Que c'est dur d'être à côté de la plaque. Franchement, j'aurais aimé vous donner des explications crédibles ou à défaut un peu mystérieuses et érudites pour expliquer la hausse des marchés actions, mais je n'en trouve pas. Suis-je pour autant condamné à rejoindre le camp de ceux qui n'ont pas le mode d'emploi ? Ou pire, celui des éternels prophètes du cataclysme boursier ? Heureusement pas.

Alors, j'ai toujours une petite explication, qui vaut ce qu'elle vaut, mais que j'ai du mal à mettre seule en face de tous les clignotants orange. Si les marchés actions redressent la tête, c'est parce que l'économie américaine continue à faire feu de tout bois. Quoi, c'est tout ? Bon, je pourrais ajouter que l'optimisme incurable des investisseurs les pousse à penser que la Chine va finir par mettre la main à la pâte (à la poche ?) pour redynamiser sa croissance. Mouais, ça commence à faire un moment qu'on l'attend, le réveil des Chinois. Il faut peut-être ajouter la grande confiance des financiers dans le pouvoir de la banque centrale américaine pour régler tous les problèmes du monde : économie, guerre, guérison, retour d'affection… Statistiquement, la Fed n'a pas toujours réussi les atterrissages économiques en douceur en période de resserrement monétaire. Kepler Cheuvreux m'apprend qu'elle n'en a même réussi que 3 sur 10 depuis les années 50.

Enfin, je crois qu'une partie des financiers préférerait mourir plutôt qu'investir dans des produits sécurisés, ce qui me permet de ressortir le concept TINA que j'ai déjà pas mal invoqué dernièrement. Pour "il n'existe pas d'alternative", en l'occurrence aux actions. Initialement, l'expression avait été popularisée par la joviale Margareth Thatcher, qui parlait alors d'économie de marché. Sur le long terme, il n'y a pas d'alternative aux actions, c'est vrai et c'est un mouvement qui s'est toujours vérifié. Donc si vous avez le flegme nécessaire et que vous êtes sûrs de la qualité de vos choix, dormez sur vos deux oreilles.

Finalement, je me retrouve avec quatre justifications plus ou moins crédibles sur les bras. Mais pour le reste, la guerre continue en Ukraine, même si des pourparlers vont reprendre et que Kyiv a pour objectif un cessez-le-feu. La Chine est traversée par une nouvelle vague de covid qui fait craindre de nouveaux désordres, en particulier sur les chaînes d'approvisionnement. Les banques centrales sont toujours prises entre le marteau de l'inflation et l'enclume des taux, à moins que ce ne soit le contraire. Les pénuries multisectorielles entraînent des multiretards de production. Et les résultats du premier trimestre des entreprises se profilent dans trois semaines, avec des objectifs 2022 dont on voit mal comment ils pourront tous être maintenus compte-tenu de l'inflation des coûts et des révisions en baisse des projections de croissance. En tout cas en Europe, ce qui explique aussi la légère décorrélation qui est en train de s'installer entre les indices des deux continents. Et je ne parle même pas de l'impact sociétal du grand brassage inflationniste, dont les conséquences ont toutes les chances d'être plus profondes qu'on ne le pense.

Hier, les marchés actions ont progressé, plutôt modérément en Europe et un peu plus fort aux Etats-Unis, où Tesla a joué les locomotives en s'adjugeant 8% après l'annonce d'un projet de division du nominal de l'action. Les investisseurs apprécient en général ces "splits" car ils augmentent la liquidité et entérinent un parcours très positif du cours de bourse. Une sorte de prime aux gagnants en somme.

Dans l'actualité macroéconomique du jour, les marchés attendent l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis à 16h00, premier indicateur du marché du travail de la semaine sur le chemin de la statistique la plus attendue, les données détaillées sur l'emploi de mars, pour lesquelles il faudra attendre jusqu'à vendredi. Pendant ce temps, le pétrole reflue sur les craintes liées à la pandémie en Chine, en amont d'une réunion jeudi de l'OPEP+. Le cartel élargi doit discuter de sa politique d'approvisionnement pour le mois de mai, qui ne devrait pas varier des objectifs existants, aux dernières rumeurs. Enfin, le marché obligataire se calme un peu avec un 10 ans américain à 2,47%, même si le 2 ans reste proche à 2,40%.

Voilà pour notre panorama matinal, avec des indicateurs avancés européens qui évoluent dans le vert, évidemment. En Asie, le Nikkei 225 gomme ses pertes de la veille, pertes qui avaient mis fin à huit séances consécutives de hausse, dopées à l'affaiblissement du yen. Le CAC40 gagne 0,3% à 6677 points.

Les temps forts économiques du jour

Trois indicateurs en vue aux Etats-Unis, avec l'indice des prix immobiliers de la FFHA de janvier (15h00) puis l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes de février et l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board de mars (16h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro et le dollar se neutralisent à 1,0996 USD ce matin. L'once d'or continue à reculer à 1923 USD. Le pétrole affiche un très léger rebond après avoir beaucoup cédé de terrain hier, avec un Brent de Mer du Nord à 111 USD et un brut léger américain WTI à 104,74 USD. Le rendement de la dette américaine décroît à 2,47% sur 10 ans, pendant que la dette allemande se stabilise à 0,58% sur la même durée et que l'OAT française se poste à 1%. Le bitcoin se hisse sur les 47 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • A.P. Møller – Mærsk : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 22 500 DKK.
  • Admiral : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 3050 GBp.
  • Alan Allman Associates : Oddo BHF démarre le suivi à neutre en visant 12 EUR.
  • AutoStore : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 45 à 43 NOK.
  • Bankinter : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 5,50 EUR.
  • Beazley : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 595 à 520 GBp.
  • Buzzi Unicem : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 25 à 22 EUR.
  • CompuGroup : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 75 à 76 EUR.
  • Esker : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 400 à 300 EUR.
  • Hapag-Lloyd: Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 305 EUR.
  • HelloFresh : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 48 EUR.
  • Husqvarna : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 135 à 100 SEK.
  • Just Eat Takeaway : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 40 EUR.
  • Koné : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 63 à 61 EUR.
  • Kuehne + Nagel : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver environ 300 CHF.
  • Neste Oyj : AlphaValue passe d'acheter à accumuler en visant 43,20 EUR.
  • Royal Mail : Deutsche Bank passe de conserver à vendre en visant 275 GBp.
  • Schindler : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 230 à 225 CHF.
  • Swedish Orphan Biovitrum : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 220 à 253 SEK.
  • Thales : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 113 à 126 EUR.
  • Valmet : SEB passe de conserver à acheter en visant 38 EUR.
  • Zur Rose : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 169 à 95 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sanofi revoit en hausse, à 13 Mds€, les revenus annuels de Dupixent en rythme de croisière. Par ailleurs, le laboratoire et IGM Biosciences ont signé un accord de collaboration pour développer des cibles en oncologie, immunologie et inflammation.
  • Electricité de France prévoit de revoir prochainement ses estimations de coût ainsi que le calendrier du projet de construction de la centrale nucléaire Hinkley Point C en Grande-Bretagne.
  • Compagnie Plastic Omnium rachète Actia Power à Actia et investit 20 M€ dans Verkor.
  • Mersen signe un contrat avec Velo3D.
  • Voltalia lance la construction de SSM 3 à 6, nouvelle centrale solaire de 260 mégawatts, au sein du complexe de Serra Branca au Brésil.
  • L'AMF inflige une sanction de plus d'1 M€ à AB Science, Alain Moussy mis hors de cause. La décision ici.
  • Adocia vend ses actifs immobiliers pour 20 M€.
  • Carmat redémarre la production de son cœur artificiel avec une reprise des implantations prévue en octobre.
  • CNIM reporte la publication de ses résultats 2021.
  • Les actions Capelli seront transférées sur Euronext Growth le 30 mars.
  • Valbiotis obtient des résultats positifs en clinique sur la biodisponibilité et le mode d’action de TOTUM070 contre l’hypercholestérolémie, en amont des résultats de la phase II attendus au T2.
  • Quantum Genomics obtient de nouveaux brevets protégeant son produit QGC606.
  • Quadient, Genoway et Kalray ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures