Brasilia (awp/afp) - La Banque centrale du Brésil (BCB) devrait maintenir mercredi son taux directeur à son plancher historique de 6,5%, à l'occasion de la dernière réunion de son comité de politique monétaire avant l'investiture du président élu d'extrême droite Jair Bolsonaro, prévoient les analystes.

Principal outil de lutte contre l'inflation, le taux directeur se situe à ce niveau depuis le mois de mars, après de nombreuses baisses successives.

D'après les analystes consultés par l'enquête hebdomadaire Focus de la BCB, il ne devrait être relevé qu'en 2019, pour atteindre 7,5% (contre 8% selon les prévisions du mois dernier).

"Le contexte actuel est si incertain et complexe que le maintien du taux directeur semble être la meilleure solution", explique à l'AFP Jason Vieira, du cabinet de consultants Infinity Assets.

Selon lui, la faible croissance conjuguée à une inflation maîtrisée pourrait justifier une nouvelle réduction du taux. Mais les tensions internationales et les incertitudes quant aux capacités du gouvernement Bolsonaro à mettre en oeuvre les réformes réclamées par les marchés incitent à la prudence.

Jair Bolsonaro, 63 ans, a nommé à la tête d'un "super ministère" de l'Économie l'ultra-libéral Paulo Guedes, qui a promis une cure d'austérité et un vaste plan de privatisations pour tenter de résorber une dette abyssale.

Cette politique d'austérité a déjà été mise en place par l'équipe du président actuel de centre-droit Michel Temer, qui n'est toutefois pas parvenu à faire approuver l'épineuse réforme des retraites.

L'équipe du président élu souhaitait maintenir Ilan Goldfajn aux commandes de la politique monétaire du pays. Mais ce dernier, à la tête de la BCB depuis juin 2016, a indiqué qu'il quitterait son poste à la fin de l'année pour raisons personnelles.

Il sera remplacé par Roberto Campos Neto, 49 ans, haut cadre de la banque Santander pour les Amériques et petit-fils de Roberto Campos, considéré comme un des principaux chantres du libéralisme économique au Brésil.

En 2019, "nous aurons la même politique économique, avec un nouveau président. L'équipe de la Banque centrale sera pratiquement la même", estime Jason Vieira.

Les prix à la consommation ont reculé de 0,21% au Brésil en novembre par rapport à octobre. Sur un an, les prix ont augmenté de 4,05%, légèrement en deçà de l'objectif de 4,5% fixé par le gouvernement, avec un plancher à 3%.

Les marchés tablent sur une inflation de 3,71% sur toute l'année 2018, contre 2,95% en 2017, quand le Brésil entamait une timide sortie de crise, avec 1% de croissance après deux ans de récession, le PIB s'étant contracté de 3,5% en 2015 comme en 2016.

Les analystes consultés par l'enquête Focus tablent sur une croissance de 2,53% en 2019, avec une inflation à 4,07%.

afp/rp