Hier, les marchés avaient le choix entre s'angoisser sur l'évolution des taux directeurs à cause de la fermeté de l'inflation américaine et repartir de l'avant en trouvant de bonnes raisons de le faire. C'est la seconde option qui l'a emporté. Les marchés européens ont montré la voie en progressant. Le CAC40 a pris 0,7% à Paris, le DAX a gagné 0,4% à Francfort et le FTSE s'est adjugé 0,75% à Londres. Le Bel20 bruxellois a toutefois clôturé en baisse à cause de la glissade du brasseur Anheuser-Busch Inbev, emporté par la méforme de son rival Heineken.

Mais les regards se sont vite tournés vers les Etats-Unis, au lendemain de la publication d'une inflation un peu trop élevée en janvier pour que tout le monde soit serein. Rappel express de pourquoi c'est un problème : trop d'inflation = politique de taux élevés = argent cher = économie mal irriguée = problèmes = pas bon pour la bourse. Actuellement, les Etats-Unis vivent dans une dimension un peu différente : trop d'inflation = politique de taux élevés = argent cher = économie qui s'en tire plutôt bien = ça tient = c'est bon pour la bourse. Après avoir tergiversé sur le début de séance d'hier, mais à peine, les investisseurs américains ont pris leur parti d'une inflation plus élevée, plus longtemps, comme le martèle la Fed depuis des mois. Tant que l'économie va bien sûr… Depuis mardi, on dirait que les prophéties de la banque centrale et les conjectures des investisseurs sont un peu plus en phase, d'autant qu'un membre de la Fed a déculpabilisé tout le monde hier. Austan Goolsbee, le président de la Fed de Chicago, a estimé que des données d'inflation légèrement plus élevées pendant quelques mois ne remettraient pas en cause un retour à l'objectif de 2% que vise la banque centrale. Notez quand même que Goolsbee est le plus bisounours des membres de la Fed dans les classements de colombes et de faucons.

Ça aurait pu doucher les marchés boursiers, mais finalement non. Parce qu'il existe un courant acheteur puissant sur les valeurs technologiques, une fois de plus, en particulier sur celles qui sont perçues comme les gagnantes de l'intelligence artificielle. Tout le monde veut sa part du gâteau, qui n'est pas très varié actuellement, faute d'une bonne compréhension des enjeux et des potentialités (et je m'inclus là-dedans). Du coup, comme dans toute bonne ruée vers l'or, on prend d'assaut les vendeurs de pelles et de pioche. En particulier Nvidia, qui est en quasi-monopole sur le marché actuellement : on y trouve les pelles les plus solides et les pioches les plus pointues. On tente aussi des paris sur l'écosystème qui tourne autour du groupe. Et pour faire bonne mesure, on mise aussi sur les grandes plateformes qui ont les moyens et la volonté de maintenir leur leadership en misant elles aussi sur l'IA. Bilan des courses : les investisseurs achètent les trucs habituels, ceux qui font le plus bouger le marché : Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta et tutti quanti. On notera qu'Apple est un peu à la traîne, faute d'avoir suffisamment utilisé le terme "IA" partout dans sa communication. En plus, Berkshire Hathaway, le holding de Warren Buffett, a annoncé hier avoir réduit son exposition à la marque à la pomme (qui reste sa plus grosse pondération), ce qui constitue un signal négatif. Exprimé autrement et mathématiquement, les dix plus grosses valeurs technologiques américaines ont gagné plus de 2% hier, soit deux fois la performance du S&P500 et cinq fois celle du Dow Jones. Le FOMO, qui pousse les investisseurs à se jeter avidement sur ce qui marche pour les autres, fonctionne à plein tubes.

La narration sur l'IA est une force de traction contre laquelle il est difficile de lutter actuellement. Et comme les plus grosses valeurs sont aussi celles que le marché voit le plus profiter de l'IA, l'effet est double sur les indices.

Je ne sais pas si le reste de l'actualité a de l'intérêt du coup, ni si ChatGPT se serait arrêté d'écrire là en disant "En conclusion, achetez seulement Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta et Nvidia. Pas besoin d'en rajouter". Mais je vous donne quand même quelques autres informations. Le PIB japonais s'est contracté contre toute attente au 4e trimestre 2023, si bien que l'Allemagne, qui va à peine mieux pourtant, est devenue la 3e économie mondiale. On a énormément de publications de résultats de grandes entreprises en Europe ce matin, que je citerai un peu après. Dans le volet géopolitique, Vladimir Poutine a déclaré publiquement que Joe Biden est une meilleure option pour la Russie car il est plus prévisible que Donald Trump. Mon cynisme naturel me pousse à penser que ça ressemble à un joli savonnage de planche pour Biden. Au Proche-Orient, Israël abandonne les pourparlers de paix en jugeant les exigences du Hamas "délirantes". Il faudra garder un œil sur la grosse série d'indicateurs macroéconomiques attendus cet après-midi aux Etats-Unis. Si l'AI-FOMO balaie tout sur son passage, il ne faudrait pas que les données renforcent le scénario d'une reprise inflationniste.

En Asie Pacifique ce matin, le vert domine, sauf en Corée du Sud où les indices hésitent. Le Japon gagne 1,2%, Hong Kong 0,3%, l'Inde 0,1% et l'Australie 0,8%. La Chine continentale est toujours fermée pour le nouvel an lunaire. Mention spéciale à Taiwan qui signe un nouveau record en séance avec une envolée de 3% pour le TAIEX, dopé par Taiwan Semiconductor, plébiscité par les analystes qui y voient un bon cheval pour jouer… l'IA. Les indicateurs avancés européens sont haussiers.

Le CAC40 gagne 0,7% à 7724 points à l'ouverture. Le SMI est en hausse de 0,3% à 11 244 points. Le Bel20 gagne 0,4% à 3679 points.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, l'Empire Manufacturing, les nouvelles demandes d'allocations chômage, les perspectives d'affaires de la Fed de Philadelphie et les ventes au détail débarquent à 14h30, avant l'utilisation des capacités et la production industrielle (15h15), puis les stocks d'entreprises et l'indice du marché immobilier NAHB (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro est stable à 1,0730 USD. L'once d'or stagne à 1992 USD. Le pétrole perd du terrain, avec un Brent de Mer du Nord à 80,90 USD le baril et un brut léger américain WTI à 76,06 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se calme à 4,23%. Le bitcoin s'échange à 52 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ahold Delhaize N.v. : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché et relève l'objectif de cours de 28 à 30 EUR.
  • Alfen N.v. : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 45 à 58 EUR.
  • Anora Group Oyj : SEB Bank passe d'une recommandation de vente à un achat avec un objectif de cours relevé de 4,10 EUR à 6,20 EUR.
  • Biohit Oyj : Inderes passe d'accumuler à acheter avec un objectif de cours relevé de 2,30 EUR à 2,40 EUR.
  • Bnp Paribas : Keefe Bruyette & Woods maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 77 à 71,50 EUR.
  • Bouvet Asa : Arctic Securities démarre le suivi à la vente avec un objectif de cours de 55 NOK.
  • Bouygues Sa : Société Générale maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 38 à 39 EUR.
  • Capgemini : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 230 à 240 EUR. Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 210 à 230 EUR. Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 235 à 260 EUR. HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 225 à 235 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 210 à 230 EUR. Société Générale maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 218 à 262 EUR.
  • Crédit Agricole S.a. : Keefe Bruyette & Woods maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 15,50 à 15 EUR.
  • Dhl Group : Goldman Sachs passe de neutre à acheter avec un objectif de cours relevé de 46 EUR à 53 EUR.
  • Eiffage S.a. : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 139 à 142 EUR.
  • Engie : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 16,70 à 16 EUR.
  • Essilorluxottica : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 215 à 205 EUR.
  • Gjensidige Forsikring Asa : Mediobanca passe de neutre à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 195 NOK à 180 NOK.
  • Heineken N.v. : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 108 à 103 EUR. HSBC passe de acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 108 EUR à 90 EUR.
  • Hermes International : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 1950 à 2100 EUR.
  • Hochtief Ag : Barclays démarre le suivi à surpondérer avec un objectif de cours de 123 EUR.
  • Intermediate Capital Group Plc : Morgan Stanley démarre le suivi à surpondérer avec un objectif de cours de 2300 GBX.
  • Kingfisher Plc : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 330 GBX à 210 GBX.
  • L'Oréal : Landesbank Baden-Wuerttemberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 410 à 435 EUR.
  • Mapfre S.a. : Grupo Santander améliore sa recommandation de sousperformance à surperformance avec un objectif de cours de 3 EUR.
  • Neste Oyj : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 59 EUR à 33 EUR.
  • Sacyr, S.a. : Barclays démarre le suivi à surpondérer avec un objectif de cours de 4.10 EUR.
  • Saint-Gobain : Goldman Sachs passe de neutre à acheter avec un objectif de cours relevé de 62 EUR à 87 EUR.
  • Sampo Oyj : Mediobanca passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 47 à 49 EUR.
  • Schindler Holding Ag : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 197 à 207 CHF.
