Je vous rappelle le scénario abhorré par les investisseurs pour les mois qui viennent : la hausse des prix qui accompagne la reprise économique devient telle que la Fed est forcée de bouleverser son calendrier de politique monétaire, en accélérant la réduction de ses plans de financement, voire en étant contrainte de relever ses taux directeurs. Moins d'argent en circulation, moins de liquidités sur les marchés, moins de potentiel sur les actions et de nouvelles problématiques macroéconomiques qui émergent, en particulier sur les marchés obligataires. Une normalisation à marche forcée.

Voilà qui explique tout le cérémonial autour des anticipations inflationnistes dont on vous rebat les oreilles depuis plusieurs semaines. Heureusement, quelque part, que l'expansion économique génère de l'inflation. Les autres scénarios manquent de naturel et les précédents ont montré leurs effets délétères. La Fed pense que le pic d'inflation qui est en train de se constituer sera temporaire et ne nécessitera pas de réponse monétaire particulière. L'éloge de la patience.

La banque centrale des Etats-Unis, qui reste droite dans ses bottes, semble bien optimiste sur ce point. Car la hausse des prix est déjà visible à l'échelle internationale et que l'on voit mal comment elle pourrait ne pas rejaillir sur le consommateur. Les frais de logistique explosent à cause du manque de capacités dans le fret maritime. Le boom de l'immobilier en Amérique du Nord entraîne des pénuries de bois de construction dont les cours se sont envolés. Les matières premières agricoles flambent, les métaux industriels aussi. Les entreprises de l'électronique et de l'automobile se battent pour obtenir les précieuses puces indispensables au fonctionnement de leurs produits, qui sont rationnées par le manque de capacités de production. Si vous êtes chef d'entreprise dans l'industrie ou le BTP, vous savez que les prix montent et que vos marges vont en souffrir.

Les entreprises cotées sont évidemment au fait de ces développements. Bank of America Merrill Lynch a noté que le terme "inflation" est trois fois plus présent qu'il y a un an dans les conférences téléphoniques de présentation des résultats (oui, oui, quelqu'un fait ce genre de statistique). Et les projections de hausse du prix des produits sont au plus haut depuis 10 ans.

C'est le poids de ces réalités convergentes que la Fed doit assumer. Pas facile. Encore une fois, l'inflation n'est pas une fatalité, la remontée des rendements obligataires non plus. Comme souvent en économie, le danger est dans la brutalité des mouvements et dans les déséquilibres.

En parlant de déséquilibre, il devrait y avoir une loi qui limite le nombre de publications quotidiennes de résultats d'entreprises. 166 sociétés pesant plus de 10 milliards de dollars de capitalisation boursière dévoilent leurs chiffres aujourd'hui dans le monde, selon nos bases de données. Statistiquement, les journées du mercredi et du jeudi sont les pires durant les saisons de publications. Après Microsoft, Alphabet, Novartis et Schneider hier, place à Apple, Facebook, Sanofi ou Sony aujourd'hui. Globalement, les résultats des sociétés sont très bons. Il n'y a pas de raison que cela change avec la série du jour.

Le CAC40 gagne 0,3% à 6292 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'attention des investisseurs sera focalisée sur la réunion de la banque centrale américaine qui rendra son verdict ce soir à 20h00, avant la traditionnelle conférence de présentation des annonces qui aura lieu à partir de 20h30. Auparavant, le marché aura pris connaissance de l'indice de confiance des consommateurs français, puis des stocks des grossistes et des stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis.

L'euro recule légèrement à 1,20765 USD. L'once d'or perd 0,2% à 1771 USD. Même tendance sur le pétrole, avec un Brenda 66,40 USD et un WTI à 62,91 USD. Le rendement de l'obligation d'Etat américaine à 10 ans remonte légèrement à 1,62 %. Le Bitcoin est revenu à 55 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 27,50 CHF.
  • BioMérieux : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 113 à 105 EUR.
  • Evonik : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 31 EUR.
  • HSBC : RBC reste neutre avec un objectif de cours relevé de 465 à 480 GBp. Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 535 à 555 GBp.
  • Hugo Boss : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 28,60 à 30,30 EUR.
  • Mediaset : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 3 EUR.
  • Nestlé : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 102 à 112 CHF.
  • Porsche : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 100 EUR.
  • Recticel : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 15 à 16 EUR.
  • Schneider Electric : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 145 à 160 EUR.
  • SMCP : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5,75 à 6,50 EUR.
  • Stagecoach : HSBC passe de conserver à alléger en visant 90 GBp.
  • The Go-Ahead Group : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1340 GBp.

