TBILISSI, 2 mai (Reuters) - Les pays occidentaux ont mis en garde jeudi le gouvernement géorgien contre son projet de loi sur les "agents étrangers" qu'ils considèrent comme un texte inspiré par le Kremlin portant le risque d'une dérive autoritaire.

Les partisans de la loi, en cours d'examen au Parlement à l'initiative du parti au pouvoir Rêve géorgien et de son fondateur et ancien Premier ministre, l'homme d'affaires Bidzina Ivanichvili, affirment qu'elle renforcera la souveraineté de la Géorgie face à des tentatives occidentales de l'amener à une confrontation avec Moscou.

Les Etats-Unis sont très préoccupés par ce projet de loi et des conséquences qu'il pourrait engendrer concernant la liberté de parole dans l'ancienne république soviétique, a déclaré le porte-parole de la Maison blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, lors d'un point de presse.

L'ambassadeur des Etats-Unis à Tbilissi, Robin Dunnigan, a estimé que la décision du gouvernement d'Irakli Kobakhidze "éloigne le pays de son avenir euro-atlantique".

Lors d'une visite à Tbilissi, Gert Jan Koopman, haut fonctionnaire de la Commission européenne chargé des questions d'élargissement, a qualifié d'"inacceptable" le texte en l'état et répété que son éventuelle adoption constituerait un grave obstacle à l'adhésion à l'UE de la Géorgie, candidate depuis 2022.

"La balle est clairement dans le camp du gouvernement", a-t-il insisté, même si ce dernier n'a manifesté pour l'heure aucune intention de renoncer, un an après un premier abandon du texte, et malgré les protestations de l'opposition, qui a organisé mercredi soir dans le centre de la capitale une vaste manifestation dispersée par la police à l'aide de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes.

Par la voix du Quai d'Orsay, la France a appelé "les autorités géorgiennes à faire respecter le droit à manifester pacifiquement ainsi que la liberté de la presse".

Paris a exprimé "sa vive inquiétude" concernant le projet de loi qui "va à l'encontre des valeurs sur lesquelles est fondée l'Union européenne et auxquelles le peuple géorgien a montré son profond attachement".

Le projet de loi exige des organisations recevant plus de 20% de leurs financements de l'étranger qu'elles s'enregistrent comme "agents d'influence étrangère", à l'image d'une loi similaire en Russie.

Le vote définitif de ce texte, adopté en deuxième lecture mercredi, doit intervenir dans deux semaines. (Jean-Stéphane Brosse pour la version française)