"Comment expliquez-vous le fort rallye sur le marché actions de ce début d’année ?
Du fait de l'action de la BCE et de la politique menée en interne par l'Italie ainsi que des différentes mesures prises par les dirigeants de la zone euro en ce qui concerne la résolution du dossier grec et la gouvernance au sein de l’union monétaire.
Les craintes des investisseurs autour de la zone euro se sont beaucoup atténuées.

Selon vous, nous devons nous attendre à une phase de consolidation à court terme...
Nous restons en récession en Europe. La croissance dans l'Hexagone est relativement molle. Le contexte politique n'est par ailleurs pas très propice que ce soit en France ou dans la péninsule héllénique.
Ceci étant nous pouvons penser que ces éléments d'inquiétude sont en partie intégrés par les marchés financiers. De ce fait, même s’il est très possible que l'on observe une baisse des marchés, celle-ci sera limitée. Nous ne retrouverons pas les bas niveaux de l’automne dernier.

Cette petite phase baissière pourrait s’avérer saine...
Elle marquerait une pause après le fort rallye du début d'année et permettrait à ceux qui n'ont pas pu le faire de rentrer sur le marché.

Qu'est ce qui selon vous pourrait déclencher cette phase de baisse ?
Au delà du risque électoral, nous pourrions mentionner le risque pétrolier. Je considère cependant que jusqu'à un niveau de 135 dollars le baril, le marché peut s'en accommoder et poursuivre sa remontée.
Au delà, le prix du baril pourrait impacter trop significativement le pouvoir d'achat des consommateurs.

Ne vous attendez-vous pas à de nouvelles secousses dans la zone euro ?
Sans doute, y en aura t il, mais elles ne seront vraisemblablement pas majeures. Ce d'autant plus que la BCE a clairement démontré qu'elle avait à sa disposition une boite à outils qui lui permettait d'éviter que cela ne dégénère. Mario Draghi n'a pas écarté l'hypothèse d'un troisième LTRO (opération de refinancement à long terme pour les banques européennes).

Quels seraient les éléments qui pourraient stimuler davantage le marché?

Jusqu'au mois de février, nous avons vu des retraits se faire dans un certain nombre de fonds. Nous avons un léger mieux mais pas une réallocation massive. Celle ci pourrait arriver dans les prochaines semaines, le temps que les comités statuent. Ce flux acheteur pourrait donner un élan supplémentaire au marché.
Au delà de ce flux, sur le plan plus fondamental, une amélioration de la conjoncture européenne pourrait également générer une certaine dynamique sur le marché. Les statistiques d'avril et de mai seront à surveiller de près dans cette optique.

Les opérations capitalistiques comme les fusions-acquisitions, les rachats d'action ou encore les cessions d'actifs pourraient-elles jouer le rôle de catalyseurs ?
Ces opérations feront du bien au marché mais je pense que leur impact sera marginal. Elles ne joueront pas un rôle moteur.
Votre fonds est exclusivement investi sur les petites et moyennes capitalisations françaises. Quelle est la valorisation de ce segment de marché à l'heure actuelle?
La valorisation moyenne de l’indice Mid & Small ressort à 8,5 fois en Enterprise Value/EBITDA 2012 et 12,4 fois en Price/Earnings 2012. Ces ratios sont un peu supérieurs au CAC 40 qui est pénalisé par la faiblesse du Price/Earnings des banques et de certaines Megas-Caps (Sanofi, France Tel, Vivendi, Total)

Depuis le début de l'année, nous avons constaté une plus forte hausse des small et mid caps par rapport aux larges caps. Cela s'explique essentiellement par des considérations techniques. En raison de la sous valorisation qui caractérise le segment après les ventes massives de novembre et décembre, les investisseurs retrouvent de l'intérêt pour ces valeurs. Cela a alors tendance à amplifier les mouvements de hausse lorsque le marché est porteur.

Aujourd’hui, les small et mid caps évoluent plutôt en ligne avec les larges caps. 

En quoi consiste la stratégie d'investissement de votre fonds ?

Cette stratégie est avant tout focalisée sur les valeurs de croissance et de qualité, des valeurs qui ont une rentabilité de leurs capitaux investis élevée, qui s'inscrit dans la durée, avec une croissance de leurs résultats régulièrement supérieure au PIB.
Suivant une analyse historique sur longue période, de 25-30 ans, on s'aperçoit que ces valeurs délivrent une performance annualisée nettement supérieure à des valeurs moins qualitatives et plus cycliques.
De manière plus opportuniste, il nous arrive aussi d'acheter des actions décotées par rapport à la valeur fondamentale de long terme. Il faut alors qu'il y ait une certaine visibilité sur un facteur déclenchant qui permettra au cours de bourse de remonter. Ces titres sont généralement gardés moins longtemps au portefeuille.

Avec-vous un seuil en ce qui concerne la rentabilité des capitaux investis ?
Nous n'avons pas de seuil. Il faut qu'il soit sensiblement supérieur au cout du capital.

De combien de titres environ se compose votre univers d'investissement ?
D'environ 400. Nous investissons dans les valeurs dont la capitalisation va jusqu’à 4 milliards d’euros. Il n’y a pas de limite basse.
Nous faisons attention au pourcentage des valeurs dont la capitalisation est inférieure à 200 millions d’euros. Ces ne dépassent jamais un total de 20% des encours sous gestion.

Combien de lignes avez-vous actuellement au portefeuille ?
Une cinquantaine de lignes. Le turnover est relativement faible. Nous procédons en moyenne à une rotation par an (en termes d’actifs).

Quel est votre horizon d’investissement ?
Des sociétés peuvent rester plusieurs années comme Ipsos ou Catering international services, une parapétrolière et d’autres quelques mois ou quelques semaines.

Vous avez reçu la semaine dernière le prix de Morningstar pour le meilleur fonds investi dans les small et mid caps françaises ? A votre avis en quoi s’est distingué votre fonds de tous les autres fonds concurrents?
Ces dernières années nous avons su surperformer les phases de baisse comme les phases de hausse avec une moindre volatilité. En 2011 le fonds a affiché une surperformance de 6,5% (-15,34% contre -21,44% pour le benchmark) et la volatilité est ressortie à 18.

Si l’on se fie à vos opérations du mois derniers, quelles lignes avez-vous allégé ou supprimé et à l’inverse lesquelles avez-vous augmenté ou ajouté ?

Nous avons décidé de nous positionner davantage sur Nexans. Les résultats annuels ont été satisfaisants. La société bénéficie de la croissance des investissements dans les réseaux électriques pour faire face à l’afflux de capacités de production dans les énergies renouvelables. La croissance est assurée à 5%.
Nexans va retrouver du pricing power dans la division bâtiment suite à la fusion Draka/Prysmian.
Certains de ses sous segments sont tirés par la conjoncture mondiale, comme le transport. Les troubles auxquels la société devait faire face au Moyen Orient devraient s’atténuer cette année.
Le marché sous estime, à mon sens, le levier opérationnel du groupe. Il y a un potentiel de valorisation du titre jusqu’à 70 euros.

Nous aimons bien également Sartorius Stedim Biotech. Il s’agit d’une société de croissance dans la santé qui bénéficie de l’essor de la biotechnologie et du remplacement des cuves en métal par des cuves à usage unique en plastique. La société est en mesure d’avoir une croissance organique de 8% pendant au moins les cinq années à venir. Elle est en mesure de faire des acquisitions opportunistes si l’occasion se présente. Le titre a un potentiel de progression jusqu’à 65 euros.

Parmi les valeurs que nous avons allégées, nous trouvons Ipsen et Seb.
Nous jouions avec Ipsen une amélioration de la rentabilité avec une réduction des pertes aux Etats-Unis suite à la cession des hormones de croissance. Ayant rencontré des problèmes avec leur fournisseur, la situation risque d’être compliquée. C’est donc l’absence de perspective de résolution de la sortie de leurs actifs en pertes aux Etats-Unis qui nous a poussés à quelque peu vendre le titre.

L’action Seb a connu un très bon parcours ces dernières années. La valeur reste une très belle valeur à long terme qui bénéficie des tendances de consommation dans les pays émergents durablement à la hausse. Ceci étant, à court terme, des signaux négatifs ont été émis, notamment le fait que le nouvel an chinois de cette année n’ait pas vraiment porté les ventes. L’impact sur la croissance en Chine peut s’avérer être de dix points.

Combien peut représenter une valeur au maximum dans votre fonds ?

Réglementairement, nous avons le droit de nous positionner sur une valeur à hauteur de 10% de nos encours. Cependant, si l’on se fie à l’historique, nous ne sommes pas allés au-delà de 4, 5%.

Est-ce que l’ensemble de votre fonds est actuellement investi en actions ?

Nous avons 6,5% de nos encours investi en cash. En début d’année nous n’étions pas loin de 10.% Cela peut aller jusqu’à 15 en période de stress intense ou d’inquiétude extrême.


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