* La résolution adoptée à l'unanimité

* Le texte salue la trêve sans l'entériner

* Ultimatum des rebelles pour l'arrêt de combats près de Damas

* Incertitudes sur les mouvements exclus de la trêve

par John Davison

BEYROUTH, 31 décembre (Reuters) - Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté samedi à l'unanimité une résolution saluant l'accord de cessez-le-feu conclu en Syrie sous l'égide de la Russie et de la Turquie, mais plusieurs mouvements rebelles ont menacé de ne plus s'y tenir si le gouvernement continue à le violer.

La trêve, troisième du genre à l'échelle nationale depuis le début de l'année, est entrée en vigueur vendredi à 00h00 en Syrie. Des accrochages et des raids aériens ont toutefois été signalés depuis. Selon les rebelles, les forces gouvernementales cherchent notamment à s'emparer du secteur de Wadi Barada, au nord-ouest de la capitale.

"Les violations constantes par le régime et les bombardements et tentatives de zones contrôlées par les forces révolutionnaires rendront l'accord nul et non avenu", peut-on lire dans un communiqué signé par les membres l'Armée syrienne libre (ASL), qui rassemble des groupes armés dits modérés.

L'armée et les milices qui lui prêtent mains fortes, notamment le Hezbollah libanais, massent des effectifs dans le secteur en vue d'une offensive terrestre, disent les insurgés et leurs représentants politiques. L'état-major syrien n'a pas communiqué sur le sujet depuis le lancement des opérations dans cette zone, la semaine dernière.

Dans un autre communiqué, les membres de l'ASL somment la Russie, dont l'implication militaire a fait basculer le rapport de force en faveur de Damas, d'user de son influence auprès du gouvernement pour empêcher une offensive à Wadi Barada. Si rien n'est fait avant 20h00 (18h00 GMT), ils affirment qu'ils ne seront plus tenus par la trêve.

Deux représentants des rebelles ont par la suite annoncé que les raids aériens avaient cessé à Wadi Barada juste avant 20h00 et que le cessez-le-feu tenait toujours, bien que les accrochages se poursuivent.

ZONES D'OMBRE

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé que des combats se déroulaient dans le secteur, d'où provient l'essentiel de l'eau potable de la capitale. L'organisation proche de l'opposition signale en outre des bombardements de l'armée dans les provinces méridionales de Kouneitra et de Deraa.

Le ministère russe de la Défense avait imputé la veille douze violations du cessez-le-feu aux rebelles. Les combats signalés vendredi ont eu lieu pour l'essentiel à la limite entre les provinces de Hama et d'Idlib, dans le Nord-Ouest.

L'OSDH parle samedi d'une accalmie et juge que la trêve parrainée par la Russie et la Turquie n'est plus menacée. Les Etats-Unis ont pour la première fois été tenus à l'écart des négociations.

Selon le communiqué des membres de l'ASL, l'opposition et le gouvernement ont, semble-t-il, signé deux versions différentes de l'accord de cessez-le-feu. L'une ne mentionne pas "un certain nombre de points essentiels qui ne sont pas négociables", disent-ils, sans préciser sur quoi portent les points en question.

L'ASL avait invité le Conseil de sécurité à attendre que le gouvernement syrien et la Russie aient fait la preuve de leur bonne foi avant d'approuver l'accord.

La résolution votée en dépit de cette mise en garde a été modifiée à la dernière minute pour emporter l'adhésion de certains Etats membres. Le texte russe original proposait d'entériner l'accord alors que la version approuvée le salue et le soutient, a-t-appris de sources diplomatiques.

Elle salue par ailleurs la conférence de paix prévue dans le cadre de l'accord, qui doit avoir lieu à Astana avant la reprise, le 8 février, des discussions organisées à Genève par les Nations unies.

Après le vote, plusieurs diplomates se sont félicités de la cessation des hostilités, mais ont regretté sa fragilité et les zones d'ombres qui entourent l'accord.

Un certain flou règne notamment au sujet des mouvements exclus du cessez-le-feu. Selon l'armée syrienne, le Front Fatah al Cham, ex-Front al Nosra, n'est pas concerné, ce que contestent plusieurs chefs rebelles.

La France, dit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, "souhaite désormais que ce cessez-le-feu soit pleinement respecté, afin de préserver la vie des civils et de permettre un plein accès de l'aide humanitaire".

"L'urgence est aussi que les négociations politiques reprennent sous l'égide des Nations Unies, sur la base du communiqué de Genève et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La France y prendra toute sa part", ajoute-t-il. (Avec Bozorgmehr Sharafedin à Beyrouth, Polina Devitt à Moscou, Yeganeh Torbati à Washington et Michelle Nichols à New York; Jean-Philippe Lefief pour le service français)