La séance boursière a encore été heurtée hier aux Etats-Unis, avec un nouveau grand écart entre le Dow Jones (+0,15%) et le Nasdaq 100 (-2,2%). L'indice technologique a perdu 29,8% par rapport aux records signés mi-novembre 2021. Le Dow Jones en est lui à -11% par rapport à son pic qui est plus récent (janvier 2022). -11% "seulement" si je puis dire. Je vous renvoie sur la chronique de la veille pour l'explication sur ce décalage de performances. J'en profite pour répondre à une question qui m'a été posée récemment sur la différence entre le Nasdaq 100 et le Nasdaq Composite, qui sont tous deux utilisés par les médias. Le premier est le haut du panier du second, qui est beaucoup plus large puisqu'il compte plus de 2 000 entreprises. Je ne vous ferai pas l'offense de vous dire combien de valeurs compte le Nasdaq 100. Le Nasdaq Composite a perdu hier 2,35%, un peu plus que l'autre, parce qu'il comprend à la fois des valeurs plus petites et/ou plus fragiles. Depuis son pic de novembre, il en est à -30,5%. Les performances, ou les contreperformances en l'occurrence, sont donc très proches parce que ce sont les très grosses capitalisations communes aux deux indices qui font la pluie et le beau temps.

Hier le coup de tabac est venu des commentaires particulièrement pessimistes du management de Snap après l'annonce de résultats médiocres. La maison-mère de Snapchat a fait comprendre que des temps plus compliqués se profilent pour les revenus publicitaires des réseaux sociaux. Bilan des courses, -43% à la clôture pour le titre. Ça a l'air très excessif comme ça, mais ce pourcentage intègre aussi la correction de l'exubérance irrationnelle de certaines valorisations passées. Les investisseurs n'avaient aucun mal à se persuader qu'ils payaient le juste prix quand les trajectoires de croissance des revenus pointaient vers l'infini. Depuis que les pentes sont moins marquées, c'est le sauve-qui-peut. Snap, qui est plutôt un nain en comparaison de pas mal d'autres sociétés californiennes qui nous maintiennent scotché(e)s à nos smartphones, a entraîné dans sa chute ses illustres rivaux. Alphabet (Google) a perdu 5%, Meta (Facebook) 7,6% et Amazon 3,2%. Des comparables plus petits comme Pinterest (-23%) se sont aussi fait sabrer. J'ai lu qu'environ 200 milliards de dollars de capitalisation se sont évaporés des médias sociaux hier, ce qui revient à éradiquer un Novartis, pour prendre une image parfaitement absurde.

En Europe, les indices avaient nettement corrigé en clôture, emportés par la totalité de la cote. Enfin pas la totalité parce que les valeurs bancaires ont tenu la barraque, après que JPMorgan Chase a relevé ses prévisions en rappelant à tout le monde que le secteur bénéficie d'un environnement de taux en hausse, qui attire l'épargne. Le secteur de la santé a bien tenu aussi, car ses vertus défensives sont appréciées en ce moment. Pas étonnant dans ce contexte que le SMI suisse soit le seul indice européen à émerger sur la séance d'hier avec un gain de 0,15%, preuve que Novartis n'a pas été éradiquée. L'indice phare de la bourse de Zurich compte 42% de valeurs de la santé (Roche, Novartis, Lonza…), 18% de financières (Zurich Insurance, UBS…) et 18% de consommation de base (Nestlé), d'où une résistance relativement bonne sur une séance du genre de la veille.

Il faudra suivre aujourd'hui aux Etats-Unis les chiffres des commandes de biens durables (14h30) et le contenu des minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00, donc hors séance européenne). Hier, les deux statistiques publiées là-bas ont été inférieures aux attentes : l'indice d'activité de la Fed de Richmond a déçu et les chiffres de l'immobilier neuf commencent à porter les stigmates de la hausse des taux. Le sentiment qui se dégage de tout ça est que l'économie américaine commence à être touchée par les désordres actuels mais aussi que la surchauffe commence à se résorber. Les financiers ont traduit cela en réduisant un peu leurs anticipations de ce que seront les taux dans quelques mois, ce qui explique que le rendement des obligations d'Etat américaines ait baissé. J'ai peur d'être un peu abscons mais pour simplifier c'est plutôt un signal positif pour le marché : en gros, la Fed pourrait ne pas avoir à être aussi agressive que prévu à terme.

