PARIS, 31 décembre (Reuters) - La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a ordonné lundi la remise à la Cour pénale internationale (CPI) de Patrice-Edouard Ngaïssona, soupçonné d'avoir dirigé les milices chrétiennes et animistes "antibalaka" en République centrafricaine, a-t-on appris de source judiciaire.

L'homme avait été arrêté par les autorités françaises le 12 décembre dernier à son arrivée à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle en provenance de Bangui sur mandat d'arrêt décerné contre lui par la CPI de La Haye.

"La chambre de l'instruction a rendu ce jour sa décision ordonnant sa remise. Cette décision est susceptible d'un pourvoi", dit la source judiciaire.

Elle précise en outre que "grâce à la coopération spécifique développée entre le pôle 'crimes contre l'humanité et crimes de guerre' du parquet de Paris et la CPI, une perquisition fructueuse a pu être réalisée au domicile français de l'intéressé".

La CPI a délivré le 7 décembre 2018 à l'encontre de Patrice-Edouard Ngaïssona un mandat d'arrêt "pour sa responsabilité pénale présumée de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité qui auraient été commis dans l'ouest de la République centrafricaine entre au moins le 5 septembre 2013 et au moins décembre 2014".

La Centrafrique a basculé dans la violence en mars 2013 avec l'arrivée au pouvoir des rebelles musulmans de la Séléka et la contre-offensive des milices antibalaka. L'intervention de la France en décembre 2013, dans le cadre de l'opération Sangaris, puis le déploiement des casques bleus de l'Onu ont permis d'enrayer le cycle de représailles.

Patrice-Edouard Ngaïssona, qui nie toute implication dans les violences, a été élu en février au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), malgré les objections de mouvements de défense des droits de l'homme tels que Human Rights Watch. (Emmanuel Jarry et Elizabeth Pineau, édité par Tangi Salaün)