par Hugh Bronstein

BUENOS AIRES, 28 octobre (Reuters) - La présidente argentine Cristina Fernandez a vu sa majorité se réduire à l'issue des élections législatives et sénatoriales de dimanche, ce qui éloigne la possibilité d'un changement constitutionnel lui permettant de briguer un troisième mandat et donne le coup d'envoi de la présidentielle de 2015.

Cristina Fernandez, en convalescence après avoir été opérée d'un hématome du cerveau le 8 octobre (voir ), n'a pas pu participer à la campagne lors des dernières semaines du scrutin au cours duquel les électeurs étaient appelés à renouveler la moitié de la Chambre basse et le tiers du Sénat.

Dimanche soir, le ministre de l'Intérieur Florencio Randazzo a annoncé que l'opposition avait remporté la province clé de Buenos Aires et d'autres circonscriptions importantes, selon des résultats partiels.

Selon des sondages sortie des urnes annoncés par la chaîne de télévision TN, les candidats présentés à la Chambre des députés par le chef de file de l'opposition, Sergio Massa, l'emporteraient avec une marge de dix points de pourcentage dans la province de Buenos Aires.

La province de Buenos Aires abrite 40% de la population argentine et produit la quasi-totalité de l'agriculture du pays.

Sergio Massa, maire de la ville de Tigre et vainqueur dans sa circonscription du candidat choisi par la présidente, Martin Insaurralde, apparaît désormais en position de se présenter à la présidence, comme un candidat favorable aux milieux d'affaires.

"Demain, nous commençons avec un nouveau plan politique", a pour sa part déclaré le maire de Buenos Aires Mauricio Macri, autre candidat possible à la présidence qui a promis des réformes en faveur des marchés.

COURTE MAJORITÉ ?

La perte de Buenos Aires devrait avoir réduit à quelques voix la majorité détenue au Parlement par les partisans de Cristina Fernandez et de son Front pour la victoire (FPV), formation péroniste de centre gauche.

"Sept suffrages sur dix se sont portés contre le gouvernement. Cette élection a été un triomphe pour l'opposition", a déclaré Rosendo Fraga, un analyste politique.

"Notre majorité à la Chambre et au Sénat continuera", a affirmé le ministre de la Défense Agustin Rossi à la presse.

Dans ce contexte, l'hypothèse d'une candidature de Cristina Fernandez, veuve de l'ancien président Nestor Kirchner, au scrutin présidentiel de 2015 s'éloigne. Une majorité des deux tiers des sièges set nécessaire dans les deux chambres pour amender la Constitution afin d'autoriser un troisième mandat à la présidente.

Elue en 2007 et réélue en 2011 sur un programme qui prévoyait un contrôle accru de l'Etat sur l'économie, Cristina Fernandez n'est pas arrivée lors de son second mandat à enrayer la chute de la monnaie argentine, qui s'échange désormais sur le marché noir à plus de dix pesos pour un dollar, contre un taux officiel de 5,88 pesos pour un dollar.

L'Argentine, l'un des principaux exportateurs de céréales dans le monde, peine à suivre la demande alimentaire mondiale et attirer les milliards de dollars d'investissements nécessaires à l'exploitation de vastes gisements de gaz et de pétrole de schiste.

Même si les réserves de la banque centrale ont chuté à 34 milliards de dollars (25 milliards d'euros) contre 43 milliards en janvier, les marchés argentins se sont relevés, dans l'espoir d'une défaite du camp de Cristina Fernandez. Depuis les primaires d'août, le Merval, principal indice boursier à gagné près de 50%. (Avec Alejandro Lifschitz; Julien Dury et Danielle Rouquié pour le service français)