Vidrala : Le verre pour lutter contre le plastique

Vidrala est un acteur de l’industrie du verre : bouteilles de vins, d’huiles, de bières, de liqueurs, de jus de fruits et de conserves, l’entreprise produit chaque année plus de 8 milliards d’emballages. Le verre offre une alternative valable au fléau mondial qu’est la pollution plastique puisque l’on peut le recycler à l’infini sans en détériorer la qualité (le taux de recyclage est de 85% pour le verre contre 28% pour le plastique). 

Le marché européen des emballages en verre se développe à un rythme de croisière. Il devrait atteindre 23,3 milliards de dollars d’ici à 2026, traduisant un taux de croissance annuel de 3,2% sur la période 2021-2026. L’augmentation de la consommation post-covid est une bonne chose pour le fabricant de contenants de liquides. Pour jouer la carte de ce marché discret, Vidrala, qui utilise 48% de verre recyclé dans sa base de matières premières, est un acteur aux atouts solides qui vaut le détour. 

Vidrala a su traverser la crise du Covid sans trop d’embuches : à fin 2021, le chiffre d’affaires était en hausse de 7,3%, à 1,08 milliard d’euros, par rapport à 2019, dernière année de référence. En 2020, la marge d’EBITDA s’est élevée à un niveau record de 28,3%, à 279,8 millions d’euros. Cependant, la crise actuelle des prix de l’énergie met la profitabilité de l’entreprise au tapis. En effet, l’étape cruciale de la fabrication du verre passe par la fusion dans des fours à plus de 1500 degrés, naturellement très gourmands en énergie. La marge d’EBITDA est ainsi tombée à 15,6% au troisième trimestre 2022, soit une quasi division par deux par rapport à la marge record de 2020. L’entreprise se dit néanmoins confiante dans sa capacité à retrouver progressivement ses niveaux de marges grâce à une réduction des coûts et des augmentations progressives de prix. Peu endettée (la dette ne représente que 0,8 fois l’EBITDA à fin septembre dernier), Vidrala n’a pas chiffré de prévisions dans ce contexte assez flou. Malgré tout, la demande reste structurellement forte et l’objectif prioritaire de l’entreprise est de retrouver la profitabilité d’avant la crise énergétique. 

Evolution du chiffre d’affaires et du résultat opérationnel entre 2017 et 2022

Côté bourse, c’est un parcours (quasi) sans faute pour le titre depuis ses débuts de cotation. Introduit en 1985, l’ascension du titre ne s’est jamais arrêtée. Depuis 2008, l’action a été multipliée par 8, passant de 10 euros à plus de 80 euros aujourd’hui. Historiquement, Vidrala a toujours su réaliser les marges les plus élevées du secteur. D'où la valorisation relativement supérieure à ses concurrents. Et même si la marge nette 2022 devrait être exceptionnellement basse compte tenu de la crise énergétique actuelle, cette valeur industrielle de qualité dispose de fondamentaux indéniables qui laisse espérer un retour en grâce de la profitabilité pour les prochains exercices. 

Point forts : 

  • Positionnement solide sur un marché qui consolide.
  • Hors 2022, Vidrala réalise des marges parmi les plus élevées du marché.

Points faibles : 

  • Les prix de l'énergie qui impactent les marges.
  • La récession pourrait entraîner une baisse de la consommation et donc moins de demande pour les récipients en verre.

 

Logista : L’expert logistique de l’Europe du Sud

Logista était à l’origine la division de distribution de Tabacalera, ancien monopole espagnol du tabac (qui fusionna en 1999 avec la SEITA, monopole français du tabac, pour former Altadis, qui a ensuite été racheté par le quatrième géant mondial du tabac, Imperial Brands). Depuis, l’entreprise a quelque peu évolué : livraison express ou longue distance, distribution médico-sanitaire, pharmaceutique, logistique d’aliments réfrigérés et surgelés, du tabac ou des livres, etc. L’entreprise a choisi la voie de la diversification géographique avec trois nouvelles acquisitions cette année, dont une aux Pays-Bas. Plus grand réseau de transport d’Espagne, Logista est aujourd’hui un des principaux acteurs de la distribution en Europe du Sud. Si le secteur logistique a tendance à être cyclique, la stratégie de Logista permet au groupe de ne dépendre que faiblement des impacts macroéconomiques, notamment de la guerre en Ukraine. 

Logista, qui distribue plus de 90% de ses bénéfices à ses actionnaires, a publié de bons résultats annuels (exercice clos fin septembre). Le chiffre d’affaires est en hausse de 4,7% à 1,23 milliard d’euros. Le bénéfice net augmente de 14,3% sur l’année, à 199 millions d’euros, faisant ressortir une marge nette record de 16,1%. 