Parmi les autres événements du jour, j'ai aussi noté l'assemblée générale annuelle de TotalEnergies. Celle de Shell a été pour le moins mouvementée hier par des activistes qui se sont invités au débat pour forcer la compagnie à accélérer sa transition énergétique. L'assemblée a été suspendue pendant deux heures. Le groupe français a pour sa part refusé d'inscrire à l'ordre du jour une résolution portée par plusieurs actionnaires, dont des institutionnels, demandant l'inscription du respect de l'accord de Paris dans la stratégie. Les débats pourraient être houleux. TotalEnergies qui a annoncé ce matin l'acquisition du 5e producteur américain d'énergies renouvelables, Clearway. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Les marchés actions vont ouvrir en hausse ce matin en Europe. Un rebond dit "technique" après la baisse de la veille. En Asie Pacifique, les gains de début de séance se sont estompés, mais la Chine continentale, Hong Kong et l'Australie sont toujours en hausse. Le CAC40 gagnait 0,8% à 6303 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, ce sont les commandes de biens durables (14h30) et les minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00) qui susciteront le plus grand intérêt. Tout l'agenda macro ici.

L'euro poursuit son ascension à 1,0714 USD. L'once d'or gagne un peu de terrain à 1862 USD. Le pétrole reste très proche de ses niveaux récents avec un Brent de Mer du Nord à 114,82 USD le baril et un brut léger américain WTI à 111 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans s'établit à 2,76%, en baisse. Le bitcoin s'échange autour de 30 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ACS, Actividades de Construccion y Servicios : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre.
  • Banco Santander : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4 à 4,30 EUR.
  • BBVA : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7,40 à 7,10 EUR.
  • Bankinter : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5,50 à 6 EUR.
  • CaixaBank : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 3,50 à 3,65 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 155 à 115 CHF.
  • Credito Emiliano : Jefferies passe de sous performance à conserver en visant 5,90 EUR.
  • CTS Eventim : Exane BNP Paribas reprend le suivi à sousperformance en visant 50 EUR.
  • EQT : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 315 SEK.
  • Euroapi : Société Générale démarre le suivi à l'achat en visant 15,50 EUR.
  • Getlink : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 19 EUR.
  • Hikma : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 1900 GBp.
  • Homeserve : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 830 à 1200 GBp.
  • HSBC : AlphaValue reste à alléger avec un objectif relevé de 462 à 511 GBp.
  • Intesa Sanpaolo : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2,35 à 2,25 EUR.
  • Legrand : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 104 à 92 EUR.
  • Munich Re : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 300 à 305 EUR.
  • Partners Group : Barclays démarre le suivi à pondération en ligne en visant 1040 CHF.
  • Philips : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 21,30 EUR.
  • Unicredit : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 15 à 16 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies prend 50% de Clearway, le 5e acteur des renouvelables aux Etats-Unis. L'opération est montée en cash et en titres SunPower, sur la base de 35,10 USD par action Clearway Energy (une filiale de Cleanway) et 18 USD par action SunPower.
  • Stellantis et Samsung SDI confirment la construction d'une usine de batteries en coentreprise dans l'Indiana pour un montant de 2,5 Mds$.
  • Saint-Gobain va acquérir les sociétés de matériaux de construction Fibroplac et Falper, basées au Portugal.
  • S&P place Electricité de France en France sous surveillance négative en raison des problèmes nucléaires et de la hausse de la dette.
  • Sodexo renonce finalement à faire entrer un investisseur externe dans sa filiale Avantages & Récompenses, qui restera un actif clef dans les années à venir au sein du périmètre.
  • Des ONG accusent KLM (Air France-KLM) de "greenwashing" et menacent de saisir la justice.
  • Klépierre confirme Jean-Marc Jestin à la présidence.
  • Technip Energies et Samsung Engineering remportent un contrat d'ingénierie auprès de Texas LNG aux États-Unis et créent une coentreprise.
  • Valneva achève avec succès un essai évaluant son candidat vaccin contre le chikungunya.
  • Compagnie Plastic Omnium place un Schuldschein de 400 M€.
  • Neoen remporte 80 MWc de projets solaires en Irlande.
  • Bonduelle négocie la vente de 65% de sa division Americas Long Life à FTQ et CDPQ sur la base d'une valeur d'entreprise de 625 M€.
  • Séché va racheter à Veolia certaines activités de traitement des eaux industrielles en France.
  • Prodways va livrer six imprimantes 3D additionnelles et les matières associées à un client industriel majeur.
  • Hydrogène de France et Pestech collaborent sur la production d'hydrogène vert à partir de centrales hydroélectriques au Cambodge et en Malaisie.
  • Archos obtient un waiver sur le contrat de financement dilutif signé avec Yorkville.
  • Compagnie des Alpes, Manutan, Qwamplify, LDC, Osmozis et Entech ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures