Buenos Aires (awp/afp) - Après plus de trois mois d'âpres négociations, le gouvernement argentin a annoncé mardi être parvenu à un accord avec ses créanciers pour la restructuration de 66 milliards de dollars de dette.

L'Argentine a conclu un accord avec les trois groupes de créanciers qui refusaient jusqu'ici son offre, ce qui constitue "un soulagement significatif" pour le pays, a souligné le ministère argentin de l'Economie dans un communiqué, alors que la date limite des négociations était fixée à ce mardi 21H00 GMT.

"L'Argentine ajustera certaines dates de paiement" par rapport à l'offre originale du gouvernement, ce qui implique des paiements en janvier et non en mars de chaque année comme prévu initialement, précise le communiqué.

Les trois groupes de créanciers - Exchange Bondholders, Ad Hoc et Argentina Creditor Committee - avaient refusé fin juillet la dernière proposition du gouvernement du président Alberto Fernandez pour cette restructuration.

Les discussions, en cours depuis le 20 avril, concernaient des obligations datant de 2005 et 2010, produits d'une restructuration précédente, ainsi que de nouveaux titres émis à partir de 2016.

Buenos Aires proposait notamment de payer 53,5 dollars de recouvrement pour chaque tranche de 100 dollars de la valeur nominale des obligations. Les créanciers exigent 56,5 dollars.

Le nouvel accord prévoit le recouvrement par les créanciers de plus de 54 dollars par tranche de 100, et améliore les délais de paiement, a déclaré une source officielle à l'AFP.

Cette amélioration permet "de faire avancer les paiements sans céder sur le bénéfice économique", affirme l'analyste Sebastian Maril à l'AFP.

"La question économique est résolue, il reste à voir les aspects légaux en détail", ajoute-t-il.

Mauvaise posture

Cet accord est le fruit de trois mois de discussions particulièrement tendues. Les trois groupes de créanciers avaient annoncé la semaine dernière qu'ils refusaient l'offre de l'Argentine.

Ils avait menacé d'exercer leur droit de veto, assurant représenter plus de la moitié des détenteurs d'obligations émises sous législation étrangère.

Malgré les désaccords, le gouvernement et les créanciers avaient fermement établi qu'ils désiraient éviter les conséquences d'un défaut de paiement prolongé.

L'Argentine était en effet en défaut de paiement depuis le 22 mai, date à laquelle était dû le paiement d'intérêts de 500 millions de dollars sur trois des obligations faisant l'objet des discussions. Malgré le défaut, les négociations ont continué.

La semaine dernière, le pays sud-américain n'a pas honoré le paiement de 600 millions de dollars d'intérêts supplémentaires sur deux autres obligations en cours de restructuration.

L'Argentine est en mauvaise posture avec une inflation de plus 50% sur l'année et un taux de pauvreté record.

La dette totale de l'Argentine s'élève à 324 milliards de dollars, soit 90% du PIB.

L'économie argentine est en récession depuis 2018 et souffrira encore davantage cette année en raison de la pandémie de Covid-19, avec une contraction annoncée de 9,9 % du Produit intérieur brut, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international.

Le pays doit également négocier un nouveau programme avec le FMI auprès duquel il a souscrit un prêt de 57 milliards de dollars, dont 44 millions ont effectivement été décaissé.

Autre dossier épineux, la dette émise sous législation nationale de 41,7 milliards de dollars, dont les paiements ont été pour l'heure différés au 31 décembre 2021.

afp/rp