La dernière semaine de juin et la première de juillet sont rarement folichonnes en matière d'actualités sur les marchés boursiers, parce qu'elles tombent entre deux périodes de publications de résultats et qu'elles coïncident avec le début de l'été. L'animation devient carrément inexistante quand on plaque par-dessus, de surcroît, la journée fériée au 4 juillet aux Etats-Unis, qui met Wall Street à l'arrêt. "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé", aurait dit un poète bien connu dans nos contrées savoyardes, une version plus sophistiquée de "il ne se passe pas grand-chose quand les investisseurs américains ne rôdent pas dans le coin". Voilà un peu le topo pour la séance d'hier, qui a vu les indices européens évoluer non loin de l'équilibre. Le DAX allemand, le FTSE britannique ou le CAC français ont ainsi subi une seconde séance de baisse anecdotique.

Quand je dis qu'il ne se passe pas grand-chose, cela ne signifie pas qu'il ne se passe rien. Si vous êtes actionnaire de Casino par exemple, la journée d'hier a encore été animée, même si l'action a été suspendue à 10h41 à la bourse de Paris. Le temps pour le management de présenter les deux propositions de sauvetage reçues, qui présentent des caractéristiques assez différentes mais qui aboutissent à un même bilan pour le petit porteur : il a toutes les chances d'être salement dilué, c’est-à-dire de subir une perte énorme sur la valeur de ses titres. Mon voisin de gauche au bureau, d'autant plus sensible à la question qu'il est à moitié stéphanois (NDLR pour les jeunes et les non-stéphanois : Saint-Etienne est le berceau de Casino), m'a demandé hier "mais pourquoi des gens achètent l'action Casino en ce moment ?".

La réponse dépend des profils. J'écarte les traders qui entrent et sortent en profitant de la volatilité pour me concentrer sur ceux qui croient que l'action a tellement baissé qu'elle va remonter si une solution de sauvetage est trouvée. Après tout, si elle a tant baissé, elle peut remonter d'autant si l'avenir est sécurisé. Sauf qu'il ne s'agit pas d'un simple jeu de balancier. Dans ce type d'affaires de surendettement, l'actionnaire est tout à la fin de la chaîne de valeur. On ne l'écoute pas, ou peu, parce que juridiquement, il arrive bien après toute une série d'acteurs, notamment les créanciers, à fortiori les créanciers sécurisés. En l'occurrence, la dilution des actionnaires actuels sera massive dans les deux plans de sauvetage proposés pour Casino. Ils n'auraient plus que 0,03% du capital (voire moins) dans le projet 3F et 0,2% dans le projet EPGC/Fimalac (avec une possibilité d'améliorer leur situation en participant à une levée de fonds). Et c'est toujours la même histoire, comme chez Vallourec, CGG ou Technicolor (ex-Thomson, renommé depuis Vantiva), et même plus récemment Orpéa, même si les actionnaires se sont rebiffés.

J'en parle une nouvelle fois cette semaine parce que les investisseurs se font piéger et piéger encore. Les belles histoires de redressement sont extrêmement rares et il n'y a aucune raison de prendre des risques inconsidérés à un stade précoce de la procédure : autant y revenir plus tard. La France n'a pas le monopole de ces situations. Dans tous les pays, le mythe de la société qui renaît de ses cendres existe. Aux Etats-Unis, il prend parfois un aspect un peu délirant parce que les règles sont très libres autour de l'investissement. Illustration avec Bed Bath & Beyond, la très populaire chaîne d'articles de la maison qui a fait faillite et qui a été retirée de la cote en mai. Outre-Atlantique, ce retrait de la cote signifie que l'action quitte le marché principal, mais il existe toujours un marché libre de gré à gré qui permet d'échanger des actions. En effet, le processus de désintéressement des parties prenantes est en cours et la société existe par conséquent toujours. Comme sa dette est assez nettement supérieure à la valeur de ses actifs, les actionnaires n'auront probablement rien. Et pourtant, environ 18 millions d'actions s'échangent chaque jour de gré à gré, selon les données du Financial Times et de Bloomberg. A vil prix certes, comment pourrait-il en être autrement, mais pas à valeur nulle. Les négociations sur les actions BB&B depuis la sortie de la cote ont représenté quelque 200 M$. Mais l'hypothèse la plus plausible est que ces titres ne vaudront plus rien dans quelques mois. La situation de Casino est différente évidemment puisqu'il y a un projet industriel derrière la restructuration de la dette. Mais pour le petit porteur, il y a surtout des coups à prendre à court terme.

Les investisseurs, en plus de retrouver les financiers américains, prendront connaissance aujourd’hui de la seconde lecture des indicateurs PMI des services de juin, pour avoir une idée des secteurs qui permettent à l'économie de tenir, dans la mesure où le secteur manufacturier souffre depuis des mois. Ça n'a pas très bien démarré avec un PMI Caixin chinois des services à 53,9 points, contre 57,1 points en mai et une attente moyenne à 56,2 points.

En Asie-Pacifique, la troisième séance de la semaine est morose. Le Japon cède 0,5% et la Chine s'enfonce à nouveau, avec notamment un Hang Seng qui rend 1,4%. La Corée du Sud et l'Inde tiennent mieux en évoluant autour de l'équilibre. Sydney perdait 0,33% en clôture. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers. Le CAC40 a démarré en baisse de 0,5% à 7332 points.

Les temps forts économiques du jour

Les indicateurs PMI des services pour les principales économies seront égrenés tout au long de la journée. Aux Etats-Unis, les commandes de biens durables complèteront le tableau. Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,0877 USD. L'once d'or est stable à 1924 USD. Le pétrole varie peu, avec un Brent de Mer du Nord à 75,71 USD le baril et un brut léger américain WTI à 70,79 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,84%. Le bitcoin se négocie autour de 30 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 32 à 34 CHF.
  • Abrdn : Citigroup reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 185 à 195 GBp.
  • Adyen : UBS passe d'acheter à neutre en visant 1641 EUR.
  • Aker BP : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 365 à 305 NOK.
  • Alstom : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 34 à 36 EUR.
  • Anglo American : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 3000 à 2800 GBp.
  • Antofagasta : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2000 à 1800 GBp.
  • ArcelorMittal : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 37,20 à 32,60 EUR.
  • ASML : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 785 à 825 EUR.
  • Atlas Copco : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 165 à 180 SEK.
  • Barry Callebaut : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2300 à 2200 CHF.
  • BHP : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2600 à 2700 GBp.
  • Carlsberg : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours relevé de 880 à 925 DKK.
  • CNH : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 14,80 à 15,70 EUR.
  • Commerzbank : KBW reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 14,50 à 15,50 EUR.
  • Dassault Aviation : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 200 à 209 EUR.
  • Deutsche Börse : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 188 à 190 EUR.
  • EssilorLuxottica : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer environ 205 EUR.
  • GSK : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1575 à 1525 GBp.
  • Jeronimo Martins : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 21 à 25 EUR.
  • Legrand : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 96 à 103 EUR.
  • Neste Oyj : Jefferies passe de conserver a acheté en visant 45 EUR.
  • Nexi : UBS démarre le suivi à l'achat en visant 10 EUR.
  • Getlink : J.P. Morgan démarre le suivi à surpondérer en visant 19 EUR.
  • London Stock Exchange : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 11 250 à 11 050 GBp.
  • Rio Tinto : Macquarie reste neutre avec un objectif de cours réduit de 5000 à 4900 GBp.
  • Schindler : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 205 à 230 CHF.
  • Schneider : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 175 à 185 EUR.
  • TotalEnergies : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 67 à 66 EUR.
  • Umicore : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 42 à 38 EUR.
  • Wärtsilä : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours relevé de 8,40 à 9,30 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'ex-PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn visé par un second mandat d'arrêt en France.
  • Airbus a inauguré un nouveau centre technologique au Royaume-Uni pour la production d'ailes d'avions.
  • Technip Energies signe avec Aramco un contrat de gestion de projet pour Ras Al Khair.
  • Casino a publié un comparatif des deux offres de renforcement de ses fonds propres reçues, qui comprend notamment les niveaux de dilution envisagées pour les actionnaires existants (dilution, sans surprise, allant de XXL à totale ou presque).
  • La famille aux commandes de Boiron propose une OPA simplifiée à 50 EUR par action (39,64 EUR + dividende exceptionnel de 10,36 EUR) pour sortir le dossier de la cote.
  • Aurea lance une réorganisation et un plan social au sein de sa filiale métaux et alliages Regeal.
  • Groupe Berkem signe un accord de distribution en Inde pour ses ingrédients cosmétiques avec Indchem International.
  • Ose Immuno obtient un brevet aux Etats-Unis pour protéger Tedopi jusqu'à 2037.
  • Sensorion obtient des données préliminaires positives d'efficacité dans l'étude clinique de phase IIa SENS-401.
  • Aelis Farma reçoit l’avis positif de son DSMB pour la poursuite de l'étude clinique de phase IIb avec AEF0117 dans l’addiction au cannabis.
  • La valeur nominale des actions Vergnet est réduite de 0,06 à 0,011 EUR (ce type de décision technique, en l'occurrence motivée par des pertes, permet notamment de ramener la valeur nominale du titre sous sa valeur cotée, rouvrant la voie à des augmentations de capital).
  • Pernod Ricard, Groupe Crit, Assystem, Linedata et Jacquet Metals détachent des dividendes.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Osmozis, Bluelinea, Figeac Aero

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Enel a démenti les rumeurs de projet de vente de sa participation dans la compagnie espagnole Endesa, propagées par El Confidencial.
  • Eni a l'intention de céder des actifs pétroliers, selon son administrateur délégué.
  • SIG plc prévoit des bénéfices inférieurs à ses estimations en raison d'une baisse de la demande.
  • Samhällsbyggnadsbolaget (SBB) a vendu la quasi-totalité de sa participation dans Heba Fastighets pour se désendetter.
  • Medacta réalise la première chirurgie MyPAO en Europe.
  • Une unité d'Evotec obtient un contrat de 74 M$ avec le ministère américain de la Défense.
  • Lifco va prendre le contrôle de l'italien Emilplastica.
  • Les principales publications du jour : Grenke, CropenergiesTout l'agenda ici.

Lectures