HiSilicon, le nom de la société concernée, a commencé à livrer des puces à des fabricants de caméras de surveillance cette année. Huawei a également dévoilé ces dernières semaines de nouveaux smartphones utilisant des puces avancées, qui, selon les analystes, sont fabriquées en Chine. Ces développements indiquent que le géant chinois de la technologie est en train de surmonter les contrôles à l'exportation de Washington qui, depuis 2019, lui interdisent d'obtenir des composants et des technologies auprès d'entreprises américaines sans autorisation.

"Ces puces de surveillance sont relativement faciles à fabriquer par rapport aux processeurs de smartphones", a souligné un bon connaisseur du secteur, qui pense que le retour de HiSilicon est un événement important pour ce marché, dont le Chinois détenait 60% il y a cinq ans, avant d'être contré par les mesures restrictives prises par les Etats-Unis. En mars, Huawei a annoncé avoir réalisé des percées dans les outils de conception de puces produites à 14 nanomètres et plus. Certes, le groupe a deux à trois générations de retard sur la technologie de pointe, mais c'est une avancée importante au regard du contexte.

Haut de gamme

Huawei a attiré l'attention à la fin du mois d'août en présentant le Mate 60 Pro, un nouveau smartphone qui utilise une puce avancée et qui, selon les utilisateurs, est capable d'atteindre des vitesses de 5G. L'événement a été salué par les médias d'État chinois et le public comme un retour en force des activités de Huawei dans le domaine des smartphones, après avoir été paralysées par les sanctions imposées par les États-Unis.

Le cabinet d'études TechInsights, qui a examiné le Mate 60 Pro, a constaté qu'il était équipé d'un nouveau Kirin 9000S, une puce avancée qui, selon lui, a très probablement été fabriquée en Chine par le principal fondeur de puces chinois, Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC).

Huawei n'a pas commenté les capacités 5G du téléphone ni la manière dont il a produit la puce avancée. La série Kirin a toujours été conçue par HiSilicon. Avant que les États-Unis n'imposent des sanctions à Huawei, le groupe travaillait avec Taiwan Semiconductor (TSMC), une société taïwanaise, pour la fabriquer

Ce lancement a incité les législateurs américains à exercer des pressions supplémentaires et à mettre en place des "contrôles à l'exportation plus efficaces" à l'encontre de Huawei et de la principale fonderie chinoise de puces, SMIC.

Des outils "qu'ils ne sont pas censés avoir"

Les États-Unis n'ont aucune preuve que Huawei puisse produire en grande quantité des smartphones équipés de puces avancées, a déclaré mardi la secrétaire américaine au commerce, Gina Raimondo. Les sanctions américaines ont empêché HiSilicon d'accéder aux logiciels d'automatisation de la conception électronique (EDA) de Cadence Design Systems et Synopsys, ainsi qu'à Mentor Graphics (Siemens AG). Les produits de ces trois entreprises dominent le secteur de la conception de puces, qui produit les plans nécessaires à la fabrication en série.

Dan Hutcheson, analyste chez TechInsights, a déclaré que son analyse du Mate 60 Pro et d'autres composants tels que sa puce de puissance radiofréquence suggérait également que Huawei avait accès à des outils EDA sophistiqués "qu'ils ne sont pas censés avoir". "Nous ne savons pas s'ils les ont obtenus de manière illicite ou, plus probablement, si les Chinois ont développé leurs propres outils EDA", a-t-il déclaré.