L'administration Biden et l'Arabie saoudite sont en train de finaliser un accord sur les garanties de sécurité américaines et l'assistance nucléaire civile, alors même que l'accord de normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite, envisagé dans le cadre d'un "grand marché" pour le Moyen-Orient, reste insaisissable, selon sept personnes au fait de la question.

Un document de travail énonce des principes et des propositions visant à remettre sur les rails les efforts déployés par les États-Unis pour remodeler cette région instable, qui ont été interrompus par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et par le déclenchement de la guerre à Gaza, selon deux sources qui ont pris connaissance du document.

Il semble qu'il s'agisse d'une stratégie à long terme qui se heurte à de nombreux obstacles, notamment l'incertitude quant à l'évolution du conflit à Gaza.

Les négociateurs américains et saoudiens ont, pour l'instant, donné la priorité à un accord de sécurité bilatéral qui ferait ensuite partie d'un paquet plus large présenté au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui devrait décider s'il fait des concessions pour garantir des liens historiques avec Riyad, ont déclaré cinq des sources.

Le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller, a déclaré jeudi que "nous sommes très proches d'un accord" sur la partie américano-saoudienne du paquet, prédisant que les détails pourraient être réglés "dans un délai très court".

Selon des diplomates étrangers du Golfe et des sources à Washington, cette partie du plan devrait prévoir des garanties formelles de la part des États-Unis pour défendre le royaume ainsi que l'accès des Saoudiens à des armements américains plus avancés en échange de l'arrêt des achats d'armes chinoises et de la restriction des investissements de Pékin dans le pays.

L'accord de sécurité américano-saoudien devrait également prévoir le partage de technologies émergentes avec Riyad, notamment l'intelligence artificielle, selon des personnes au fait du dossier.

Les termes de l'accord devraient être finalisés dans les semaines à venir, a déclaré un responsable américain sous couvert d'anonymat.

Les conditions auxquelles M. Netanyahou devra se soumettre pour adhérer à un accord plus large devraient inclure l'arrêt de la guerre à Gaza et l'acceptation d'une voie vers la création d'un État palestinien, deux points auxquels M. Netanyahou s'est fermement opposé.

Les responsables américains espèrent que M. Netanyahu ne voudra pas laisser passer l'occasion historique d'ouvrir des relations avec l'Arabie saoudite, gardienne des lieux les plus sacrés de l'islam, mais ils sont conscients des pressions politiques intérieures qu'il subit, notamment pour empêcher l'effondrement du gouvernement israélien le plus à droite de l'histoire du pays.

Un pacte plus large accordant au premier exportateur mondial de pétrole la protection militaire des États-Unis, ainsi qu'une normalisation des relations avec Israël, unirait deux ennemis de longue date et lierait Riyad à Washington à un moment où la Chine fait des percées dans la région.

Un accord de normalisation renforcerait également les défenses d'Israël contre son ennemi juré, l'Iran, et donnerait au président américain Joe Biden une victoire diplomatique avant l'élection présidentielle du 5 novembre.

La menace de M. Netanyahou de lancer une offensive militaire dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, où plus d'un million de Palestiniens sont réfugiés, pèse sur ces efforts, malgré les exhortations des États-Unis à s'abstenir d'une opération qui pourrait entraîner de nouvelles pertes civiles importantes.

PAS DE NORMALISATION TANT QUE LE CONFLIT À GAZA FAIT RAGE

L'Arabie saoudite a appelé à une trêve immédiate conduisant à un cessez-le-feu permanent et durable dans la guerre d'Israël contre le Hamas et à des mesures concrètes en vue de la création d'un État palestinien indépendant.

"Mettre une proposition sur la table, c'est une chose, une proposition que nous pourrions présenter à Israël (pour la normalisation)", a déclaré M. Miller. Mais l'Arabie saoudite, a-t-il ajouté, a clairement indiqué qu'il n'y aurait pas d'accord de normalisation "tant que le conflit à Gaza fera rage".

Il s'est exprimé juste un jour après que le secrétaire d'État Antony Blinken soit rentré d'un voyage au Moyen-Orient au cours duquel il s'est entretenu séparément avec M. Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman.

Bien que l'administration Biden soit sur le point de dévoiler ses projets, le temps presse pour qu'ils deviennent réalité alors que les États-Unis s'enfoncent dans la campagne électorale présidentielle.

Lors des négociations tripartites qui ont précédé l'attaque du Hamas du 7 octobre, les collaborateurs de Joe Biden avaient initialement envisagé que les Saoudiens obtiennent des engagements de sécurité de la part des États-Unis en échange d'une normalisation de leurs relations avec Israël. Mais aujourd'hui, l'administration semble sur le point de présenter à M. Netanyahou l'ensemble du plan qu'elle a proposé, sans qu'il ait donné son accord sur le rôle d'Israël.

On ne sait pas non plus si les garanties de défense américaines pour l'Arabie saoudite, qui devraient être inférieures à un pacte complet de type OTAN, seraient inscrites dans un traité nécessitant la ratification du Congrès, mais tout accord sur la coopération nucléaire nécessitera probablement l'approbation du Capitole.

Une proposition d'accord avec l'Arabie saoudite se heurterait à l'opposition du Congrès, où de nombreux législateurs ont dénoncé Riyad pour son intervention au Yémen, ses mesures visant à soutenir les prix du pétrole et son rôle dans l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.

Le sénateur Edward Markey, défenseur de longue date des garanties de non-prolifération nucléaire, a déclaré dans une lettre adressée mercredi à son collègue démocrate Biden que l'Arabie saoudite, "une nation avec un terrible bilan en matière de droits de l'homme", ne peut être convaincue d'utiliser son programme nucléaire à des fins purement pacifiques et qu'elle cherchera à développer des armes nucléaires.

Toutefois, des collaborateurs du Congrès ont déclaré qu'un accord adéquat pourrait recueillir suffisamment de soutien pour obtenir la majorité des deux tiers du Sénat nécessaire à la ratification d'un traité, en obtenant le soutien des démocrates pour ce qui est une priorité de M. Biden, et des républicains, si le gouvernement d'Israël est d'accord avec l'accord.