"Faire des affaires avec la Russie va devenir quelque chose de moins en moins politiquement correct et raisonnable. Au contraire, le risque en terme de réputation s'amplifie au-delà du risque géopolitique lié au conflit et du risque économique lié aux sanctions", note auprès de l'AFP Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques).

Note importante : cette liste est non exhaustive et peut faire l'objet de mise à jour. Notez que vous retrouverez dans celle-ci des sociétés qui poursuivent leurs activités mais suspendent tout investissement dans le pays.


Energie : 

BP PLC : BP PLC a annoncé son désengagement du géant russe Rosneft dans lequel elle détient une participation de 19,75%. Le gouvernement britannique a immédiatement salué la décision d’arrêt des activités en Russie. "La décision de sortir de Rosneft coûtera très cher à BP, mais le conseil d'administration, sous le choc, a clairement senti qu'il n'avait d'autre choix que de payer le prix fort et de distancer ses activités de l'agression russe", commentait alors Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Shell PLC : Shell va transférer les bénéfices générés par le pétrole russe à un fonds destine à fournir une aide humanitaire à l'Ukraine.

Exxon : Le producteur de pétrole a déclaré qu’il avait entamé le processus d’arrêt des operations et de retrait de la société Sakhalin-1. L'entreprise américaine gère ce projet depuis 1995 au nom d'un consortium comprenant des filiales de l'entreprise russe Rosneft, une société indienne et une compagnie japonaise, et en possède 30%. Mais "en réponse aux événements récents" le groupe a entamé "le processus d'arrêt des activités" et prend des mesures pour en sortir "progressivement". "Au vu de la situation actuelle", il a aussi choisi de ne plus investir dans de nouveaux projets en Russie.

Fortum : Fortum a arrêté tous les nouveaux projets d'investissement en Russie suite à l'attaque du pays contre l'Ukraine, a déclaré jeudi le président et directeur général Markus Rauramo. La société finlandaise d'énergie, avec son unité Uniper (UN01.F), détient 12 centrales électriques en Russie avec une capacité combinée de production d'électricité de 15,5 gigawatts et une capacité de production de chaleur de 10,2 gigawatts. Rauramo a déclaré que toutes les opérations de la société fonctionnaient normalement, ajoutant qu'elle continuera à réduire son exposition thermique en Russie.

Technip energies : "Nous avons cessé de travailler sur toute nouvelle opportunité commerciale en Russie et sommes confiants dans la solidité de l'activité globale et diversifiée de Technip Energies", a-t-il ajouté, précisant que le groupe évaluait en permanence l'impact de la crise. Technip Energies a chiffré qu'à fin décembre, environ 3,8 milliards d'euros ou 23% du carnet de commandes étaient liés à des projets en cours d'exécution en Russie, et seront impactés par la crise actuelle. L'exécution de ce carnet de commandes est programmée sur une période de cinq ans entre 2022 et 2026, a précisé le groupe.

OMV : OMV a annoncé renoncer à acheter des parts dans un projet avec Gazprom en Russie. "Le Conseil d'administration a décidé de ne pas poursuivre les négociations avec Gazprom sur l'acquisition potentielle d'une part de 24,98% dans les blocs 4 et 5 des champs d'Achimov" situés en Sibérie, dans l'un des plus importants gisements de gaz au monde, a annoncé le groupe dans un bref communiqué sans détailler les raisons. L'accord, qui avait été signé en 2018 pour un montant de 905 millions d'euros et avait ensuite subi des déconvenues, est donc résilié. OMV "va également revoir sa participation" dans le controversé gazoduc Nord Stream 2, construit mais abandonné par l'Allemagne et sanctionné par les Etats-Unis.

Eni : Le porte-parole de la société Eni a annoncé que le groupe se retirerait de l'entreprise à l'origine du gazoduc Blue Stream qui relie la Russie à la Turquie par la mer Noire. Eni détient une participation de 50 % dans l'entreprise Blue Stream.


Consommation cyclique : 

WPP : WPP a annoncé qu'il mettait fin à ses activités en Russie, une décision qui aura un impact sur près de 1 400 employés dans le pays. La Russie représentait 0,6 % du chiffre d'affaires de l'entreprise, moins les coûts indirects, en 2021, a-t-il précisé. WPP a déclaré que son conseil d'administration avait conclu que sa "présence continue en Russie serait incompatible avec nos valeurs en tant qu'entreprise".

Puma : L'équipementier sportif allemand Puma a annoncé la fermeture provisoire de tous ses magasins en Russie, après d'autres enseignes vestimentaires comme l'espagnol Inditex, propriétaire de Zara. La marque au couguar compte aujourd'hui "plus de 100 points de vente" en Russie, selon une porte-parole. Son chiffre d'affaires y représente "moins de 4% du total" consolidé qui s'est élevé à 6,8 milliards d'euros en 2021.

Adidas : Adidas a suspendu le parrainage de ses kits avec la fédération russe de football avec effet immédiat après l'invasion de l'Ukraine par ce pays, a rapporté The Independent.

Hermes, LVMH et Kering : Hermès, LVMH et Kering ont annoncé fermer temporairement leurs magasins en Russie.

Nike : Nike a annoncé qu'il allait fermer temporairement tous ses magasins en Russie.

Ford : Ford a décidé de suspendre sa participation à une co-entreprise fabriquant des camionnettes Transit dans le pays.

Toyota : Le groupe Toyota a annoncé mercredi qu'il interrompait sa production en Russie à partir de vendredi jusqu'à nouvel ordre, invoquant des difficultés à obtenir les fournitures dont il a besoin. Le constructeur japonais fabrique la berline Camry et les modèles RAV4 dans son usine de Saint-Pétersbourg et produit jusqu'à 80.000 véhicules par an. La plupart des voitures sont vendues en Russie, mais un petit volume est exporté au Kazakhstan, en Arménie et au Belarus, a indiqué la société. Toyota a également prévenu qu'il cesserait de vendre des véhicules importés en Russie. Entre les véhicules produits dans le pays et ceux qu'il importe, le constructeur écoule environ 120.000 voitures par an en Russie, a déclaré un porte-parole de Toyota. Mercedes-Benz, Hyundai, Ford, Renault et BMW ont également fermé des usines en Russie.

General Motors Company : General Motors a cessé jusqu'à nouvel ordre ses exportations de voitures vers la Russie.

Walt Disney : Disney et WarnerMedia ont suspendu la sortie de leur prochain film dans les salles de cinéma en Russie, dont le prochain Alerte rouge de Pixar et le dernier Batman.

Levi Strauss & Co : La société suspend toutes ses activités en Russie.

Starbucks, Pepsi, Coca-Cola et McDonald's : Starbucks a déclaré qu'il fermait ses cafés et suspendait l'ensemble de ses activités en Russie, tandis que Coca-Cola et Pepsi ont annoncé l'arrêt temporaire des ventes de leurs boissons dans le pays, des décisions survenant à la suite de l'invasion de l'Ukraine. De nombreux groupes occidentaux ont adopté une position similaire, dont McDonald's, un symbole fort alors que le géant de la restauration rapide était devenu un étendard du capitalisme américain florissant après la chute de l'union soviétique. Pepsi, dont les sodas furent parmi les rares produits occidentaux autorisés en Union soviétique avant la chute de celle-ci, a indiqué qu'il continuerait de vendre en Russie ses produits de première nécessité, tels que le lait. Starbucks a fait savoir pour sa part que la firme Alshaya, basée au Koweït et qui gère plus d'une centaine de cafés du groupe en Russie, soutiendrait les quelque "2.000 partenaires en Russie qui dépendent de Starbucks pour subsister". Coca-Cola a déclaré que ses opérations en Russie et en Ukraine ont contribué l'an dernier à environ 1%-2% de son revenu d'exploitation.


Technologies : 

Apple : Apple a annoncé avoir suspendu la vente de tous ses produits en Russie après avoir arrêté les exportations vers le pays. Le fabricant des téléphones iPhone, des ordinateurs Mac et des tablettes iPad a aussi limité certains services comme sa solution de paiements Apple Pay et retiré de son magasin en ligne AppStore les applications des médias d'Etat russes RT et Sputnik.

