Sartorius Stedim Biotech, tout sauf une surprise

J'aurais parié sur une baisse plus marquée de Sartorius Stedim Biotech à l'ouverture, après l'annonce un peu inattendue d'une augmentation de capital pour réduire la dette. Il s'agit certes d'une opération relativement modeste (1,2 milliard d'euros en face de 23 Mds€ de capitalisation), mais elle a été réservée à certains investisseurs, dont la maison-mère Sartorius AG, ce qui entraîne une dilution de 5% pour les actionnaires. Le titre a baissé, avant de s'équilibrer, mais tout porte à croire que le marché n'est pas entré dans une psychose de type "mais pourquoi la société lève-t-elle des fonds ?"

Pour poser les choses, je rappelle que SSB est une success-story de la bourse parisienne qui a atteint une phase de maturité et qui sort de deux exercices plus compliqués : les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. Auparavant, entre 2009 et 2021, l'action n'avait connu que des années de hausse (!). La période récente coïncide avec une montée de l'endettement, qui a abouti à des ratios un peu tendus, même si la structure partagée avec Sartorius AG, la maison-mère, complique un peu la lecture tout en rassurant sur les capacités globales du groupe.

Pourquoi le titre tient plutôt bon (entre le moment ou j'ai commencé à écrire et le moment de la publication, il est toutefois passé de 0 à -3%) /

  • L'opération a été réalisée avec une décote modeste sur le dernier cours coté, signe que la levée de fonds a été facilement absorbée.
  • L'augmentation de capital devrait permettre d'atteindre les objectifs de ratios financiers en 2024 plutôt qu'en 2025.
  • Le management avait précisé à plusieurs reprises compter sur sa génération de cash-flow libre pour se désendetter, sans fermer la porte à une opération "capitalistique". Voici quelques commentaires de Joachim Kreuzburg (président) et Rene Faber (CEO) lors de la dernière conférence de présentation (le 26 janvier dernier, date à laquelle ils savaient selon toute vraisemblance que cette opération serait lancée) :
    • "Nous nous engageons pleinement à réduire rapidement notre endettement grâce à une forte génération de trésorerie organique. Cependant, dans le même temps, nous tenons à souligner que d'éventuelles mesures d'augmentation des fonds propres restent une option."
    • "Notre trajectoire organique conduirait à un levier d'endettement d'environ 3 fois en 2025. Et ce chiffre pourrait être inférieur en fonction d'une mesure potentielle des capitaux propres ou d'une mesure similaire, si elle est prise."
    • "Permettez-moi de réitérer ce que nous communiquons depuis longtemps, lors de nos journées du marché des capitaux, et cetera, ou également lors de nos AGA, où nous avons obtenu ces autorisations pour de telles mesures potentielles."
    • "Et ce que je voudrais également dire, parce que cela pourrait susciter des inquiétudes si de telles mesures étaient prises, c'est que notre estimation approximative est que la réduction des paiements d'intérêts compenserait les effets d'un plus grand nombre d'actions."

Bref, je crois qu'on peut dire que le management avait agité tous les petits drapeaux nécessaires, sans avoir besoin de lire entre les lignes. Du coup les analystes ne sont pas si surpris que ça, même s'ils ne s'attendaient pas à ce que cela arrive aussi vite. Mais après tout, ce qui est pris n'est plus à prendre et personne ne sait de quoi le reste de l'année sera fait…

Et BIM !

BioMérieux a connu une journée mouvementée hier. Le titre a perdu 3,6% avec le retour de la rumeur Qiagen. Plusieurs sources ont évoqué cette rumeur diffuse, notamment le site spécialisé dans les rumeurs de M&A Betaville, qui avait mentionné de l'intérêt de la part de Thermo Fisher et BioMérieux il y a quelques semaines. Mais les analystes restent prudents. "Nous sommes sceptiques quant à la possibilité d'une telle transaction", souligne Peter Welford qui suit le secteur chez Jefferies. Pour quelles raisons ?

  • D'abord, parce que Qiagen vaut 10 Mds$ et BioMérieux 12 Mds$, ce qui compliquerait la possibilité pour la famille Mérieux de conserver le contrôle.
  • Ensuite, les deux entreprises opèrent sur certains marchés identiques (chevauchement concurrentiel partiel).
  • Enfin, Qiagen compte un nombre d'actionnaires relativement élevé aux Etats-Unis.