qu'il était raisonnable d'attendre de sa part : positif, mais pas trop, sur l'évolution de l'économie et des taux. Une position un peu plus ferme que ce que les investisseurs espéraient, tout en sachant très bien qu'ils n'auraient pas ce qu'ils espéraient. Eh oui, c'est complexe un investisseur. Powell a assez élégamment écarté le principal fantasme du marché, une baisse de taux dès le mois de mars, en déclarant "Je ne pense pas qu'il soit probable que le comité atteigne un niveau de confiance suffisant d'ici à la réunion de mars". La teneur de ses autres commentaires pousse les gens raisonnables à envisager cette première baisse de taux en juin. Donc les investisseurs parient sur mai. Eh oui, c'est complexe un investisseur. L'outil FedWatch du CME, qui fournit une probabilité d'évolution des taux fondée sur les contrats à terme, nous enseigne ce matin que l'éventualité d'une baisse de taux en mars n'est plus que de 35,5% (ce qui reste considérable au regard des déclarations de Powell, mais bon…), tandis qu'elle atteint 94% en mai.

La réaction du marché action américain hier n'est pas très surprenante. Celle du marché obligataire l'est un peu plus. Le rendement du 10 ans a chuté de plus de 10 points malgré le ton modestly hawkish de la Fed. C'est essentiellement à cause de ce que j'expliquais au-dessus. Les investisseurs voulaient une baisse de taux en mars mais savaient que ça n'interviendrait probablement pas. Les déclarations de Powell sont donc sans surprise et le marché tient toujours son scénario de baisse de taux dans un avenir proche. Mars aurait été mieux, mais mai ou juin restent du court terme. Certains commentateurs notent aussi que le marché obligataire a progressé par un jeu de vases communicants avec les actions qui baissaient déjà avant la communication de la Fed, un mouvement qui aurait pu être accentué par le petit regain de prudence lié aux pertes surprises de la New York Community Bancorp, dont le cours s'est effondré hier. NYCB est la banque régionale qui a repris les actifs de Signature Bank, donc sa fragilisation fait désordre et réveille les démons du début de l'année 2023, lorsque plusieurs petites banques américaines avaient coulé.

Le reste de l'actualité est toujours dominé par la densité des publications de résultats d'entreprises, avec du beau monde en Europe ce matin, notamment BNP Paribas, Roche, Sanofi, Shell et beaucoup d'autres. Apple, Amazon et Meta tenteront de remettre de l'ordre dans la tech américaine après la clôture de Wall Street ce soir. Sur l'agenda macro, les indicateurs PMI animeront la séance, avec de nouvelles statistiques sur l'emploi aux Etats-Unis dans l'après-midi. Sans oublier la décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux à la mi-journée.

En Asie Pacifique, le Japon et l'Australie ont bouclé la séance en baisse marquée. La Corée du Sud se réveille après une lourde baisse en janvier : le KOSPI démarre son mois sur un gain de 1,7%. L'Inde stagne et la Chine tente de se redresser. Le Hang Seng prend 0,7% en cours de séance. Les indicateurs avancés européens sont baissiers, car les replis étaient plus contenus qu'aux Etats-Unis hier soir. Le CAC40 perd 0,9% à l'ouverture, à 7586 points, plombé par BNP Paribas et Dassault Systèmes. Le SMI perd 0,9% à 11236 points. Le Bel20 est en baisse de 0,8% à 3633 points.

