Les marchés boursiers européens ont légèrement flanché hier, sauf Londres et Milan qui sont parvenus à conserver une légère avance en clôture. Aux Etats-Unis, les trois indices ont poursuivi leur ascension pour une quatrième séance consécutive de rebond. La petite divergence constatée entre les deux côtés de l'Atlantique s'explique par les dernières données macroéconomiques publiées. En Europe, l'Allemagne et l'Espagne ont fourni les premières tendances de l'inflation d'août. Outre-Rhin, la décrue se poursuit, mais à un rythme plus lent qu'escompté (6,1% de hausse des prix sur un an). En Espagne, l'évolution des prix à la consommation est plus mesurée, 2,6%, mais elle confirme une reprise à la hausse, alors qu'elle était passée sous la barre de 2% en juin. Les deux statistiques ont entraîné une légère révision en hausse des pronostics de hausse de taux de la BCE lors de la réunion du 14 septembre prochain. Je ne reviens pas sur ce que j'ai écrit hier à ce propos, mais les hausses de taux ne sont pas très appréciées des boursiers du côté de Francfort, Paris ou Madrid. Tout est une question de curseur : la banque centrale doit le faire évoluer subtilement entre deux extrêmes, l'hyper-inflation d'un côté et la mise à l'arrêt de l'économie de l'autre.

Aux Etats-Unis, l'équation de base est identique, mais les statistiques commencent à aller davantage vers la modération de l'activité économique, donc une moindre nécessité pour la Fed d'appliquer une politique de taux restrictive. Wall Street a ainsi progressé mercredi grâce à un rapport ADP sur l'emploi qui laisse entendre que le marché du travail est (un peu) moins en surchauffe. En parallèle, le PIB du T2 a été révisé en légère baisse dans sa dernière estimation, ce qui a contribué à entretenir le climat de statistiques inférieures aux attentes. L'outil FedWatch du CME, qui piste l'évolution future des taux, vient de passer sous la barre de 50% de probabilité d'une nouvelle hausse de taux cette année aux Etats-Unis : l'hypothèse que les financiers jugent la plus favorable pour les marchés actions prend donc un peu plus de poids.

Pour continuer dans les actualités-pas-marrantes-mais-bon-il-faut-en-parler, il y a toujours un truc qui cloche avec les statistiques chinoises, et ce depuis des mois. Dès qu'un signe de redressement apparaît quelque part, un autre pan de l'économie déçoit. Nouvelle illustration cette nuit, avec des indices PMI qui sont restés faibles en Chine. L'indicateur d'activité manufacturière est un peu plus solide que prévu, à 49,7 points, mais il reste en zone de contraction pour le cinquième mois consécutif. Le PMI des services recule, lui, à 51. C'est un bon niveau pour le pastis, mais moins pour la dynamique, surtout quand le chiffre est inférieur aux anticipations. L'irruption du pastis est bizarre mais pas totalement anodine, vous verrez pourquoi plus bas.

Pour poursuivre dans l'austérité des données macroéconomiques, elles vont encore dominer la séance avec beaucoup de chiffres aux Etats-Unis, en particulier l'inflation PCE, qui est suivie de près par la banque centrale américaine parce qu'elle représente les prix des biens et services payés et consommés uniquement par les particuliers. En Europe, c'est l'inflation de la zone euro en août à 11h00 qui mènera le bal, même si les données fournies hier par l'Allemagne et l'Espagne donnent quelques indications sur la teneur des chiffres (le consensus est à 5,1% de hausse des prix annuelle, et à 5,3% pour l'inflation sous-jacente).

Bon, sortons un peu de cette avalanche de chiffres "macro". On peut se tourner ce matin vers les résultats de Salesforce aux Etats-Unis (bien accueillis hier soir) et ceux d'UBS ce matin en Europe. La banque aux trois clefs a utilisé la première pour fermer le Crédit Suisse, la seconde pour ouvrir un plan d'économies et la troisième pour sécuriser un bénéfice record. Plus en détail, je veux dire que la marque Crédit Suisse, qui était en ballotage défavorable, va totalement disparaître. Ensuite, qu'UBS va réduire ses coûts de 8,8 MdsCHF. Enfin, que la banque a dégagé 28,9 Mds$ de bénéfice net au second trimestre, grâce à un gain comptable de 29 Mds$ sur la reprise du Crédit Suisse. On dirait que malgré ses réticences initiales, peut-être destinées à émouvoir les autorités helvétiques pour obtenir des conditions très favorables, UBS n'a pas fait une mauvaise affaire. Pernod Ricard a publié des résultats annuels en hausse pour l'exercice clos fin juin, mais le début du nouveau millésime est moins prometteur, a concédé le géant français des boissons. Moins de pastis pendant l'été, histoire de faire un lien capillotracté avec le PMI chinois.

Dans l'actualité géopolitique, c'est le coup d'Etat au Gabon qui a provoqué quelques remous hier à la Bourse de Paris. Pays réputé stable, le Gabon abrite de nombreux intérêts français et occidentaux. Les parcours d'Eramet, Maurel ou TotalEnergies EP Gabon hier illustrent une nouvelle fois la prime de risque géopolitique. Affaire à suivre.

En Asie Pacifique ce matin, le Japon redevient inarrêtable avec un gain de près de 1% pour le Nikkei 225, quatrième séance de hausse consécutive. La Chine repart en baisse d'environ 0,5% à la fois pour le Hang Seng et pour le CSI300. Baisses aussi en Corée du Sud et en Inde. L'Australie boucle sur de légers gains. Les indicateurs avancés européens sont indécis, avec un mini biais haussier autour de 8h00. La séance a démarré en baisse de 0,1% à 7357 points pour le CAC40, après de léger gains initiaux. Le SMI gagnait 0,25% à 11 117 points, tracté par UBS.

