Paris (awp/afp) - Le marché de la dette s'est tendu mercredi, les investisseurs se montrant moins craintifs face aux incertitudes commerciales, économiques ou politiques et délaissant du même coup les actifs obligataires refuges.

"Il y a des signes positifs sur le Brexit ainsi que les négociations commerciales et les investisseurs s'en contentent à ce stade", a résumé auprès de l'AFP Henrietta Pacquement, responsable obligataire chez Wells Fargo AM.

Boris Johnson a dépêché son ministre du Brexit à Bruxelles pour des discussions de la dernière chance jeudi au moment où le négociateur en chef de l'Union européenne juge "très difficile" mais encore "possible" de parvenir à un accord.

Côté commercial, des informations de presse ont fait état des intentions de la Chine de parvenir à un accord partiel avec les États-Unis.

Au-delà de la séance du jour, le marché obligataire reste "plutôt positionné pour affronter une dégradation, tandis que les indices boursiers sont plus optimistes", a noté Mme Pacquement.

Selon l'experte, "les thèmes majeurs restent les mêmes ces derniers temps, à commencer par des craintes au sujet de la croissance mondiale après des chiffres américains mitigés et très fragiles en Allemagne".

Les investisseurs sont en outre "en train de réaliser que l'incertitude dans les discussions commerciales sino-américaines a plus d'impact que prévu", notamment "du fait des incertitudes qui conduisent nombre d'entreprises à mettre leurs projets en attente".

Le symbole grec

"L'accord qui tarde à venir sur le Brexit offre également un soutien au marché, même si pour le moment, c'est surtout la livre sterling qui joue les baromètres" de l'humeur, a-t-elle ajouté.

Autant d'éléments qui jouent globalement en faveur du marché de la dette et dont le passage du taux d'emprunt à trois mois de la Grèce en territoire négatif constitue un symbole, a souligné la spécialiste de Wells Fargo AM.

La Grèce a en effet annoncé mercredi avoir emprunté 487 millions d'euros à trois mois à un taux négatif (-0,02%) pour la première fois.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne (Bund) s'est tendu, à -0,552% contre -0,597% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le mouvement a été similaire pour celui de la France à -0,223% contre -0,262%, tout comme pour celui de l'Espagne à 0,145% contre 0,117% et celui de l'Italie à 0,866% contre 0,840%.

Celui de la Grèce a reculé à 1,395% contre 1,416%.

Au Royaume-Uni, le taux d'emprunt à 10 ans est remonté à 0,457% contre 0,413%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans progressait à 1,572% contre 1,529%, à l'instar de celui à 30 ans à 2,075% contre 2,029%. Le taux à deux ans s'affichait pour sa part à 1,446%, contre 1,419%.

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