par Juliette Jabkhiro et Ardee NAPOLITANO

PARIS, 5 septembre (Reuters) - Le procès de l'attaque au camion bélier sur la Promenade des Anglais à Nice, qui a fait 86 morts et quelque 450 blessés en plein feu d'artifice du 14 juillet 2016, s'est ouvert lundi à Paris en l'absence de son auteur, abattu par la police, et de complices présumés.

Le procès, dont toutes les audiences seront retransmises en vidéo à Nice, va se tenir pendant un peu plus de deux mois dans la salle du palais de justice de Paris où s'est achevé en juin le procès des attentats du 13 novembre 2015 à Saint-Denis et Paris.

Outre le palais de justice, les quelque 850 parties civiles déjà constituées - d'autres pourraient se manifester en cours de procès - pourront suivre toutes les audiences dans une salle spécialement aménagée de l'Acropolis, à Nice.

Une frustration pour beaucoup, qui n'ont pu faire le déplacement pour être "au coeur du procès" de cet attentat revendiqué par l'organisation Etat islamique.

"On peut comprendre une certaine déception, comme s'il n'y en avait que pour Paris", a témoigné Me Antoine Casubolo Ferro, l'un des avocats de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT).

"C'est un carnage monstrueux, et...il n'y a pas grand monde. On a une grande salle ici, mais les victimes sont à Nice", a-t-il dit à Reuters.

Et de souligner : "Pas d'auteur direct, pas de complice, ça change beaucoup, ça change beaucoup pour les parties civiles, ça change aussi tout le procès".

"J'ATTENDS LA RECHERCHE DE LA VÉRITÉ"

Comme lors du procès du 13-Novembre, de nombreuses questions risquent de rester sans réponse.

Huit personnes (sept hommes et une femme) comparaissent devant la cour d'assises spéciale, mais aucune d'elles n'est accusée d'avoir joué un rôle de premier plan dans l'attaque menée par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien de 31 ans qui a semé la mort sur la Promenade des Anglais au volant d'un camion de 19 tonnes.

Les trois principaux prévenus - Mohamed Ghraieb, Chokri Chafroud et Ramzi Arefa - sont poursuivis pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et risquent à ce titre 30 ans de réclusion criminelle.

"J'attends la recherche de la vérité, mais j'attends également un jugement, un jugement certes juste mais également sévère", témoigne Anne Murris, présidente de l'association Mémorial des Anges, qui a perdu sa fille de 27 ans dans l'attentat.

"Ces moments, ce procès, c'est une facon pour la justice de se positionner face au terrorisme et de nous montrer (...) son action pour lutter contre le terrorisme", ajoute-t-elle.

En cette première journée, la cour devait procéder aux interrogatoires d'identité et faire le point des constitutions de parties civiles.

Le procès est prévu pour s'achever le 15 novembre. Le verdict est attendu à la mi-décembre. (Reportage Juliette Jabkhiro, Ardee Napolitano, avec la contribution de Tangi Salaün et Ingrid Melander, rédigé par Sophie Louet, édité par Nicolas Delame)