New York (awp/afp) - Le dollar américain continuait de se replier jeudi par rapport à plusieurs devises majeures, pénalisé par le sentiment général que la banque centrale américaine (Fed) pourrait avoir la main moins lourde que prévu dans son cycle de resserrement monétaire.

Vers 19H20 GMT, le billet vert lâchait 0,38% face à l'euro, à 1,0721 dollar, 0,25% face au franc suisse et 0,29% face au dollar canadien.

Les cambistes digéraient toujours le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed, début mai, publié mercredi et qui a montré que ses membres étaient, dans l'ensemble, favorables à plusieurs relèvements consécutifs du taux directeur à raison d'un demi-point chacun.

Le document a néanmoins "jeté un peu le doute sur la trajectoire de taux plus tard cette année", a souligné, dans une note, Joe Manimbo, de Western Union. Une impression qui laisse penser que "la Fed pourrait ralentir ou même faire une pause le temps d'évaluer l'impact (des hausses) sur l'économie", selon l'analyste.

Cette semaine, les présidents de la Fed d'Atlanta et de Kansas City, Raphael Bostic et Esther George, ont tous deux plaidé pour un point d'étape à la sortie de l'été avant de se lancer dans de nouvelles hausses de taux.

"Une projection moins agressive des hausses de taux de la Fed contribuerait à la vulnérabilité du dollar", explique Joe Manimbo, "car le marché tablait jusqu'ici sur des relèvements à chacune des réunions jusqu'à la fin de l'année."

Ce changement de perception intervient précisément lors de la semaine durant laquelle la Banque centrale européenne (BCE) a donné de nouveaux signes d'un durcissement imminent de sa politique monétaire.

Sa présidente, Christine Lagarde, a notamment laissé entendre que la BCE pourrait relever son principal taux directeur d'un demi-point d'ici la fin septembre.

Selon Juan Manuel Herrera, de Scotiabank, les cambistes se posent maintenant la question des gains que peut encore enregistrer l'euro face au dollar dans ce contexte.

"Le marché s'attend déjà à quatre hausses d'un quart de point (de la BCE) entre juillet et la fin de l'année", dit-il. "Donc, de ce point de vue, je ne pense pas que l'on puisse tabler sur plus."

En outre, fait-il valoir, "l'économie de la zone euro pourrait rester affaiblie au deuxième semestre, compte tenu des prix de l'énergie et des matières premières en général".

Ailleurs sur le marché des changes, la livre turque a poursuivi sa dépréciation face au dollar, après le maintien, pour le cinquième mois consécutif, par la banque centrale turque de son taux directeur, à 14%, malgré une inflation de près de 70%.

La devise turque a reculé jeudi jusqu'à 16,46 livres pour un dollar, son plus bas niveau depuis décembre 2021, période à laquelle le président Recep Tayyip Erdogan avait dû mettre en place des mesures pour éviter de la voir s'effondrer.

"La banque centrale va devoir continuer à intervenir pour empêcher une forte dépréciation", a estimé Juan Manuel Herrera. "Si vous laissiez les fondamentaux jouer normalement, il n'y a pas grand-chose qui soutiendrait la livre."

        Cours de jeudi Cours de mercredi

        19H20 GMT               21H00 GMT

EUR/USD 1,0721                  1,0681

EUR/JPY 136,21                  136,00

EUR/CHF 1,0283                  1,0273

EUR/GBP 0,8513                  0,8495

USD/JPY 127,05                  127,32

USD/CHF 0,9592                  0,9617

GBP/USD 1,2593                  1,2574

afp/rp