Les temps forts économiques du jour

Outre les indicateurs PMI chinois (03h30) et l'inflation européenne d'août (11h00), les marchés se focaliseront sur l'avalanche de données étasuniennes, dont l'inflation PCE et les revenus et dépenses des ménages (14h30). L'étude Challenger sur les licenciements (13h30) et les inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30) sont aussi au programme. Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie autour de 1,0921 USD. L'once d'or remonte à 1945 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 85,22 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,47 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 4,11%. Le bitcoin se négocie autour de 27 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AFC Energy : RBC démarre le suivi à surperformance en visant 40 GBp.
  • Aixtron : Barclays reprend le suivi à surpondérer en visant 42 EUR.
  • AMS-Osram : Barclays reprend le suivi à souspondérer en visant 6 CHF.
  • ASM International : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 415 EUR.
  • ASML : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 640 à 680 EUR.
  • Bastide : Gilbert Dupont reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 45 à 39 EUR.
  • BE Semiconductor : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 100 EUR.
  • Big Yellow : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1253 à 1170 GBp.
  • Eiffage : Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 125 à 124 EUR.
  • Eramet : Oddo BHF reste neutre avec un objectif de cours réduit de 93 à 87 EUR.
  • Heineken : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle.
  • HSBC : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 684 à 783 GBp.
  • MTU Aero Engines : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 295 à 265 EUR.
  • NN Group : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 47 à 53 EUR.
  • Nordic Semiconductor : Barclays démarre le suivi à souspondérer en visant 125 NOK.
  • OPAP : JP Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 19,50 EUR.
  • Orsted : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 790 à 600 DKK. DNB passe de vendre à conserver en visant 430 DKK.
  • Soitec : Barclays démarre le suivi à la pondération en ligne en visant 180 EUR.
  • Vallourec : BNP Paribas Exane reste neutre avec un objectif cours relevé de 14,50 à 15,50 EUR.
  • Vestas : Citi reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 340 à 315 DKK.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Eiffage annonce une hausse de 10,4% du chiffre d'affaires au premier semestre, après un second trimestre moins dynamique.
  • Pernod Ricard publie des résultats annuels élevés, mais reconnaît un premier trimestre en demi-teinte en Chine et aux Etats-Unis. Le groupe lance en parallèle des changements structurels au sein du groupe, pour accélérer le processus de prise de décision.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • François Pinault (Kering) serait proche d'un rachat de l'agence américaine des stars CAA pour 7 Mds$.
  • Bill Sibold, vice-président exécutif de la médecine de spécialités de Sanofi, va quitter le laboratoire avec effet immédiat. L'intérim est assuré par Brian Foard. Par ailleurs, Houman Ashfarian prendra les rênes de la R&D.
  • L'Oréal finalise l'achat de la marque de produits de beauté australienne Aesop pour 2,5 Mds$.
  • Eurofins place 600 M€ d'obligations à 7 ans à 4,75%.
  • Eramet annonce la reprise progressive de ses activités au Gabon.
  • Ipsen obtient la désignation " Fast Track " de la FDA pour Onivyde en tant que traitement combiné en première ligne du cancer du pancréas métastatique. Le laboratoire publie aussi de bonnes données pivotales sur Dysport dans cinq indications.
  • Orpea vend 22 établissements aux Pays-Bas pour 85 M€.
  • Neoen annonce disposer désormais de 3,3 GW d'actifs en opération ou en construction en Australie.
  • Maurel & Prom fait un point sur la situation au Gabon.
  • L'Olympique Lyonnais et Jean-Michel Aulas s'écharpent à la barre du tribunal.
  • MedinCell annonce le succès du recrutement pour l'étude clinique de phase III de F14.
  • Un consortium français, composé de Lhyfe & TSE, va créer un hub énergétique vert en réindustrialisant le site des Fonderies du Poitou.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : ID Logistics, Poxel, Alan Allman, TotalEnergies EP Gabon, Bastide

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Dormakaba améliore ses résultats mais réduit son dividende.
  • Salesforce gagne près de 6% hors séance après des trimestriels bien accueillis.
  • UBS publie ses trimestriels et va finalement intégrer en totalité la banque helvétique du Crédit Suisse.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Baidu lance son robot conversationnel en Chine, réponse à ChatGPT.
  • Les investisseurs de Glencore réclament des dommages-intérêts pour des déclarations trompeuses dans les prospectus.
  • Amazon est menacé d'une action en justice par la FDA pour vente présumée de médicaments "non approuvés".
  • IBM reçoit l'autorisation pour sa solution de services partagés de ressources humaines fédérales.
  • Le régulateur européen approuve un nouveau vaccin adapté de Pfizer pour le Covid-19.
  • Apple teste l'utilisation d'imprimantes 3D pour fabriquer des pièces de certains de ses produits.
  • Cadence Design Systems collabore avec Arm sur la plate-forme Neoverse V2.
  • Iren nomme Paolo Emilio Signorini comme nouveau PDG et directeur général.
  • La FDA signale des violations du contrôle du processus de fabrication dans les usines de préparations pour bébés de Reckitt Benckiser.
  • Pharmanutra obtient la classification "Novel Food" au Royaume-Uni pour Lipocet.
  • Les principales publications du jour : Broadcom, Pernod Ricard, VMware, Lululemon, Dollar General, Adevinta, Ambu, Strabag, AckermansTout l'agenda ici.

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