La stratégie de Logista (implantation régionale forte, acquisitions minutieuses et créatrice de synergies et croissance organique), permet à l’entreprise de faire mieux que résister aux diverses crises traversées (Covid et tensions géopolitiques et sur les chaînes d’approvisionnement). Ayant tiré profit de l’envolée des coûts de fret, et de la reprise économique post covid, le titre de la société affiche une progression de 35% sur l’année 2022. 

Pour 2023, le groupe anticipe une progression de son résultat opérationnel entre 5% et 10% compte tenu notamment de la contribution prévisible des acquisitions réalisées. Le groupe travaille aussi sur d’éventuelles nouvelles opportunités de croissance externe. 

Points forts : 

  • La logistique : secteur qui ne connaît pas la crise.
  • Une stratégie qui pèse ses fruits.
  • De perspectives cohérentes avec un historique qui plaide en faveur du groupe.

Points faibles : 

  • Prudence sur les prix de l’énergie (notamment carburants pour la distribution).
  • Surveiller les synergies créées et le niveau d’intégration des sociétés acquises. 

 

Gestamp : un équipementier solide 

L’automobile va mieux ! Un peu mieux du moins. La production mondiale de véhicules en 2022 devrait être de 6% plus élevée que celle de 2021, à 81,8 millions d’automobiles. Mais elle reste inférieure de 8,1% aux 89 millions de véhicules vendus en 2019, dernière année de référence. Il faut dire que le secteur a eu (et a toujours) de gros bâtons dans les roues : le Covid, puis l’inflation, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les difficultés à se fournir en semi-conducteurs et enfin la transition structurelle vers la mobilité électrique. Malgré ces temps difficiles, des acteurs savent garder le nord. C’est le cas de Gestamp, qui est un équipementier qui produit des pièces de carrosseries, des châssis et des pièces détachées. 

Le groupe, dont les résultats sont logiquement corrélés avec le marché des ventes d’automobiles, devrait afficher en 2022 un chiffre d’affaires supérieur de 12,5% à celui de 2019, que nous utilisons là aussi comme année de référence. Gestamp a tendance à faire régulièrement mieux que le marché de l’automobile. Les résultats du troisième trimestre font ressortir une hausse du chiffre d’affaires de 30,9% sur les neuf premiers mois de 2022, à 7,7 milliards, par rapport aux neuf mois de 2021. Sur une base ajustée de l’inflation, la croissance reste solide (15%), surtout au vu d’un marché automobile qui n’a crû que de 6,7% sur la période. Dans le même temps, l’EBITDA s’établit à 847 millions d’euros, traduisant une croissance de 20,9%. Solide, le groupe a confirmé ses objectifs annuels, à savoir une marge d’EBITDA comprise dans une fourchette entre 12,5% et 13% et un flux de trésorerie disponible supérieur à 200 millions d’euros. 

Gestamp est présent sur les cinq continents et toutes les zones géographiques ont contribué à la croissance : le chiffre d’affaires en Europe de l’Ouest, plus gros marché du groupe, est en croissance de 28,2%, à 3,15 Mds€. 

L’entreprise a aussi beaucoup travaillé sur la maîtrise de sa dette. Durant le Covid, elle s’était envolée à un niveau record qui représentait x4 l’EBITDA (ratio leverage = dette nette/EBITDA). Elle ne représente plus que x2 l’EBITDA, à 2,3 Mds€

Malgré ces résultats encourageants, la performance boursière de l’entreprise n’est pas vraiment au rendez vous. Entraînée, comme la plupart des acteurs du secteur automobile dans une sorte de brouillard qui limite la visibilité sur l’avenir, Gestamp n’échappe pas à la tendance. Le PER de l’année 2023 devrait s’établir à 6,7 au cours actuel. Quant au dividende, il offre un rendement de 4,4%, ce qui fait presque de Gestamp une valeur de rendement.
Les fondamentaux de l’entreprise sont cohérents avec les objectifs de profitabilité affichés. L’équipementier porte a priori un risque plus faible que celui des constructeurs dans le cadre de la transition automobile vers le modèle électrique. Malgré les incertitudes liées à l’industrie, les feux sont au vert pour cette belle valeur industrielle qui affiche de solides perspectives dans un marché qui reste éminemment cyclique, il ne faut pas l’oublier. 

Points forts : 

  • Une diversification forte au niveau géographique, qui fait la force du groupe.
  • Perspectives de profitabilité élevées. 
  • Une bonne répercussion de la hausse du coût des matières premières.
  • La dette est maîtrisée et cohérente avec la stratégie de croissance. 

Points faibles : 

  • Risques inhérents au marché automobile.
  • Une dette en amélioration mais encore un peu élevée.
  • Un secteur historiquement peu valorisé en bourse.