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(Easybourse.com) Pour quelle raison avez-vous décidé d'investir dans les pays émergents ?
La croissance, les réserves de change, les éléments macroéconomiques favorables (balance des comptes courants, endettement…) sont clairement en faveur des marchés émergents. Ce sont les nouveaux «possédants» de la planète. Malgré le fort ralentissement aux Etats-Unis et en Europe, la croissance restera 2 à 3 fois plus élevée sur ces marchés.

Ces éléments favorables ont entretenu une dynamique haussière importante. Certes, depuis septembre 2007, les marchés émergents évoluent en ligne avec la plupart des marchés développés. Néanmoins, dans la phase de baisse des marchés d'actions, entre 1999 et 2003, les marchés développés ont été particulièrement attaqués après la période de la bulle Internet, tandis que les marchés émergents avaient bien résisté. Dans la phase de remontée des marchés d'actions entre 2003 et 2007, les marchés émergents ont continué de surperformer les marchés développés. 

Cela est essentiellement dû aux flux qui se sont investis sur ces marchés.
 
Qu'en est-il de la décorrélation à l'heure actuelle ?
Même si la corrélation s'accroît au fil des années, nous restons sur une corrélation avec le reste du monde de l'ordre de 60%, donc relativement modeste.

Demeure-t-il un fort potentiel de progression ?
Si les éléments démographiques, les exportations, les réserves de change, les marchés émergents sont très dynamiques, nous avons une relative sous-représentativité des marchés émergents dans les indices et dans les allocations de portefeuille vis-à-vis de leur croissance. 

La capitalisation boursière des marchés émergents représente de l'ordre de 11-12% de la capitalisation boursière mondiale alors que leur poids dans le PIB mondial dépasse 50%.

Mécaniquement l'ensemble des indices sont en train de repondérer progressivement les marchés émergents.

Les allocataires d'actifs accroissent également la part de ces marchés dans leur portefeuille. Par exemple Calpers, le fonds de pension américain qui gère près de 261 milliards de dollars, a annoncé entre 2007 et 2010, une augmentation significative des marchés émergents, de l'ordre de 4 à 5%.

Quel regard portez-vous sur les niveaux de valorisation de ces marchés ?
Il n'y a plus de sous valorisation.
Au cours des sept dernières années, nous avons eu une certaine homogénéisation des niveaux de valorisations de ces zones mais même si les performances boursières ont été importantes, malgré une croissance très supérieure, nous restons sur des niveaux de valorisation homogènes avec les marchés développés, entre 12 et 15 fois. 

Nous entendons certains experts parler de bulle spéculative sur les marchés émergents ?
Les marchés émergents doivent être considérés au cas par cas. Il y a des situations très différenciées d'un pays à l'autre.
Il y a clairement des zones dans lesquels les valorisations sont trop élevées : Chine, Inde.
Ce sont les marchés qui ont le plus souffert de la correction boursière.

Une régularisation de la situation en cours, alors que nous avions des PE de 70/80 fois les bénéfices, ils sont actuellement plus proches de 30 à 40 fois les bénéfices attendus pour 2008.

Quelle est votre stratégie d'investissement sur ces marchés ?
Nous privilégions en particulier deux zones d'investissement : l'Asie et l'Amérique latine.
La croissance, les échanges extérieurs, la demande interne qui croit de manière significative, les besoins en infrastructures et en consommation considérables nous amènent à penser qu'il y a encore beaucoup à faire en Asie.
Un indicateur du Crédit Suisse nous montre que les marchés asiatiques, après une période caractérisée par un excès de pessimisme, sont revenus à des niveaux d'achat. Sur les deux dernières années, nous avons eu des rebonds techniques à l'approche de telles zones de survente.

La zone Amérique latine est représentée par deux grands pays le Brésil et le Mexique, qui représentent près de 80% de l'indice latine america. La croissance, la consommation domestique, la sensibilité aux prix des matières premières agricoles et une relative indépendance énergétique, notamment pour le Brésil grâce à l'éthanol, sont les facteurs qui nous conduisent à mettre l'accent sur cette région.

Quelles sont les thématiques sur lesquelles vous misez ?
Nous mettons en avant principalement trois grands thèmes : la demande interne, les infrastructures et l'énergie.

S'agissant de la demande interne, nous pouvons prendre l'exemple du nombre d'abonnés au téléphone mobile. Dans la plupart des pays émergents, nous avons des taux de pénétration encore relativement faible. Les possibilités de croissance sont considérables. Ainsi China mobile, la première société de téléphonie mobile en Chine, connaît une croissance de 8 millions d'abonnés par mois.

Les dépenses programmées en infrastructures pour les trois prochaines années sont considérables.

S'agissant de l'énergie, les pays émergents s'inscrivent dans une phase ascendante de la consommation des matériaux de base à finalité industrielle comme l'acier, il y a un véritable boom qui a vocation à perdurer.

Quels sont les principaux risques identifiés ?
Les pressions inflationnistes, une récession américaine qui serait plus importante que celle que nous anticipons aujourd'hui.

Pourquoi avoir décidé d'investir sur ces marchés par un fonds de fonds ?
Le fonds de fonds Elixime Selection Emerging Markets nous permet d'assurer une certaine diversification et de réduire les risques. La volatilité d'un fonds de fonds est généralement inférieure de 10% en moyenne à la volatilité des fonds classiques.
Nous avons une vue globale sur les investissements dans ces marchés. Nous avons accès aux expertises, études et analyses réalisées sur le sujet.

Quel est votre univers d'investissement ?
Nous avons un fonds de fonds de droit français. Nous investissons donc que dans les fonds commercialisables en France. La contrainte est qu'il faut que ce soit des fonds coordonnés.
Nous travaillons par exemple avec JP Morgan, CAAM, UOB (UBAM), Baring…

Démarré le 19 décembre 2007,  nous sommes à 10 millions d'encours, avec 9 fonds. Notre objectif de fonds investis se situe entre 15 et 20 fonds.

Propos recueillis par Imen Hazgui

- 04 Avril 2008 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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