Technoprobe :

Technoprobe a rejoint le monde du côté en février 2022. Doté d’un actionnariat stable, détenu à 79,2% par la famille Crippa, cette entreprise de Lombardie est spécialisée dans le développement et la fabrication de cartes à sondes. Pour s’assurer que les semi-conducteurs fonctionnent, ils doivent être testés. C’est là qu'interviennent les précieuses cartes à sondes de Technoprobe. Pour faire simple, une carte à sonde est faite d’aiguilles extrêmement fines (on parle en centièmes de millimètres) qui touchent les bornes des semi-conducteurs et qui, par un signal électrique, se connectent à un testeur. 

Technoprobe est numéro deux mondial sur un marché d’1,65 milliard de dollars. qui va croître de 12,8% par an à horizon 2027 (source : site Technoprobe). En 2021, la part de marché de l’entreprise était de 28% contre 26% un an plus tôt. La firme est bien positionnée puisque les barrières à l’entrée pour d’éventuels nouveaux concurrents sont fortes :  les coûts de recherches et de développement sont très élevés (Technoprobe dispose de 4 sites de R&D) et les processus d’approbation pour exercer sont longs à obtenir. 

Le chiffre d’affaires affiche une croissance de 30% par an entre 2018 et 2021, pour s’établir à 392 millions d’euros l’année dernière. Cette dynamique est supérieure à celle du marché. La marge nette ressort au niveau élevé de 30% en 2021, soit 119 millions d’euros. Enfin, l’entreprise, non-endettée, a levé 645 millions d’euros lors de son introduction en bourse pour répondre à ses besoins d’investissement, qui sont élevés dans cette industrie. Technoprobe n’a pas chiffré de plan à moyen terme mais a confirmé ses objectifs pour la fin d’année 2022, à savoir un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros et une marge d’EBITDA de 44%.

 

Evolution du chiffre d’affaires de Technoprobe entre 2015 et 2021

La capitalisation de Technoprobe est plus de deux fois supérieure à celle de son concurrent américain FormFactor en raison des marges de l’entreprise italienne, qui sont les plus élevées du marché. Pour autant, la valorisation est inférieure pour Technoprobe : son PER ressort à 26 pour cette année contre 35 pour FormFactor. Le titre de la société italienne s’est adjugé 11,5% depuis son introduction en bourse en février dernier. 

Technoprobe est une entreprise qui exploite un marché en pleine expansion. Sa position de numéro deux mondial lui permet de voir l’avenir sereinement, sachant que les besoins en semi-conducteurs et donc en cartes à sondes sont énormes. L’entreprise, non-endettée, a déjà fait de la croissance externe par le passé avec le rachat de Microfabrica en 2019. Malgré tout, nous surveillerons l’impact des taux d'intérêts, qui, lorsqu’ils augmentent impactent la capitalisation des sociétés technologiques en croissance.

Points forts : 

  • Position solide de numéro deux mondial sur un marché en forte croissance ou d’éventuels nouveaux acteurs rencontrent de fortes barrières à l’entrée. 
  • Des marges records pour le secteur.
  • Pas de dette, ce qui laisse voir l’avenir sereinement.

Points faibles : 

  • L’impact de la remontée des taux d'intérêts, néfaste pour les valeurs de croissance. 
  • L’entreprise est exposée à un seul marché et dépend de l’industrie des semi-conducteurs, qui reste cyclique.

 

Sanlorenzo :

Sanlorenzo est le deuxième producteur mondial de yachts de luxe. L’entreprise produit un nombre de bateaux limité (117 en 2021), préférant favoriser le sur-mesure. Doté de quatre sites de production tous dans le sud de la Ligurie, Sanlorenzo est sur un marché de niche en pleine expansion. Selon Forbes, il y a 19 fois plus de milliardaires dans le monde qu’en 1987 et les adeptes d’un séjour luxueux sur mer sont de plus en plus nombreux.  

De par son image de marque, Sanlorenzo est bien positionné pour profiter de cet essor. Le chiffre d’affaires de l’entreprise a été multiplié par 2,5 entre 2017 et 2021 pour atteindre 586 millions d’euros. Sur le seul premier semestre 2022, il ressort à 345 millions d’euros, soit une croissance de 31% par rapport au premier semestre 2021. Fort d’un carnet de commandes à 1,4 milliard d’euros au 30 juin 2022, la visibilité sur les prochains exercices est très bonne. Compte tenu de ces chiffres solides, l’entreprise a revu ses perspectives de croissance pour la deuxième partie d’année à la hausse : elle anticipe un chiffre d’affaires entre 720 et 740 millions d’euros et un bénéfice net compris entre 68 et 70 millions d’euros, soit une hausse de 35% par rapport à 2021. 

Face au contexte inflationniste des matières premières et de l’énergie, l’entreprise a amélioré son mix produit en faveur des grands yachts, plus rentables. Sanlorenzo n’a pas eu de mal à augmenter ses prix, la clientèle étant pourvue d’un pouvoir d’achat très élevé. Le management a mis l’accent sur les gains d’efficacité via l’acquisition en 2021 d’une unité de production dédiée aux produits composites, favorisant l’internalisation. Enfin, les contrats d’approvisionnement avec les fournisseurs sont rigoureusement négociés à des prix préétablis et de façon pluriannuels, ce qui permet à l’entreprise d’avoir une bonne maîtrise de ses coûts (Sanlorenzo travaille avec 1500 entreprises artisanales). Grâce à ce travail interne mené par le management, la marge nette est à un niveau record de 9,4% sur le premier semestre 2022 contre 8% un an plus tôt. 

Le marché a bien compris la qualité de Sanlorenzo et la capitalisation a été multipliée par 2,3 entre 2019 et 2022. Mais compte tenu de la baisse globale des marchés en 2022, le multiple de bénéfices actuel est de 17,8 : il est inférieur à sa moyenne sur 3 ans de 20,9. D’autant plus que la crise des chaînes d’approvisionnement et l’inflation ne pèsent pas sur les marges de l’entreprise, conséquence d’un important pricing power. 

Points forts : 

  • Une production en grande partie sur-mesure, plus rentable.
  • Une croissance forte en lien avec une demande très élevée.
  • L'entreprise dispose d'un fort pricing power.

Points faibles : 

  • Même si la société n’est que peu touchée par la pénurie de composants, les impacts géopolitiques et les problèmes sur les chaînes d’approvisionnement, il faudra surveiller la situation.
  • Des volumes d’échanges un peu étroits : capital échangé journalier inférieur à 1 million d’euros.

 

Salcef Group :

Le ferroviaire présente l’avantage d’être une réponse valable à une économie moins émettrice de CO2, dans un contexte de transition énergétique. Il est l’un des moyens de transport les moins impactants pour l’environnement : il émet 8 fois moins de particules nocives que la route, consomme 6 fois moins d’énergie et émet 9 fois moins de CO2. Dans ce secteur, les entreprises cotées ne sont pas légion. C’est pourquoi nous vous présentons Salcef, introduit en bourse en 2020. L’entreprise est diversifiée sur le marché ferroviaire avec plusieurs branches d’activité. La maintenance et la construction de voies ferrées représentent 80% du chiffre d’affaires (l’entreprise fabrique les dalles de voie et les traverses de chemin de fer utilisées pour la construction des voies). Le reste de l’activité est constitué de la pose et de la maintenance de signalisation et infrastructure électrique (13% du chiffre d’affaires). Enfin, Salcef effectue des travaux de génie civil (fabrication de gares, bâtiments, ponts, viaducs et tunnels ferroviaires), et construit des machines ferroviaires.  

Cette diversification permet à Salcef de battre largement la croissance du marché mondial de l’approvisionnement ferroviaire estimé à 2,3% (+7,8% en Europe). Le chiffre d’affaires, qui est réalisé aux trois-quarts en Italie, a augmenté de 50,9% entre 2019 et 2021. Malgré une marge d’exploitation qui a légèrement baissé de 1,1 point entre 2020 et 2021, à 22,1%, le groupe s’estime confiant sur la visibilité puisque les contrats sont souvent pluriannuels et que le carnet de commandes a été confirmé à 1,35 milliard d’euros. 

Le groupe compte profiter des plans des gouvernements pour la mobilité durable. Le plan italien de redressement et de résilience prévoit 28 milliards d’euros pour le secteur ferroviaire d’ici à 2026, et le plan industriel prévoit 110 milliards pour les infrastructures ferroviaires d’ici à 2031. Ces investissements ne font pas exception et de nombreux pays ont mis en place plus ou moins la même chose. L’Allemagne, par exemple, avec 86 milliards d’investissement dans son réseau ferroviaire. Le groupe est un atout solide et bien positionné pour jouer les thématiques d’aujourd’hui et de demain.

Pour en profiter, Salcef a décidé depuis 2018 de s’attaquer à de nouveaux marchés en faisant de la croissance externe : deux acquisitions en Allemagne, une aux Etats-Unis et deux en Italie ont permis de confirmer l’objectif de diversification que suit le groupe. 

Points forts : 

  • Un positionnement original et porteur.
  • Un potentiel de développement à l’international.
  • Une thématique porteuse : le secteur ferroviaire.

Points faibles : 

  • Industrie cyclique 
  • Une valorisation un peu élevée dans le secteur.