Les temps forts économiques du jour

Le marché prendra connaissance de la seconde estimation des PMI manufacturiers de janvier. A priori, ils seront faiblards en Europe et un poil meilleur aux Etats-Unis. On aura aussi droit à l'inflation de la zone euro en janvier (11h00) à une décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux (13h00). Outre-Atlantique, il y aura aussi les chiffres des licenciements de l'étude Challenger (13h30), les nouvelles demandes d'allocations de chômage (14h30), la productivité hors agriculture et le coût unitaire de la main d'œuvre (14h30), les dépenses de construction (16h00) et l'ISM Manufacturier (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro recule légèrement à 1,0805 USD. L'once d'or remonte à 2044 USD. Le pétrole a perdu du terrain hier, avec un Brent de Mer du Nord à 80,61 USD le baril et un brut léger américain WTI à 76,09 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans baisse à 3,94%. Le bitcoin s'échange à 43 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 220 à 200 EUR. Wedbush maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 176 à 150 EUR.
  • Bonesupport Holding : Bryan Garnier & Co. démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 280 SEK.
  • Bytes Technology Group : HSBC passe de acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 6.25 GBP à 6.75 GBP.
  • Ceres Power Holdings : Liberum reprend la couverture avec une nouvelle recommandation d'achat et un objectif de cours réduit de 1460 GBX à 500 GBX.
  • Compagnie Financiere Richemont : HSBC passe de acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 138 CHF à 141 CHF.
  • Diageo : Morningstar passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 148 à 157 USD.
  • Easyjet : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 5,20 GBP à 6,90 GBP.
  • Eiffage : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 115 à 120 EUR.
  • Enel : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 7 EUR à 6,50 EUR.
  • ITM Power : Liberum reprend la couverture avec une nouvelle recommandation d'achat et un objectif de cours réduit de 641 GBX à 120 GBX.
  • Mandatum : OP Corporate Bank passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours relevé de 4,30 EUR à 4,50 EUR.
  • Next : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 82,50 GBP à 85 GBP.
  • Philips : Zacks passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 27 USD à 23 USD.
  • Pihlajalinna : La banque SEB passe de vendre à conserver avec un objectif de cours relevé de 7,20 EUR à 7,40 EUR.
  • Publicis Groupe : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 88 à 103 EUR.
  • Rémy Cointreau : Morgan Stanley maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours réduit de 95 à 87 EUR.
  • Seb : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation accumuler avec un objectif de cours réduit de 136 à 134 EUR. Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 128 à 135 EUR.
  • Sodexo : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 115 à 89 EUR.
  • Stellantis : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 38 à 32 EUR.
  • Technip Energies : Morgan Stanley maintient sa recommandation surpondérer avec un objectif de cours réduit de 25,40 à 25 EUR.
  • Vinci : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 130 à 136 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • BNP Paribas dégage plus de 11 Mds€ de bénéfices en 2023, mais sous les attentes, en revoit en baisse ses objectifs 2025.
  • Dassault Systèmes vise une croissance de son chiffre d'affaires entre 8% et 10% en 2024, a priori un peu en-deçà des attentes. Par ailleurs, le groupe annonce le déploiement de son offre chez BMW.
  • Sanofi publie des résultats du T4 grevés par la faiblesse du dollar et la concurrence des génériques.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de voitures neuves ont progressé de 9,2% en janvier en France, selon la PFA.
  • TotalEnergies signe un accord en vue d’acquérir les actifs amont gaziers d’OMV en Malaisie.
  • Canal+ (Vivendi) rachète le sud-africain Multichoice.
  • Pluxee (Sodexo) entre en bourse ce matin. Qu'en pense Adrien, le plus Stéphanois des Lyonnais de Zonebourse ? Réponse ici.
  • Arkema achève l’augmentation de 40 % de sa capacité de production mondiale d'élastomères Pebax.
  • Eiffage signe un contrat de rénovation de plus de 92 M€ à Paris.
  • Sofina réduit ses parts dans GL Events sur la base d'un prix de 18,40 EUR l'action (vs 19,94 EUR hier soir).
  • Neoen lance la construction de Isbillen Power Reserve en Suède.
  • Forsee Power fournira un système de batterie pour la chaîne de traction de camion de classe 7 de BAE Systems en Amérique du Nord.
  • Medincell indique que Teva vise 80 M$ de revenus pour Uzedy cette année.
  • Hopscotch augmente son capital et rachète Interface Tourism.
  • Wedia confirme la cession de sa participation dans la société Galilée.
  • Lhyfe et SAF+ signent un protocole d’accord pour décarboner l’industrie aéronautique à partir d’hydrogène vert.
  • Exail obtient un contrat de 28 M€ aux Émirats arabes unis.
  • Les principales publications du jour :Synergie, Kaufman, Voltalia, Infotel, Figeac Aero, Groupe Berkem, Obiz, Alchimie, Sogeclair, Bonduelle...

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • ABB vise une croissance de 5% de son chiffre d'affaires en 2024 après avoir dépassé les attentes au quatrième trimestre.
  • AB Volvo, qui a annoncé des résultats du T4 légèrement meilleurs que prévu, va cesser de financer Polestar.
  • Adidas prévient que son EBIT 2024 sera significativement moins élevé que prévu.
  • Deutsche Bank publie sous les attentes au T4 et annonce 1,6 Md€ de rachats d'actions et de dividende.
  • Glencore a communiqué des chiffres en baisse pour sa production de cuivre, de nickel et de cobalt en 2023 et signale de nouvelles baisses pour le nickel et le cobalt cette année.
  • ING publie un bénéfice au quatrième trimestre qui dépasse les estimations. Le revenu total devrait baisser en 2024.
  • Qualcomm varie peu post-séance après ses résultats.
  • Roche publie un chiffre d'affaires 2023 en baisse de 7% à 58,7 MdsCHF.
  • Shell le bénéfice 2023 chute de 30% à 28 Mds$. Les rachats d'actions sont prolongés.
  • Siemens Healthineers publie des ventes du T1 fiscal qui dépassent les prévisions grâce à la solidité de la filiale Varian.
  • Siltronic subit une baisse de 16% de ses revenus 2023, conformément aux prévisions.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures