Telle la cavalerie américaine dans les vieux westerns, les résultats des entreprises technologiques sont arrivés à temps pour sauver les marchés financiers de la déprime. Après une série de séances de surplace, les chiffres trimestriels de Microsoft et d'Alphabet ont remis le feu aux poudres, permettant au Nasdaq de retrouver des niveaux de gains inédits depuis quelques semaines. Puis le tricard Meta Platforms a pris le relais avant-hier en délivrant une publication bien meilleure que prévu. Bilan, 2,8% de hausse pour le Nasdaq 100 hier, après 0,6% de gains la veille. Au point que le mois d'avril, qui était assez mal embarqué pour un solde positif, pourrait bien virer au vert. Ça dépendra de la séance du jour, la dernière du mois (le Nasdaq 100 est à -0,16% depuis le 31 mars pour l'instant). Ce retour d'appétit a aussi bénéficié à l'indice large S&P500, dont on connaît la consanguinité avec l'indice technologique avec qui il partage ses têtes de gondole (Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet et tutti quanti).

En Europe, ça rigolait moins avec une séance encore disparate, où le CAC40 a trouvé la voie du rebond en s'adjugeant 0,26%, pendant que le FTSE100 britannique cédait 0,4%. Le SMI et le DAX, qui ont clôturé tout près de l'équilibre, se sont offerts une pause dans une séance marquée par la publication de plusieurs dizaines de résultats sur la plupart des marchés boursiers. Il faut dire que le vieux continent n'a pas les mêmes arguments technologiques que le nouveau.

Le volet macroéconomique est dominé aujourd'hui par l'attente des chiffres de l'inflation PCE aux Etats-Unis en mars, qui seront dévoilés à 14h30. Je radote mais c'est notoirement un indicateur que la Fed apprécie pour affiner sa politique monétaire. Hier, le marché a pris connaissance d'un PIB américain du 1er trimestre plus dégradé que prévu. Ce qui n'a pas empêché les paris d'une hausse de taux directeurs d'un quart de point de se renforcer à 88% pour la décision que la banque centrale américaine doit rendre la semaine prochaine. Les oracles de la finance américaine verraient bien un changement de discours intervenir à cette occasion, parce que le coup de frein économique et les déboires bancaires, illustrés en temps réel par la First Republic cette semaine, font peser une menace de contagion grandissante. Ce calcul contribue à maintenir les marchés actions à haut niveau, car les investisseurs sont déjà positionnés sur le coup d'après. Je ne suis pas sûr que la Fed soit très à l'aise avec cet optimisme à toute épreuve. En tout cas, cela ne facilite pas la transmission de son message.

On change de banque centrale et de continent pour faire une visite à la Banque du Japon, qui a maintenu cette nuit ses taux inchangés, comme prévu, tout en révisant ses orientations sur la trajectoire future de la politique monétaire. Il n'est plus fait mention dans la communication d'une perspective de taux identiques ou plus faibles à terme, mais il est toujours question d'assouplissement au besoin. Comprenne qui pourra. Le yen a fait plouf à 134,75 USD, donc ça doit vouloir dire que le marché estime qu'il ne se passera pas grand-chose et que la BoJ continuera à jouer les colombes kawaï jusqu'à la fin des temps.

Les déterminants du début de séance du jour sont multiples. Les publications de résultats ont continué à se multiplier comme des petits pains. La nuit dernière, Intel a séduit le marché avec ses perspectives, ce qui va plutôt dans le sens du maintien du coup de chaud technologique. Amazon a séduit aussi, mais pas longtemps. L'annonce des trimestriels a déclenché une orgie d'achats hors séance avec un titre qui a bondi de 11%. Mais le marché s'est vite retourné et l'action a fini en baisse de 2%. La raison ? Des commentaires très prudents sur l'évolution de l'activité de la division centres de données AWS. Si vous l'ignorez et en grossissant un peu le trait (mais pas tant), Amazon passe pour être un énorme magasin en ligne, ce qui est le cas, mais c'est un magasin qui ne gagne pas d'argent. Les bénéfices du groupe viennent d'ailleurs, principalement d'AWS, sa très lucrative division serveurs. Donc quand AWS tousse, Amazon s'enrhume. Donc on est sur une tendance bien moins festive que Microsoft, Alphabet et Meta. En parallèle, Snap et Pinterest plongent après des résultats qui montrent que trouver un modèle économique même quand on est populaire est compliqué.

En Europe, les résultats sont tout aussi denses avant la coupure du 1er mai (férié pour un certain nombre de marchés, dont les places Euronext ou la Suisse). En France, les têtes d'affiche s'appellent Saint-Gobain, Amundi, Rémy Cointreau ou encore Seb, dont l'histoire ne dit pas encore si Tefal a bénéficié d'un coup d'accélérateur en provenance de la nouvelle mode hexagonale, une génération spontanée de concertistes en casseroles.