Intel : Intel annonce suspendre toutes ses livraisons aux clients russes et biélorusses, et condamne l'invasion de l'Ukraine par la Russie. "Nous travaillons pour soutenir tous nos employés et en particulier ceux qui ont des liens étroits avec cette région", indique la société qui assure avoir récolté 1,2 million de dollars via une campagne de dons pour les secours dans la région. "Nous continuerons à nous tenir aux côtés du peuple ukrainien et de la communauté mondiale pour demander la fin immédiate de cette guerre et un retour rapide à la paix", conclut la firme.

Microsoft : Le géant américain de l'informatique Microsoft a annoncé suspendre les "nouvelles ventes" de ses produits et services en Russie, rejoignant la longue liste des entreprises se désengageant au moins temporairement du pays après l'invasion russe de l'Ukraine. "Comme le reste du monde, nous sommes horrifiés, outrés et attristés par les images et les informations qui nous parviennent de la guerre en Ukraine et condamnons cette invasion injustifiée, non provoquée et illégale par la Russie", a déclaré Brad Smith, le président de Microsoft dans un communiqué. L'entreprise n'a pas précisé ce qu'elle entendait précisément par le terme "nouvelles ventes", notamment si elle comptait retirer des magasins russes ses produits invendus. Sollicitée par l'AFP, elle n'a pas souhaité se prononcer sur la possibilité que les produits en stock en magasin continuent d'être vendus.

SAP : SAP a déclaré qu'elle allait cesser ses activités et interrompre toutes les ventes de ses services et produits en Russie en raison de l'invasion en cours de l'Ukraine. Le géant allemand du logiciel a ajouté qu'il soutenait pleinement toutes les sanctions prises à ce jour et qu'il était en contact étroit avec divers gouvernements dans le monde.

Airbnb : Le directeur général de la société de location de vacances, Brian Chesky, a déclaré dans un message sur Twitter qu'Airbnb suspendait toutes ses activités en Russie et au Belarus, qui ont fait l'objet de sanctions et de condamnations pour l'attaque. Plus tôt dans la semaine, M. Chesky a annoncé sur Twitter que l'entreprise fournirait gratuitement des logements temporaires à un maximum de 100 000 réfugiés ukrainiens dans les pays voisins, financés par elle-même, par des donateurs et par des hôtes via Airbnb.org.

Prosus : “Notre principale préoccupation est le bien-être de nos employés et nous continuons à soutenir tous nos collaborateurs dans la région.” En raison des sanctions imposées aux entités russes, dont le PDG et les actionnaires indirects de VK Group, Prosus encourage et demande “à ses administrateurs au sein du conseil d'administration de VK de démissionner de leurs fonctions.”

Cisco Systems : Selon MarketWatch, le PDG de Cisco Systems a indiqué dans une lettre au personnel que l'entreprise cessait toutes ses activités en Russie et au Belarus et qu'elle allait "se concentrer sur le soutien de ses employés, clients et partenaires ukrainiens".

Accenture : Accenture plc se tient aux côtés du peuple ukrainien et des gouvernements, entreprises et individus du monde entier qui demandent la fin immédiate de l'attaque illégale et horrible contre le peuple ukrainien et sa liberté. Par conséquent, Accenture plc met fin à ses activités en Russie.

Visa : Visa a annoncé vouloir suspendre ses activités en Russie. Visa travaillera avec ses clients et partenaires en Russie pour cesser toutes les transactions Visa au cours des prochains jours. Une fois l'opération terminée, toutes les transactions initiées avec des cartes Visa émises en Russie ne fonctionneront plus en dehors du pays et toutes les cartes Visa émises par des institutions financières en dehors de la Russie ne fonctionneront plus dans la Fédération de Russie. "Nous regrettons l'impact que cela aura sur nos collègues, ainsi que sur les clients, partenaires, commerçants et titulaires de cartes que nous servons en Russie." a déclaré Al Kelly, Directeur Général de Visa.

Mastercard : Le groupe indique que cette décision découle de la récente action visant à bloquer l'accès de plusieurs institutions financières au réseau de paiement Mastercard, comme l'exigent les autorités de réglementation au niveau mondial. Avec cette action, les cartes émises par les banques russes ne seront plus prises en charge par le réseau Mastercard, quel que soit l'endroit où elles sont utilisées - à l'intérieur ou à l'extérieur de la Russie. De plus, toute carte Mastercard émise en dehors du pays ne fonctionnera pas chez les commerçants ou aux guichets automatiques russes. Mastercard opère en Russie depuis plus de 25 ans. ' Nous avons près de 200 collègues là-bas qui rendent cette entreprise si essentielle pour de nombreuses parties prenantes. Alors que nous prenons ces mesures, nous continuerons à nous concentrer sur leur sécurité et leur bien-être, notamment en continuant à leur verser un salaire et des avantages ' indique le groupe.

American Express : American Express a annoncé la suspension de ses activités en Russie et au Belarus, suivant l'exemple de Visa et Mastercard. Les cartes American Express émises dans le monde entier ne fonctionneront plus chez les commerçants ou aux guichets automatiques en Russie. De plus, les cartes émises localement en Russie par des banques russes ne fonctionneront plus en dehors du pays sur le réseau mondial American Express. La société de paiement a également suspendu toutes ses opérations commerciales en Biélorussie.

Netflix : Le spécialiste américain de la vidéo en streaming Netflix a suspendu son service en Russie, tandis que le réseau social TikTok a annoncé suspendre dans ce pays la possibilité de publier de nouvelles vidéos. Les deux groupes rejoignent ainsi de nombreuses autres entreprises du secteur des médias et de la technologie qui ont décidé de se retirer de Russie après l'invasion de l'Ukraine.


Valeurs industrielles :

Airbus : Airbus a suspendu ses services d'assistance aux compagnies aériennes russes ainsi que la fourniture de pièces détachées, "conformément aux sanctions internationales en vigueur".

Boeing : Le groupe a annoncé qu'il allait suspendre ses services opérationnels aux compagnies aériennes russes (pièces détachées, maintenance et soutien technique) ainsi que des "opérations majeures" à Moscou. L'entreprise a aussi fermé temporairement son bureau à Kiev. "Alors que le conflit se poursuit, nos équipes se concentrent sur la sécurité de nos co-équipiers dans la région", a souligné Boeing dans un message transmis à l'AFP. Cette décision pourrait notamment rapidement poser problème à la compagnie Aeroflot, qui selon son site internet compte 59 appareils Boeing dans sa flotte.

Alstom : L'équipementier ferroviaire Alstom a annoncé avoir suspendu ses livraisons vers la Russie ainsi que ses investissements futurs dans le pays. "Le groupe se conformera évidemment à toutes les sanctions et à toutes les lois applicables et a décidé de suspendre toute livraison vers la Russie", a-t-il indiqué dans un communiqué. La société a également décidé de suspendre tout investissement futur dans le pays. Alstom a aussi indiqué avoir cessé temporairement les discussions avec UZ, l'exploitant du réseau ferroviaire ukrainien, concernant un projet de partenariat pour la fourniture de locomotives et des services de maintenance associés. Alstom détient par ailleurs une participation de 20% dans l'équipementier ferroviaire russe Transmashholding. L'entreprise a assuré n'avoir aucun lien commercial et opérationnel avec cette entreprise. Alstom réévaluera la valeur comptable de cette participation lors de la clôture de son exercice financier 2021-2022, qui s'achèvera fin mars.


Consommation non-cyclique :

Danone: Le groupe agroalimentaire a annoncé qu'il poursuivait ses activités en Russie où il réalise 5% de ses revenus et emploie 8 000 salariés, mais a précisé qu'il suspendait pour le moment tout investissement dans le pays. La société maintient, pour l'instant, son activité de production et de distribution de produits laitiers frais et de nutrition infantile, "afin de répondre aux besoins alimentaires essentiels des populations civils".