La plus haute juridiction des Nations unies chargée de traiter les différends entre États a statué sur une affaire portée devant elle par l'Afrique du Sud.

Voici les principaux éléments à retenir de cette décision.

QUELLE EST LA DÉCISION DE LA COUR ?

La Cour a ordonné à Israël de s'abstenir de tout acte susceptible de relever de la convention sur le génocide et de veiller à ce que ses troupes ne commettent aucun acte génocidaire à Gaza.

"Au moins certains des actes et omissions qui, selon l'Afrique du Sud, auraient été commis par Israël à Gaza semblent pouvoir relever des dispositions de la Convention (sur le génocide)", ont déclaré les juges.

L'arrêt exige qu'Israël prévienne et punisse toute incitation publique à commettre un génocide contre les Palestiniens de Gaza et qu'il conserve les preuves liées à toute allégation de génocide dans cette région.

Israël doit également prendre des mesures pour améliorer la situation humanitaire des civils palestiniens dans l'enclave.

Toutefois, la Cour n'a pas exigé de cessez-le-feu immédiat à Gaza, ce qui, selon Israël, permettrait aux militants du Hamas de se regrouper et de lancer de nouvelles attaques contre le pays.

La Cour s'est également déclarée "gravement préoccupée" par le sort des otages détenus à Gaza et a appelé le Hamas et les autres groupes armés à les libérer immédiatement et sans conditions.

TOUS LES JUGES ONT-ILS SOUTENU L'ARRÊT ?

Une majorité d'au moins 15 juges sur 17 a voté en faveur de l'imposition des mesures dites conservatoires, y compris la présidente de la Cour, l'Américaine Joan Donoghue.

La juge ougandaise Julia Sebutinde a été la seule à voter contre les six mesures adoptées par la Cour. Le juge ad hoc israélien, Aharon Barak, a voté contre quatre mesures.

"J'ai voté en faveur de la mesure dans l'espoir qu'elle contribuera à réduire les tensions et à décourager la rhétorique nuisible", a écrit M. Barak, expliquant son vote en faveur d'une ordonnance visant à ce qu'Israël punisse l'incitation au génocide.

QUE SE PASSE-T-IL MAINTENANT ?

Israël est tenu de soumettre à la Cour un rapport sur les mesures qu'il a prises pour se conformer aux ordonnances dans un délai d'un mois à compter de l'arrêt. La Cour examinera en détail le bien-fondé de l'affaire, un processus qui pourrait prendre des années.

Les décisions de la CIJ sont définitives et sans appel, mais la Cour n'a aucun moyen de les faire appliquer.

QU'EST-CE QUE LA CONVENTION SUR LE GÉNOCIDE ?

La convention sur le génocide de 1948, adoptée à la suite de l'assassinat massif de Juifs lors de l'holocauste nazi, définit le génocide comme "des actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux".

Les actes de génocide comprennent le meurtre de membres du groupe, l'atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe et l'imposition délibérée de conditions d'existence devant entraîner la destruction totale ou partielle du groupe.

QUELLE A ÉTÉ LA RÉACTION À LA DÉCISION DE LA JIC ?

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'accusation de génocide portée contre Israël était "scandaleuse" et qu'il ferait tout ce qui est nécessaire pour se défendre. Il a ajouté qu'Israël avait un "engagement inébranlable" à l'égard du droit international.

Le ministre de la défense, Yoav Gallant, s'est dit consterné par le fait que la CIJ n'ait pas rejeté d'emblée la requête de l'Afrique du Sud, tandis que le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a semblé se moquer de la décision en publiant sur la plateforme de médias sociaux X un commentaire de style yiddish : "La Haye Shmague".

Les Palestiniens ont largement salué la décision de vendredi.

"Les juges de la CIJ ont évalué les faits et le droit, ils ont statué en faveur de l'humanité et du droit international", a déclaré le ministre palestinien des affaires étrangères, Riyad al-Maliki.

Sami Abu Zuhri, haut responsable du Hamas, a déclaré que cette décision contribuait à isoler Israël sur la scène internationale.

L'Afrique du Sud, qui soutient depuis longtemps la cause palestinienne, a salué la décision de la CIJ et le président Cyril Ramaphosa a déclaré qu'il attendait d'Israël qu'il se conforme à sa décision de prendre des mesures pour empêcher un génocide contre la population de Gaza.