Autant la séance de lundi avait été marquée par une stabilisation des indices, voire un rebond aux Etats-Unis, autant celle de mardi a marqué un retour généralisé dans le rouge. C'est l'Italie qui a le plus souffert, avec un indice milanais MIB en baisse de 2,12% à 17h30, maltraité par son gros contingent bancaire. Il faut dire que le gouvernement transalpin avait pris tout le monde par surprise en dégainant une taxe exceptionnelle sur les bénéfices bancaires pour capter une partie du pactole généré par la hausse des taux de la BCE. Intesa, Unicredit et consorts ont été hachées menues, mais l'onde de choc a mis à genou tout le secteur en Europe. Les investisseurs ont en effet réintégré une prime de risque sur la banque, au cas où la petite bombe italienne donnerait des idées à d'autres exécutifs. Paris a perdu -0,7%, Zurich et Londres -0,4%, pendant que Francfort lâchait -1,1%.

Aux Etats-Unis, la banque a aussi été chahutée, mais moins par les événements européens que par la décision de Moody's de dégrader la notation crédit de plusieurs établissements financiers secondaires et tertiaires, tout en prévenant que des institutions plus importantes pourraient être concernées à l'avenir. Dans le même temps, la technologie a marqué le pas. Bilan final, le S&P 500 et le Dow Jones ont perdu 0,4%, pendant que le Nasdaq 100 rendait 0,9% hier soir. Notez que tous les marchés actions occidentaux avaient mal commencé la séance après des chiffres d'import-export chinois déprimants, signe que le commerce mondial est bancal. Les nouvelles données chinoises du jour n'ont rien de plus enthousiasmant, mais on en parlera plus bas, après avoir visité le cabinet des curiosités d'entreprises de la veille.

On commence par Novo Nordisk, la star danoise de la lutte contre le diabète, dont l'action s'est envolée de 17,3% en clôture, après avoir explosé en hausse à midi. Midi, c'était l'heure de publication d'un communiqué annonçant de très bons résultats de réduction du risque cardiovasculaire avec le traitement de Novo contre le diabète et l'obésité, Wegovy. La capitalisation du Danois, déjà un poids lourd du marché, a grimpé à 421 Mds$. Il talonne désormais LVMH (441 Mds$), le plus gros dossier européen, après avoir progressé de 70% sur un an. Bernard Arnault devrait sans doute plancher sur le sac à main artificiellement intelligent qui fait maigrir pour conserver son sceptre. Novo Nordisk a électrisé son fournisseur allemand de stylos d'injection Gerresheimer (+11%) et même son grand rival Eli Lilly, qui a fini à +15%.

L'Américain dispose d'un traitement similaire prometteur et a de surcroît publié hier de très bons résultats. L'autre leader du traitement du diabète, Sanofi, est en revanche resté à quai, faute d'être présent sur le même segment.

Autre dossier brûlant du moment, qui va faire couler de plus en plus d'encre : l'introduction en bourse d'Arm, un acteur clef du domaine des semiconducteurs. L'opération, orchestrée par le propriétaire actuel Softbank, devrait avoir lieu à New York en septembre. Arm, c'est un peu le bien commun du secteur : le Britannique licencie une technologie que presque tous les acteurs de l'électronique de pointe utilisent. Nvidia avait tenté de racheter le groupe, mais l'antitrust avait mis un veto. Softbank a donc opté pour une entrée en bourse, mais ça se bouscule au portillon pour arracher une participation minoritaire au capital. Apple, Intel, Samsung Electronics, Nvidia, Amazontous veulent en être, pour éviter que les autres n'exercent une influence trop forte sur ce joyau du secteur. Nul doute que cette IPO va faire les gros titres dans les semaines qui viennent.

Transition logique, on parle de retrait de la cote après cette séquence introduction. Le patron de L'Occitane, l'autrichien Reinold Geiger, aurait prévu, selon Bloomberg, de retirer le dossier de la cote en proposant 35 HKD par action, soit 37% de plus que le cours de clôture de mardi. "HKD", c'est pour dollar hongkongais, puisque la société provençale, dont le siège historique est à Manosque, est cotée sur ce marché asiatique depuis des années. Geiger était entré au capital de la société en 1994, avant d'en faire en 2010 la première société française cotée à Hong Kong, l'Asie étant son premier marché. Il possède près de 73% du capital et devrait donc, selon Bloomberg, racheter les minoritaires et faire sortir la société de la bourse.

On termine sur les statistiques chinoises annoncées à potron-minet, avec des prix à la consommation qui ont baissé de -0,3% sur un an en juillet, pendant que les prix à la production se contractaient de -4,4%. Les économistes visaient en moyenne respectivement -0,4% et -4%. Reste à voir si la baisse légèrement moins forte que prévu suffira au bonheur des marchés actions. En tout cas, la poursuite de la dégradation de l’évolution des prix fait craindre une plongée en déflation, avec le spectre de la situation japonaise du début des années 1990. En théorie, il faut répondre à ce problème par l'expansion monétaire, mais les consommateurs et les entreprises chinoises sont de plus en plus frileux et les autorités sont réticentes à lancer des programmes de soutien financés par le déficit. La déflation a des effets néfastes en spirale sur l'économie d'un pays. S'il fallait en tirer un enseignement positif, ce serait que la baisse des prix en Chine va aider à courber l'inflation excessive qui sévit dans le monde occidental. Pour autant, c'est un signal de plus de la mauvaise santé économique chinoise.