Actualités des sociétés

En France

Résultats des sociétés

  • Dassault Systèmes : les résultats du T1 sont supérieurs à la fourchette haute des objectifs. Les projections annuelles sont confirmées au niveau du chiffre d'affaires et relevées au niveau du bénéfice net.
  • Eurofins : les prévisions pour l'exercice en cours et les deux suivants sont confirmées, après un chiffre d'affaires du T1 en croissance de 44,3 %.
  • Sanofi : les prévisions 2021 sont confirmées, après une vive croissance de 15 % du bénéfice net par action au T1.
  • Scor : les résultats du T1 sont en nette baisse, affectés par la pandémie et par une série de catastrophes naturelles de grande ampleur.
  • Sopra : l'activité se contracte de 0,5 % en données organiques au T1. Le retour à la croissance est prévu dès le T2.

Annonces importantes

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Advanced Micro Devices : les résultats sont au rendez-vous en début d'année, ce qui permet au titre de gagner 3,6 % après la séance.
  • Alphabet : les résultats du T1 sont bien accueillis, avec un titre qui gagne plus de 4 % hors séance. La maison-mère de Google a aussi annoncé un plan de rachat d'actions.
  • Amgen : la biotech américaine perd plus de 3 % après la séance à l'annonce de chiffres qui déçoivent les investisseurs.
  • Banco Santander : manifestement épargnée par les paris douteux sur le marché de certaines de ses congénères, la banque espagnole a dégagé un bénéfice net de 1,6 Md€ au T1, en très nette progression et au-delà des attentes.
  • Delivery Hero : le chiffre d'affaires 2021 devrait se situer entre 6,1 et 6,6 Mds€.
  • Deutsche Bank : la banque relève ses prévisions 2021 après la publication de son T1.
  • General Electric : les résultats du T1 sont grevés par la situation de l'aéronautique. Le titre reste sans réaction après la séance à l'annonce des chiffres.
  • Microsoft : l'action recule de 2,7 % après la séance et la publication de résultats et de perspectives plutôt conformes aux attentes.
  • Starbucks : accueil mitigé pour les résultats du T1, avec un titre qui perdait 1,7 % hors séance.
  • Texas Instruments : les résultats du T1 déçoivent un peu le marché, qui fait baisser le titre de 2,6 % après la séance.
  • Visa : pas de surprise sur les performances du début d'exercice, ce qui permet au titre de grappiller 1 % après la clôture.

Annonces importantes

  • L'Union européenne devrait lancer dès cette semaine une action antitrust visant Apple.
  • L'ouverture de la giga usine de Tesla en Allemagne retardée à cause d'un permis de construire modificatif, probablement jusqu'en octobre.
  • Syngenta devrait être de retour en Bourse cette année, selon le Handelsblatt.
  • Les héritiers Samsung vont payer 11 Mds$ et faire des donations pour éteindre la procédure fiscale qui les vise.
  • Le principal actionnaire de Barry Callebaut, Jacobs Holding, vend 10 % du capital à 1990 CHF l'action, pour redescendre à 30,1 %.
  • Le Français Vincent Warnery nommé président du directoire de Beiersdorf.
  • Humana va racheter les 60 % de Kindred at Home qu'il ne détient pas sur la base d'une valeur d'entreprise de 8,1 Mds$.
  • Sika rachète les activités de colle du japonais Yokohama Rubber.
  • L'Arabie Saoudite annonce avoir l'intention de céder 1 % du capital de Saudi Arabian Oil Company (Aramco) à un investisseur étranger du secteur de l'énergie.
  • Le japonais Nexon dépense 100 millions de dollars pour acheter des bitcoins.
  • Principales publications de résultats. Apple, Facebook, Qualcomm, Shopify, The Boeing Company, Sony, Sanofi, GlaxoSmithKline, Dassault Systèmes, Banco Santander, Reckitt Benckiser, KONE, Delivery Hero, CRH, Assa Abloy, Carlsberg, Deutsche Bank, ?Naturgy

Lectures