Si vous vous rappelez de ce que j’ai écrit la veille grâce à mon diplôme de psychologue de marché de comptoir de niveau deux, vous n’allez pas être trop surpris par la tournure prise par les événements. Pour les distrait(e)s et les absent(e)s, j’avais souligné qu’un chiffre d’inflation un peu plus robuste que prévu aux Etats-Unis en septembre constituerait un excellent test de libido pour des investisseurs qui ont sabré le champagne en avance, avec la complicité des commentaires complaisants des banquiers de la Fed depuis le début de la semaine. Il s'avère que l'inflation a effectivement donné quelques signes de vigueur et que le test de libido a échoué : les investisseurs ont pris un peu peur et Wall Street a perdu du terrain. Rien de grave, mais une contraction de l'ordre de 0,5% pour le S&P500 et de 0,4% pour le Nasdaq 100. Si les chiffres avaient été dans la moyenne ou inférieurs aux attentes, tous les ingrédients étaient réunis pour une fin de semaine orgiaque. C'est un peu raté, et je vais essayer de vous expliquer pourquoi.

L'inflation américaine de septembre était un peu plus élevée que prévu (0,4% sur le mois et 3,7% sur un an, au lieu de 0,3% et 3,6%). L'inflation de base, hors éléments les plus volatils, était en revanche conforme aux attentes (0,3% sur le mois et 4,1% sur un an). "L'évaluation par le marché de la possibilité d'une hausse des taux d'ici décembre a légèrement augmenté, mais nous doutons qu'elle se produise" estime James Knightley d'ING. Pour autant, la statistique a un peu cassé le scénario ciel bleu bâti par le marché et renforcé par la nouvelle communication guimauve des membres de la banque centrale américaine cette semaine. Leur nouvelle marotte ? Comme les rendements obligataires montent plus vite que ce qu'elle prévoyait, la Fed pourrait être dispensée de la dernière hausse de taux qu'elle avait envisagée. Des gens très compétents trouvent cette approche un peu osée, mais comme personne n'a de boule de cristal, surtout en économie, l'avenir dira qui avait raison. En attendant, le petit regain d'inflation a empêché les investisseurs de lâcher la bride hier.

En Europe, les indices sont partis dans tous les sens hier avec du vert à Londres, à Milan et, encore, à Copenhague ou la Novo Nordisk-mania ne se dément pas. Paris déprime avec son secteur du luxe qui rentre dans le rang. Quelques mots sur le marché français d'ailleurs, via un sujet pas très jouasse, ni un sujet très novateur d’ailleurs puisque j’en ai déjà parlé à de nombreuses reprises depuis 20 ans que je me lève trop tôt pour écrire des âneries financières. Mais bordel, pourquoi les gens s’acharnent-ils à acheter des actions vouées à tendre vers zéro ? Je me faisais cette réflexion hier après-midi en constatant que Casino et Orpea se tiraient la bourre pour passer sous la barre de 1 euro, cette frontière symbolique qui fait tomber une action dans la catégorie que les anglo-saxons appellent les penny stocks, ces titres qui ne valent plus grand-chose, à part l’illusion de ne pouvoir que monter, puisqu’ils sont si près du fond. Mais le tonneau des Danaïdes n’a pas de fond, et une action qui vaut 1 EUR peut très bien perdre 90% de sa valeur en reculant à 0,10 EUR. Les investisseurs qui sont sourds aux avertissements sur les sociétés qui pratiquent les financements dilutifs en savent quelque chose.

Ceux qui cherchent à faire des coups sur Orpea ou Casino sont surtout là pour en prendre, des coups. Le dernier papier que nous avons publié sur Orpea hier citait en préambule le verbatim du paragraphe qui accompagne la dernière annonce de la société, dans lequel il est mentionné noir sur blanc que sa recapitalisation provoquera une forte dilution, qui pourrait conduire à une baisse significative du cours de bourse, lequel pourrait devenir inférieur à 0,02 EUR. Le diable se cache dans ce double conditionnel. Dans les faits, l’action a perdu 80% de sa valeur depuis le 1er janvier, après en avoir déjà abandonné 93% en route en 2022. Hier, la société a annoncé que ses performances opérationnelles seront plus faibles que prévu cette année, ce qui ne fait pas les affaires des incorrigibles optimistes du rebond.

Chez Casino, même combat, à ceci près que le distributeur est mieux placé qu’Orpéa pour remporter le penny stock challenge. 1,09 EUR à la cloche hier contre 1,299 EUR à l’exploitant de maisons de retraites. Casino sera probablement sauvé, mais la date butoir des négociations ne cesse d’être déplacée, signe que les tractations sont tendues. Là aussi, le prix du sauvetage sera payé par les actionnaires. Car quand une société n’a presque aucun moyen de rembourser sa dette, les créanciers exigent à minima la transformation de leurs avoirs en actions, histoire de disposer d’un actif plus liquide pour sauver les meubles, quitte à ne récupérer qu’une fraction de leur mise. "L'argent encore, rien qu'un espoir d'argent, suffisait au bonheur de ces pauvres créatures", écrivait Zola dans L'Argent justement, il y a plus de 130 ans. Alors par pitié, ne soyez pas ces "pauvres créatures", ne tombez pas dans le piège des entreprises qui sont gérées par et pour des créanciers et non des actionnaires.

Le reste de l'actualité est dominé par la Chine dans le volet économique. Dans le pays en septembre, l'import (-6,2%) et l'export (-6,2%) continuent à se contracter, mais un peu moins que prévu. Les prix à la production (-2,5%) ont en revanche plus baissé que ce qui était attendu, tandis que l'inflation annuelle est descendue à 0, encore moins que la prévision moyenne déjà riquiqui des économistes (+0,2%). La convalescence du patient chinois n'est manifestement pas finie et le pays se débat avec l'absence de l'inflation quand les autres sont en lutte contre son omniprésence. Jusqu'à des cas extrêmes d'ailleurs, à l'image de l'Argentine qui a relevé son taux directeur de… 117 à 133%, alors que l'inflation annuelle dans le pays a atteint 138,3% en septembre. Pour en revenir à la Chine, les indices locaux avaient rebondi hier après l'annonce d'un renforcement du fonds souverain Central Huijin Investment dans cinq grandes banques du pays. Ce matin, la dernière rumeur en date fait état d'une réflexion menée à Pékin sur la création d'un autre fonds dit de stabilisation, qui pourrait intervenir sur les marchés actions pour les soutenir. Je suis sûr que les fondateurs du PCC chinois n'avaient pas prévu dans les statuts de leur pays que des fonds publics pourraient servir à créer un courant acheteur artificiel destiné à soutenir un marché boursier capitaliste. Ailleurs, quelques discours de banquiers centraux sont au programme dans l'après-midi : Christine Lagarde pour la BCE et Patrick Harker (plutôt neutre à tendance colombe) pour la Fed.

Au niveau politique, Steve Scalise, le candidat républicain au poste de speaker de la Chambre des représentants, a retiré sa candidature hier soir, ce qui ne fera rien j'imagine pour arranger l'instabilité qui règne au sein du parti républicain aux Etats-Unis. Au Proche-Orient, Israël a ordonné l'évacuation de 1,1 million d'habitants du nord de Gaza sous 24h00, avant d'y mener des opérations militaires d'ampleur.

L'enthousiasme se modère en Asie pour la dernière séance hebdomadaire. Tokyo et Shanghai rendent 0,6%, tandis que Hong Kong rechute de 2%, effaçant ses gains de la veille. La Corée, l'Inde, Taiwan et l'Australie bouclent aussi leur semaine en baisse. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers. Le CAC40 perdait 0,2% à l'ouverture (7092 points) et le SMI 0,16% (10 962 points).