L'Asie Pacifique termine sa semaine dans le vert. Au Japon, le Nikkei 225 gagne 0,8%. Ce sont à peu près aussi les hausses des indices CSI300 à Shanghai et Hang Seng à Hong Kong, bien qu'ils cotent encore. La Corée du Sud est moins fringante, toujours tiraillée entre le secteur technologique plutôt dynamique et les craintes du durcissement des politiques d'export de semiconducteurs vers la Chine, sous la pression des Etats-Unis. L'Inde stagne et l'Australie continue à évoluer par sauts de puce : +0,1% ce matin en clôture. Les indicateurs avancés européens sont haussiers ce matin, signe de velléité de comblement du retard accumulé sur Wall Street hier. Le CAC grappille 0,1% à 7493 points.

Allez zou, un peu de son pour se réveiller "Take me Out".

Les temps forts économiques du jour

Trop de choses aujourd'hui, notamment la première estimation du PIB français (7h30 : il est ressorti en hausse de 0,2% au T1, conformément aux attentes) et de la zone euro au T1 (11h00) et la première estimation de l'inflation d'avril en Allemagne (14h00). Aux Etats-Unis, c'est l'indice Core PCE qui retiendra l'attention à 14h30, avant à 15h45 l'indice PMI de Chicago et à 16h00 une seconde lecture de l'indice de confiance de l'Université du Michigan. Tout l'agenda ici.

L'euro perd un peu de terrain à 1,1015 USD. L'once d'or glisse à 1987 USD. Le pétrole se reprend un peu, avec un Brent de Mer du Nord à 78,67 USD le baril et un brut léger américain WTI à 75,14 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est remonté à 3,51%. Le bitcoin se négocie 29 050 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 30 EUR.
  • Air Liquide : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 146 à 162 EUR.
  • Antofagasta : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 1230 GBp.
  • Banco Santander : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 3,90 EUR.
  • BASF : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 55 à 54 EUR.
  • BBVA : HSBC passe de conserver à acheter en visant 9 EUR.
  • Cegedim : Portzamparc reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 19,50 à 20,50 EUR.
  • Dassault Systèmes : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 33 à 32 EUR.
  • HelloFresh : Barclays passe de pondération en ligne surpondérer environ 35 EUR.
  • Hochtief : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 67 à 70 EUR.
  • Ipsen : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 130 à 133 EUR.
  • Klépierre : Exane BNP Paribas démarre le suivi à surperformance en visant 24 EUR.
  • Nemetschek : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 68 à 76,50 EUR.
  • Pernod Ricard : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 240 à 250 EUR.
  • PGS : SpareBank passe de neutre à achat en visant 10 NOK.
  • Recticel : KBC passe d'accumuler à conserver en visant 17 EUR.
  • Rightmove : Berenberg reprend le suivi à conserver en visant 540 GBp.
  • Seb : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 127 à 125 EUR.
  • Subsea 7 : SpareBank passe de neutre à achat en visant 150 NOK.
  • Universal Music Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 27 à 23 EUR.
  • Wavestone : Portzamparc passe de conserver à acheter en visant 52,50 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Accor : vive hausse des revenus du T1 sur une base favorable.
  • Amundi : baisse du résultat net ajusté et des actifs sous gestion au T1.
  • Rémy Cointreau : prévoit des ventes stables pour l'exercice 2023/2024.
  • Saint-Gobain : objectifs confirmés après une légère croissance au T1.
  • SEB : les ventes baissent de 5% au T1, les objectifs sont confirmés.
  • Sopra Steria : croissance de 10% au T1.
  • Wendel : publie un ANR en légère hausse au 31 mars.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Amazon : le titre perd 2% hors séance après avoir fait part d'une certaine prudence sur la trajectoire de l'activité dans les serveurs. Initialement après les résultats, il avait bondi de 11%.
  • ENI : les résultats 2023 seront moins élevés que prévu.
  • Intel : le titre gagne 5% hors séance après les résultats du T1.
  • Mercedes : bon début d'année pour le constructeur allemand.
  • Pinterest : le titre plonge de 13,5% hors séance après les résultats du T1.
  • Snap : le titre plonge de 18% hors séance après les résultats du T1.
  • Sony : affiche un bénéfice annuel record grâce à ses unités de puces et de musique.
  • T-Mobile US : le titre perd 3% après des trimestriels décevants.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • BP P.L.C l'emporte face à des actionnaires remontés contre son recul sur le climat.
  • BAE Systems remporte un contrat de 537 M$ pour fournir des services à l'US Navy.
  • La Deutsche Bank prévoit de supprimer 800 emplois.
  • Norsk Hydro relance l'offre publique d'achat d'Alumetal dans le cadre de l'examen en cours par l'UE.
  • Les actionnaires de WISeKey International approuvent la scission de l'activité semi-conducteurs.
  • Daimler Truck lance une nouvelle marque de camions électriques de moyen tonnage aux États-Unis.
  • Rio Tinto achète un projet de scandium australien pour 14 M$.
  • Les principales publications du jour : Exxon Mobil, Chevron, Sony, BYD, Mercedes, Aon, Colgate, ENI, NesteTout l'agenda ici.

Lectures