(Actualisé avec décision de S&P)

BUENOS AIRES, 16 août (Reuters) - Fitch Ratings et Standard & Poor's ont annoncé vendredi avoir abaissé la note souveraine de l'Argentine après les turbulences financières provoquées par la lourde défaite du président Mauricio Macri aux élections primaires la semaine dernière, qui ont fragilisé la situation financière du pays et font craindre une aggravation de la récession.

Fitch a réduit sa note de B à CCC et S&P a ramené la sienne de B à B- avec une perspective négative qui implique la possibilité d'une nouvelle baisse.

Les résultats des primaires organisées le week-end dernier ont placé largement en tête le candidat de l'opposition, Alberto Fernandez, avec 47,65% des suffrages, soit plus de 15 points d'avance sur Mauricio Macri, un écart qui lui permet d'espérer une victoire dès le premier tour de la présidentielle d'octobre.

Cette victoire surprise a fait perdre au peso argentin jusqu'à 30% de sa valeur lundi tandis que la Bourse de Buenos Aires s'effondrait de plus de 37%, la pire performance de son histoire.

Sur l'ensemble de la semaine, le peso s'est déprécié de près de 18% face au dollar et l'indice boursier Merval a cédé 31,4%, tandis que le coût d'une garantie contre un risque de défaut de l'Argentine sur sa dette s'envolait. La crise a obligé la banque centrale à puiser dans ses réserves de change pour défendre la monnaie.

Mercredi, Mauricio Macri a annoncé un relèvement du salaire minimum, un gel temporaire des prix des carburants et une série d'allègements d'impôts.

Dans un communiqué, Fitch explique que la probabilité accrue d'une élection d'Alberto Fernandez alimente les doutes sur l'avenir du plan d'aide du Fonds monétaire international (FMI) à l'Argentine, conditionné à des mesures d'austérité.

Le fait que la colistière d'Alberto Fernandez soit l'ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner, une opposante de longue date au plan du FMI, ne fait qu'accroître ces doutes, ajoute l'agence.

S&P précise de son côté qu'elle pourrait de nouveau abaisser la note attribuée à l'Etat argentin d'ici 12 à 18 mois si l'accès aux financements du FMI était compromis ou si les tensions économiques et financières continuent de monter.

Fitch prévoit désormais une contraction de 2,5% de l'économie argentine cette année, contre 1,7% seulement auparavant, et estime que la dette publique pourrait atteindre 95% du produit intérieur brut (PIB). Elle s'attend à une stagnation du PIB en 2020.

De son côté, S&P table pour cette année sur une contraction de 2,3% cette année et une accélération de l'inflation à 55%, et n'attend plus que 0,5% de croissance l'an prochain, contre 2,2% jusqu'à présent.

(Gabriel Stargardter; Marc Angrand pour le service français)