  • Société Générale : Goldman Sachs maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 21,90 à 23,30 EUR. Keefe Bruyette & Woods maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 32 à 29 EUR.
  • Taaleri Oyj : Inderes dégrade de accumuler à alléger avec un objectif de cours de 10 EUR.
  • Terveystalo Oyj : SEB Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 8,50 EUR à 9,30 EUR.
  • Tokmanni Group Oyj : Inderes passe d'accumuler à alléger avec un objectif de cours réduit de 14 EUR à 15.50 EUR.
  • Vaisala Oyj : Inderes améliore sa recommandation de alléger à accumuler avec un objectif de cours de 40 EUR.
  • Vinci : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 132 à 140 EUR. Insight Investment Research LLP maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 162 à 163 EUR.
  • Wendel : Berenberg démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 103 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Airbus publie 4,4 Mds€ de cash-flow libre en 2023, va verser un dividende exceptionnel de 1 EUR et revoit en baisse ses prévisions de livraisons 2024 à 800 appareils.
  • EssilorLuxottica anticipe toujours une croissance de ses ventes annuelles de 5% pour 2022-2026, après des résultats 2023 en demi-teinte.
  • Gecina vise un résultat net récurrent de 6,35 à 6,40 EUR par action cette année.
  • Klépierre anticipe un cash-flow net courant par action entre 2,45 et 2,50 EUR cette année.
  • Legrand vise une marge opérationnelle ajustée en repli en 2024.
  • Nexans vise un EBITDA ajusté entre 670 et 730 M€ après avoir rempli ses objectifs 2023.
  • Orange fait mieux que prévu en 2023 et vise une légère hausse de son Ebitdaal en 2024.
  • Pernod Ricard s'attend désormais à un chiffre d'affaires annuel stable après un premier semestre difficile.
  • Renault affiche une marge opérationnelle record en 2023 et améliore son dividende.
  • Rexel vise une marge d'Ebita ajusté entre 6,3% et 6,6% en 2024.
  • Safran a enregistré une forte hausse de son chiffre d'affaires et de son résultat opérationnel pour 2023 et prévoit une nouvelle croissance cette année.
  • Schneider vise une nouvelle hausse de ses résultats en hausse en 2024.
  • Stellantis a dégagé une marge de 12,8% en 2023, supérieure à l'objectif fixé pour 2030.
  • Valneva vise une hausse de ses ventes en 2024 grâce au vaccin contre le chikungunya.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Cisco perd 5% hors séance après ses trimestriels.
  • Close Brothers ne versera pas de dividendes pour l'exercice en cours.
  • Commerzbank affiche son plus haut bénéfice annuel en 15 ans.
  • Danube publie au-dessus des attentes et prévoit de scinder ses activités nutrition animale et santé.
  • Embracer manque ses prévisions de bénéfice d'exploitation pour le troisième trimestre.
  • Rakuten flambe de 16% au Japon après ses résultats.
  • RELX vise une poursuite de sa croissance après une hausse de 13% de son bénéfice d'exploitation en 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Renesas va racheter Altium pour 5,9 Mds$.
  • BAE Systems a reçu les approbations réglementaires nécessaires pour finaliser l'acquisition de Ball Aerospace auprès de Ball Corporation pour 5,55 Mds$.
  • Berkshire Hathaway a réduit sa participation dans Apple, sort de DR Horton, Globe Life, Markel et StoneCo et prend un nouveau pari tenu secret.
  • La filiale de capital-risque de Salesforce investit dans le revendeur de puces Nvidia Together AI, selon The Information.
  • Swisscom serait la seule partie encore en lice pour le rachat de Vodafone Italie, selon Reuters.
  • BHP Group a pris une charge de dépréciation de 2,5 Mds$ sur ses actifs dans le nickel.
  • Ryanair serait en négociations pour fournir des vols à TUI, selon Bloomberg. Moody's a relevé la note crédit de TUI de B2 à B1, avec une perspective positive.
  • GSK finalise l'acquisition d'Aiolos.
  • Shell pourrait renoncer à son projet d'éoliennes en mer en Norvège pour des raisons commerciales.
  • Volkswagen est en discussion avec son partenaire chinois SAIC Motor concernant sa présence dans la province de Xinjiang, à la suite d'un rapport alléguant le recours au travail forcé.
  • S&P a abaissé la note de Deutsche Pfandbriefbank de "BBB" à "BBB-".
  • NatWest envisage de confirmer son CEO par intérim, Paul Thwaite, dans ce poste.
  • Intel chercherait à lever 2 Mds$ pour financer une nouvelle usine de fabrication en Irlande.
  • Pfizer paie 93 M$ pour régler le procès antitrust du Lipitor.
  • Les principales publications du jour : Applied Materials, Deere, Airbus, Schneider, RELX, Safran, Stellantis, Danube, CommerzbankTout l’agenda ici.

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