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle européenne (11h00) et l’indice de confiance de l’Université du Michigan aux Etats-Unis (16h00) sont les deux temps forts de la journée. Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,0545 USD. L'once d'or s'échange 1874 USD. Le pétrole remonte un peu, avec un Brent de Mer du Nord à 86,50 USD le baril et un brut léger américain WTI à 83,54 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 4,67%. Le bitcoin s'échange 26 760 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 21 EUR à 22 EUR.
  • Admiral : Keefe Bruyette & Woods passe de sousperformance à surperformance avec un objectif de cours relevé de 1705 GBX à 2560 GBX.
  • Aéroports de Paris : JP Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours réduit de 118 EUR à 115 EUR.
  • Air Liquide : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 189 EUR à 188 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 153 EUR à 152 EUR.
  • Allfunds : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 7,60 EUR à 7,50 EUR.
  • AP Moller : SEB Bank maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 10900 DKK à 11100 DKK.
  • Bayer : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 78 EUR à 71 EUR.
  • BNP Paribas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 90 EUR à 89 EUR.
  • Bonheur : SEB Bank maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 365 NOK à 340 NOK.
  • Credit Agricole : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 13,30 à 13 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours relevé de 12,80 EUR à 12,90 EUR.
  • Davide Campari : Oddo BHF passe de neutre à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 8,10 EUR à 11,20 EUR.
  • Deliveroo : JP Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 113 à 142 GBX.
  • Diageo : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 3040 GBX à 3440 GBX.
  • DSV : SEB Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 1510 DKK à 1375 DKK.
  • Dufry : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 61 CHF à 62 CHF.
  • EasyJet : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 630 GBX à 600 GBX.
  • Encavis : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne avec un objectif de cours de 14,50 EUR.
  • Eutelsat : Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne et réduit l'objectif de cours de 7,50 EUR à 6 EUR.
  • Heidelberg Materials : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 89 EUR à 96 EUR.
  • Holcim : Goldman Sachs passe de vendre à neutre avec un objectif de cours relevé de 48 CHF à 57 CHF.
  • Infineon : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 49,50 EUR à 47,50 EUR.
  • Just Eat Takeaway : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 1509 à 1086 GBX.
  • Klépierre : HSBC passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 28 EUR à 26 EUR.
  • Knorr-Bremse : Citi maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 76 EUR à 73 EUR.
  • Leonardo : Bernstein démarre le suivi à performance de marché avec un objectif de cours de 15,50 EUR.
  • Lonza : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 540 CHF à 510 CHF.
  • LVMH : Citi maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 882 EUR à 825 EUR.
  • MorphoSys : Morgan Stanley passe de souspondérer à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 13,50 EUR à 35 EUR.
  • Pernod Ricard : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 217 EUR à 198 EUR.
  • Publicis : Morningstar maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 79 EUR à 80 EUR.
  • QT Group : SEB Bank passe d'une recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours réduit de 69 EUR à 68 EUR.
  • Remy Cointreau : Oddo BHF passe de sousperformance à surperformance avec un objectif de cours réduit de 131 EUR à 129 EUR.
  • Subsea 7 : Jefferies passe de sousperformance à achat avec un objectif de cours relevé de 90 NOK à 170 NOK.
  • Tomra : DNB Markets maintient sa recommandation de vente et augmente l'objectif de cours de 140 NOK à 100 NOK.
  • VAT Group : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 420 CHF à 410 CHF.
  • passe de souspondérer à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 13,50 EUR à 35 EUR.
  • Pernod Ricard : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 217 EUR à 198 EUR.
  • Publicis : Morningstar maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 79 EUR à 80 EUR.
  • QT Group : SEB Bank passe d'une recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours réduit de 69 EUR à 68 EUR.
  • Remy Cointreau : Oddo BHF passe de sousperformance à surperformance avec un objectif de cours réduit de 131 EUR à 129 EUR.
  • Subsea 7 : Jefferies passe de sousperformance à achat avec un objectif de cours relevé de 90 NOK à 170 NOK.
  • Tomra : DNB Markets maintient sa recommandation de vente et augmente l'objectif de cours de 140 NOK à 100 NOK.
  • VAT Group : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 420 CHF à 410 CHF.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Sartorius Stedim Biotech réduit ses prévisions pour l'année 2023, après la baisse de son chiffre d'affaires sur neuf mois.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Moody's a confirmé la note crédit Baa3 d'Alstom et a modifié la perspective de stable à négative.
  • Capgemini va racheter jusqu’à 3,2 millions d’actions ou 640 M€ pour neutraliser l’effet de son plan d’actionnariat.
  • Vinci enregistre une hausse de 21% du trafic de passagers aériens au T3.
  • Thales signe un accord satellitaire pour renforcer le partenariat stratégique entre la France et la Mongolie.
  • La CMA britannique autorise le rachat d'Activision par Microsoft, ce qui devrait valider l'opération avec Ubisoft.
  • Frey rachète à Unibail le centre Polygone Riviera à Cagnes-sur-Mer pour 272,3 M€.
  • McPhy annonce la levée de la suspension du projet CEOG, qui a été formellement notifiée par Siemens Energy.
  • Le CHMP rend un avis favorable pour l’AMM d’Elucirem (Guerbet) pour les adultes et enfants de 2 ans et plus pour l’imagerie par résonance magnétique avec rehaussement de contraste.
  • Cellectis et l'Institut Imagine publient une étude de preuve de concept d'un candidat produit de chirurgie génique pour traiter le syndrome de la phosphoinositide 3-Kinase activée de type 1.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Roctool, Wallix, Gevelot, Euromedis

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures