Tandis que le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait de nouveau estimé que Pékin et Washington pourraient avoir parcouru 90% du chemin vers un accord sur le commerce, la rencontre Trump/Xi Jinping au G20 a officialisé une trêve et une reprise des négociations autour du conflit qui oppose les deux grandes puissances.

Si les observateurs s’interrogent désormais sur le calendrier, la menace de nouvelles taxes sur les importations en provenance de Chine semblent au moins provisoirement écartée. Donald Trump a par ailleurs annoncé un sursis de trois mois pour la société Huawei alors que les entreprises technologiques américaines vont de nouveau être autorisées à lui vendre des équipements.

Côté macro, l’Oncle Sam a confirmé une croissance de +3.1% en données annualisées au premier trimestre mais le baromètre d’inflation favori de la FED, l’indicateur PCE, enregistre un nouveau repli à +1.5% sur un an, pour un objectif avoué de +2.0%.

Sur le front monétaire, près de 100% du marché anticipe désormais une baisse de taux d’au moins 0.25% outre-Antlantique dès ce mois-ci, selon des données du CME. Jerome Powell a toutefois tenu à doucher les espoirs de voir son institution réduire le loyer de l’argent d’un demi-point d’un coup. Le président de la banque centrale américaine affirme en effet que la FED « réfléchit » à l’assouplissement de sa politique pour faire face au ralentissement mondial mais indique que le Comité ne souhaite pas « surréagir à des facteurs temporaires ». « Ce n’est pas la fin du monde », a même déclaré dans la foulée James Bullard, qui préside l’antenne de Saint-Louis, estimant « exagéré » le scénario d’une baisse de 0.5%. Une nouvelle occasion pour Donald Trump d’accuser Jerome Powell de « mauvais travail », au moment où d’autres grandes banques centrales apportent davantage de soutien à leur économie.

En Australie par exemple, la RBA vient de réduire son taux directeur d’un quart de point pour la seconde fois en deux mois, lequel atteint un nouveau plancher historique à 1%. «Cet assouplissement soutiendra la croissance de l'emploi et l'objectif d'inflation à moyen terme en deviendra plus crédible», a déclaré le gouverneur Philip Lowe.

Au Royaume-Uni, Boris Johnson, toujours largement favori à la succession de Theresa May, se recentre. Bien qu’il ait réitéré sa promesse de sortir de l’Union européenne le 31 octobre au plus tard en cas d’accession au 10 Downing street, l’ancien maire de Londres reconnait toutefois qu’il aura besoin de « la coopération de l‘UE » pour amortir les chocs en cas de no deal.

En Europe justement, l’inflation des Dix-Neuf stagne à +1.2% sur un an en mai, loin de la cible de la BCE (proche mais inférieure à 2%) mais le taux de chômage poursuit son recul (7.5%).

Au Japon, le niveau de la production industrielle a agréablement surpris les économistes. Celle-ci progresse de +2.3% en mai d’un mois sur l’autre, contre +0.7% attendu et +0.6% en avril.

Enfin, une rencontre Trump/Erdogan en marge du G20 a permis de lever les menaces de sanctions, relatives à l’affaire des missiles russes, à l’encontre d’Ankara, aidant la devise turque à s’orienter positivement.

Cette semaine, les cambistes prendront leur mal en patience et se concentreront avant tout sur le rapport mensuel sur l’emploi américain traditionnellement publié le premier vendredi de chaque mois.

Graphiquement, bien que vigoureux, l’Euro échoue à s’installer durablement au-delà de 1.14 USD. Tant que 1.1428 n’est pas franchi en clôture quotidienne, le biais reste baissier sur la paire avec 1.1238 et 1.1130 USD en ligne de mire.

Malgré un rebond au contact de sa moyenne mobile à 50 jours, le Pound peine également à résister à la force relative du billet vert. Tant que 1.2751 résiste en daily, 1.25 menace toujours de céder sous l’effet des différents développements autour du Brexit.

Alors qu’elle semblait parfaitement se relancer après avoir enregistré mi-juin de nouveaux points bas depuis le 3 janvier, la devise australienne n’a pu confirmer au contact de sa moyenne mobile à 100 jours. Mais la marge de manœuvre de la RBA se réduisant progressivement, l’Aussie pourrait néanmoins résister et rapidement regagner 0.7022 avant d’accélérer vers 0.7238 USD.



Du côté des valeurs refuges, le Yen et le Franc suisse accusent logiquement le coup face aux espoirs de voir la Chine et les Etats-Unis trouver une issue au conflit commercial qui pénalise la croissance mondiale. EUR/CHF prend appui sur un support à 1.1081 pour rebondir au contact de 1.1163 tandis que nous restons haussiers sur la paire au-dessus de 1.10 CHF. Sur USD/JPY, le tremplin s’est situé autour de 107.20 alors que 108.60 et 109.20 JPY pourraient être rapidement ralliés.

Enfin la Livre turque profite d’un recul des tensions diplomatiques pour s’apprécier davantage. La paire USD/TRY franchit 5.7207 et s’ouvre la voie d‘un retour vers 5.6250 et 5.51 TRY.