Leur histoire 

Aramis Auto a été fondée en 2001 par Guillaume Paoli et Nicolas Chartier, deux entrepreneurs souhaitant bousculer le monde de la vente et du reconditionnement automobile. Depuis, la start-up a su grandir aux côtés des plus grands. Avec le soutien de Stellantis au capital, Aramis s'est imposée dans la cour des grands avec 48 000 voitures vendues en 2020 à travers 31 agences en France. Elle compte quelque 280 000 clients. 

Mais la société ne s’est pas arrêtée là. Les acquisitions partielles de Clicars en Espagne en mars 2017, puis de Datosco en Belgique en juillet 2018 et enfin de Motordepot au Royaume-Uni en mars 2021 sont venues renforcer son offre européenne.  Aramis est donc actuellement déjà présent dans quatre pays : en France (Aramis), en Belgique (Cardoen), en Espagne (Clicars) et au Royaume-Uni (CarSupermerket). Au total, les ventes atteignent 66 000 véhicules vendus à l'échelle du continent réalisées par internet et ses 60 agences européennes. 

La valeur ajoutée d'Aramis

Alors que l’automobile pèse de plus en plus lourd dans le budget des consommateurs, les français remettent peu à peu en question leurs habitudes de consommation. La mobilité, notamment la voiture, représente selon l’Insee, le deuxième principal poste de dépense des ménages, derrière le logement et devant l'alimentation. De plus, 88% des français déclarent surveiller de près leur dépense dans ce domaine. D’après une étude de Kantar TNS réalisée en 2019, 30% des sondés disent avoir changé leurs habitudes en matière de déplacement pour des raisons budgétaires. A 25.000€ (le prix d’un véhicule neuf moyen), 51% des répondants affirment qu’ils ont été contraints de revoir leurs ambitions à la baisse” et 38% estiment que “l’achat d’un véhicule d’occasion récent représente la “meilleure affaire auto”. C’est ce qui se retrouve dans les chiffres. La part de marché de la vente de véhicules d’occasion en France en 2019 s’élève à 62,3%, s’est stabilisée en 2020 et reprend de plus belle en cette première moitié d’année. Aramis profite évitement de cette embellie. 

Là où Aramis tire son épingle du jeu par rapport à ses concurrents, c’est au niveau de son offre. La société propose un service de reconditionnement avec une offre variée, des garanties “zéro frais d'entretien" et "satisfait ou remboursé", très prisées des consommateurs du marché de l’occasion. Sa proposition de valeur différenciante par une approche commerciale axée sur l'utilisation fine des données via une plateforme efficiente et verticalement intégrée, permet à l’entreprise d'améliorer à chaque instant la pertinence de son offre. 

Le marché du reconditionnement profite de la difficulté d’accès aux véhicules neufs pour une part grandissante de la population. Toutefois, si Aramis n’a pas inventé la roue avec la réparation de véhicules, elle l’a rendue bien plus efficiente en centralisant le tout dans son atelier géant dans la Drôme et en fluidifiant le parcours de l’auto dans sa prise en charge telle une machine bien huilée. La société ne change que les pièces qui doivent l’être (contrairement aux garages traditionnels car les frais de remise à niveau sont généralement pris en charge par les assureurs après un accident). Résultat : Aramis est six fois plus rapide qu’un garage traditionnel avec un coût 30% inférieur. 

Le business a aussi une vertu écologique en prolongeant la vie des voitures, tout comme c’est le cas pour les reconditionneurs de smartphones. En réparant plutôt qu’en remplaçant, l’entreprise s’attire aussi les faveurs des gouvernements, notamment en France où Aramis pourrait bénéficier du projet de loi “pour une économie circulaire". 

L’entreprise se place en leader en France, en Belgique et en Espagne. Le réseau, le maillage territorial des agences et la plate-forme en ligne considérée comme une référence en France constituent un avantage compétitif difficilement reproductible par un nouvel entrant. 

Son introduction en bourse 

Aramis Group vise pour son introduction à la Bourse de Paris une fourchette de prix entre 23 euros et 28 euros par action. Le groupe espère ainsi atteindre une capitalisation boursière comprise entre 1,9 milliard d'euros et 2,3 milliards d'euros à la suite de sa première journée de cotation prévue le 18 juin 2021. L'action cotera sous le code ISIN FR0014003U94 et le mnémonique ARAMI. 

Pour son entrée en Bourse, Aramis va émettre des actions nouvelles pour un montant d'environ 250 millions d'euros. Des actions existantes vont également être cédées, ce qui porte le montant total levé entre 446 millions et 481 millions d'euros.

L'actionnaire majoritaire est la société Automobiles Peugeot S.A., filiale à 100% de Stellantis NV. Stellantis, qui détient près de 70% du capital. Il ne cédera pas d'actions dans le cadre de cette opération et conservera une participation majoritaire. Les deux fondateurs du groupe cèderont des actions mais resteront les deuxièmes principaux actionnaires derrière Stellantis. 

L’entreprise ambitionne d’être LE leader européen sur le marché de la vente et du reconditionnement automobile grâce à cette levée de fonds. L’objectif principal de cette introduction est d’étendre son réseau sur de nouveaux pays avec des acquisitions ciblées dans des zones géographiques à fort potentiel de croissance (l'Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne pourraient être des marchés porteurs pour le groupe). 

Si vous souhaitez souscrire à cette offre, la clôture se fera le 16 juin à 20h pour les achats via Internet. La fixation du prix de l'offre se fera quant à elle le lendemain. Aramis précise que le début des négociations des actions sur le marché réglementé d'Euronext Paris est prévu le 18 juin 2021 sous forme de promesses d'actions avec un règlement-livraison prévu le 21 juin 2021. 

Les risques 

Les introductions en bourse sont de manière générale plus risquées pour les petits porteurs pour plusieurs raisons : l'opacité des perspectives par rapport aux informations à disposition, la volatilité de l'action lors des premières semaines et la possible surévaluation du titre lors de sa première cotation. Je vais tenter de débroussailler le schmilblick pour vous.

Parmi les premiers risques, je vois la cession d'un nombre important d'actions par les principaux actionnaires à l'issue de la période de conservation, ce qui pourrait avoir un impact défavorable sur le prix de marché. Nicolas Chartier et Guillaume Paoli, les cofondateurs, verront leur participation respective passer de 13% à 8% (et éventuellement 7% si la demande du public est forte). Ils resteront donc des actionnaires importants de leur société, toujours appréciable pour les investisseurs. 

Il existe également le risque lié au secteur d'activité du groupe, fortement corrélé au sujet de l’inflation, de l’augmentation des coûts du fret et des problèmes d’approvisionnement en semi-conducteurs. En effet, la pénurie actuelle qui se prolonge favorise le marché de l’occasion. Mais jusqu’à quand ? Cependant, ce dernier peut compter sur une tendance de fonds favorable avec une demande croissante du reconditionnement automobile. 

Les marges réalisées par l’ensemble des acteurs du secteur, dont Aramis, sont plutôt faibles. Aramis réalise une marge brute proforma par véhicule vendu de 2322 euros (soit environ 9,2% pour le prix moyen des véhicules vendus), ce qui ne lui donne pas une grande force pour investir largement dans de nouveaux projets. 

Enfin les politiques gouvernementales de normalisation des véhicules polluants ou non conformes aux nouvelles réglementations pourraient réduire le scope de véhicules entrants dans leur marché de revente. 

Le marché 

Parlons-en. Le marché de l’occasion pèse lourd en Europe ; près de 410 milliards d’euros en 2020, et est fragmenté entre de nombreux acteurs. Aramis Group fait face à de nombreux concurrents comme Auto1 Group SE (AG1) qui ont lancé leur plateforme AutoHero en Allemagne, D’Ieteren en Belgique ou encore Cazoo qui souhaite s’introduire via le SPAC AJAX I. Côté US, on retrouve également Vroom Inc (VRM) et Carvana

Finance et valorisation 

La société affiche une croissance annualisée impressionnante d'environ 30% entre 2003 et 2020. Rares sont les entreprises réussissant à maintenir une forte croissance de leurs ventes sur une telle période. Aramis vise un chiffre d’affaires d’1,5 milliard d’euros pour 2021, 3 milliards pour 2025 et près de 6 milliards en 2030 tout en augmentant sa marge d’Ebitda de 4,4% à 9% d’ici là. 

Pour une capitalisation prévue entre 1,9 et 2,3 milliards d’euros, nous pouvons estimer sa valorisation au regard des ratios classiques d’estimation de la juste valeur d’une entreprise du même secteur. Avec un chiffre d'affaires prévisionnel de 1,25 milliard d’euros en 2021, l’entreprise se paie environ 1,68 fois son chiffre d’affaires. Aramis enregistre une valorisation dans la moyenne du marché en regardant ses ventes et affiche une meilleure santé financière que ses concurrents directs. 

Comparaison du rapport P/S (capitalisation rapportée au chiffre d'affaires) avec ses concurrents :
aramis price to sell
Source : Zonebourse.com
Son bilan : 
aramis compte de resultat
Source : Zonebourse.com

Pour une marge d’EBITDA comprise entre 2,7% et 2,9%, et au vu de son bilan comptable, son ratio VE/EBITDA est supérieur à 50. Un ratio élevé mais moins que ces concurrents qui sont souvent dans le rouge car non rentables à ce jour. 

Évolution du chiffre d'affaires et de la marge EBITDA du groupe jusqu'à 2030 (estimation) : 

aramis marge ebitda
Source : Zonebourse.com

Au regard de sa croissance importante et régulière, la valorisation de l’entreprise ne nous paraît pas excessive, d’autant plus dans un marché très bien valorisé. 

Récapitulatif des forces et faiblesses  

Les plus : 

  1. Un avantage opérationnel par rapport à des concurrents fragmentés. 
  2. Une valorisation acceptable au regard de ses concurrents. 
  3. Porté par une tendance long terme du marché de l’occasion. 
  4. Soutien d’un grand groupe au capital (Stellantis) et un management actionnaire. 

Les moins : 

  1. Les faibles marges du secteur. 
  2. De nouveaux entrants sur le marché. 
  3. Les politiques gouvernementales pouvant affecter le business.