En Asie-Pacifique, la Corée du Sud brille ce matin en s'adjugeant plus de 1% après cinq séances de baisse. L'Australie s'en tire plutôt bien elle aussi (+0,3%), mais les autres places reculent. Modérément à Hong Kong et à Shanghai (-0,1%), mais un peu plus fort à Bombay et Tokyo (-0,4%). L'Europe devrait ouvrir sur un rebond. Le CAC se reprend de plus de 1% à 7251 points. Le SMI prend 0,5% à 11 108 points. 

Les temps forts économiques du jour

Après l'inflation chinoise publiée ce matin, les stocks pétroliers américains sont prévus à 16h30. Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0974 USD. L'once d'or varie peu à 1931 USD. Le pétrole remonte légèrement, avec un Brent de Mer du Nord à 85,95 USD le baril et un brut léger américain WTI à 82,34 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 4%. Le bitcoin s'échange autour de 29 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Alfen : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 55 EUR.
  • Amadeus : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 62 à 65 EUR.
  • ASM International : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 320 à 430 EUR.
  • Aurubis : UBS démarre le suivi à l'achat en visant 100 EUR.
  • AXA : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 36,60 à 35,80 EUR.
  • Bayer : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 84 à 78 EUR.
  • BMW : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 97 EUR.
  • Coloplast : Jyske Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1045 à 950 DKK.
  • Daimler Truck : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 40 à 45 EUR.
  • Equinor : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 310 à 306 NOK. RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 390 NOK.
  • Fresenius SE : Deutsche Bank passe de conserver à acheter.
  • Galenica : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 70 à 73 CHF.
  • Haleon : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 375 à 370 GBp.
  • Hikma : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 1800 à 2175 GBp.
  • IMCD : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 200 à 180 EUR.
  • Intesa : LBBW passe de conserver à vendre en visant 2,30 EUR.
  • Lufthansa : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 11 à 13 EUR.
  • Mercedes : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 70 EUR.
  • Norden : SEB passe de conserver à acheter en visant 400 DKK.
  • Novo Nordisk : Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 1210 440 DKK.
  • Porsche AG : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 110 EUR.
  • Renault : Citigroup passe de neutre à acheter en visant 48 EUR.
  • Scout24 : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 70 à 73 EUR.
  • Siemens Energy : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 18 EUR.
  • Sika : Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 260 à 268 CHF.
  • Stellantis : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 18 EUR.
  • TotalEnergies : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 58,80 à 61,40 EUR.
  • Verbund : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 70 EUR.
  • Vonovia : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 38 à 35 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • BNP Paribas et Société Générale, au milieu d'autres banques, ont été sanctionnées à payer chacune 110 M$ aux Etats-Unis pour des manquements dans le contrôle et le suivi des commentaires de leurs salariés sur des messageries privées.
  • L'Italie cherche à conclure un accord d'ici la fin de l'année avec Stellantis sur un plan d'investissement automobile.
  • Verimatrix renforce son offre.
  • Les actions MyHotelMatch ont été regroupées à raison de 100 pour 1.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Artmarket

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • ABN Amro affiche un bénéfice net supérieur à celui du deuxième trimestre.
  • Ahold Delhaize accuse une baisse de ses résultats semestriels, mais les revenus sont en hausse et les objectifs sont confirmés.
  • Coca-Cola Hellenic relève ses prévisions.
  • EO.N relève ses perspectives pour l'année 2023.
  • Flutter Entertainment renoue avec les bénéfices au premier semestre et augmente son chiffre d'affaires.
  • Honda enregistre une hausse de 78% de son bénéfice d'exploitation au premier trimestre fiscal.
  • Qiagen revoit à la baisse ses prévisions pour l'exercice 2023.
  • Super Micro Computer perd 9,5% hors séance après ses trimestriels.
  • TUI est bénéficiaire au T3 fiscal.
  • Vestas réduit sa perte au premier semestre, mais elle est plus élevée que prévu.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Reinold Geiger, à la tête de 73% de L'Occitane, envisage de racheter le solde des titres à 35 HKD par action, selon Bloomberg (prime de 37% sur le cours de clôture de la veille).
  • Google et Universal Music en pourparlers pour un accord sur les "deepfakes" de l'IA, selon le FT.
  • Boeing a livré 309 avions depuis le début de l'année et reçu 467 commandes nettes.
  • Amazon envisage à son tour d'investir dans l'introduction en bourse d'Arm, comme une floppée d'autres.
  • Google fait une demande d'urgence pour bloquer le renvoi d'un procès antitrust au Texas.
  • KKR et l'Italie discutent (encore !) des conditions d'une offre soutenue par l'Etat pour le réseau de lignes terrestres de Telecom Italia.
  • Rivian relève son objectif de production.
  • Li Auto a pour ambition de dépasser BMW, Mercedes et Audi (Volkswagen) en Chine en 2024.
  • WeWork émet des doutes sur la continuité de l'exploitation, les actions chutent.
  • Six compagnies des eaux britanniques, dont Severn Trent, font l'objet de poursuites judiciaires évaluées à plus de 800 M£.
  • Equinor obtient l'approbation de la Norvège pour les projets GNL de Snohvit et Hammerfest.
  • ESPN (Walt Disney) signe un accord de 2 Mds$ avec Penn pour lancer une activité de paris sportifs.
  • La startup de réalité virtuelle Immersed va entrer en bourse via le SPAC Maquia Capital Acquisition Corp.
  • Les principales publications du jour : Walt Disney, Sony, Honda, Flutter, Ahold Delhaize, Generali, Vestas, SampoTout l'agenda ici.

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