Les marchés actions occidentaux viennent d'enquiller trois séances consécutives de baisse, avec l'affaiblissement des courants porteurs constitués par l'attelage "fin prochaine du cycle de resserrement monétaire des banques centrales" et "promesses de l'intelligence artificielle". Le retour des tensions autour de la dette publique américaine au début de la semaine a contribué à gripper la machine. Comme dirait mon voisin Emile, un célèbre sociologue des marchés financiers, en tout cas dans ma rue, "quand t'as Claranova, Gaussin et Casino dans les plus fortes hausses du jour, il faut commencer à flipper".

Plus sérieusement, le reflux des indices cette semaine marque ce que l'on peut appeler une consolidation, c’est-à-dire une contraction après une phase de gains. Mais les financiers cherchent à savoir si le mal est plus profond et si la suite de l'été sera meurtrière ou bénigne. Le mois d'août n'a pas spécialement mauvaise réputation en bourse, même s'il se situe dans la fourchette basse des performances historiques pour le S&P500 aux Etats-Unis. Septembre, en revanche, est clairement et statistiquement le plus mauvais mois de l'année pour les investisseurs, le seul qui compte plus de baisses que de hausses sur les 94 dernières années. Précisément 52 baisses pour 42 hausses, alors que le second plus mauvais mois, février, compte 46 baisses pour 50 hausses. Histoire d'être complet, décembre est statistiquement le mois le plus sûr : 26 baisses pour 69 hausses sur le S&P500 depuis 1928 (tous les chiffres sont sourcés Yardeni Research).

Hier, Wall Street a finalement perdu peu de terrain à la clôture, mais a échoué à conserver les quelques gains entrevus à la mi-journée. L'Europe avait glissé un peu plus fort, notamment la France et l'Allemagne, en retrait de 0,7 à 0,8%. Tout ce petit monde en est donc à trois séances de rang dans le rouge.

Donc, ce qui interpelle cette semaine, c'est la hausse des rendements obligataires américains, alimentée par le retour du débat sur la dette, mais pas seulement. L'échéance 10 ans est montée à 4,17% hier. Elle se rapproche de ses pics de plus de 10 ans, touchés en octobre dernier. Cause et conséquence ? La vigueur des indicateurs préliminaires sur le marché du travail en juillet a d'une part réduit encore une fois les craintes de récession, et d'autre part accru la perspective de voir la Fed relever ses taux au-delà de ce qui est communément admis par les investisseurs. En d'autres termes, le marché se demande s'il y aura une nouvelle hausse de taux en septembre (toutefois, la probabilité n'est que de 17,5% sur l'outil FedWatch du CME, mais je suppute que tout peut changer cet après-midi), voire s'il n'y en aura pas d'autres ensuite, ce qui décalerait le retour à une politique monétaire pro-business. Par conséquent, les chiffres officiels sur l'emploi aux Etats-Unis, qui sont attendus à 14h30 aujourd'hui, font figure de couperet. C'est souvent le cas, puisque ce sont les statistiques les plus importantes ou presque aux yeux de la Fed et du marché, mais c'est sans doute encore plus vrai dans la configuration que je viens de décrire.

Il faudra aussi compter aujourd'hui avec les publications des résultats d'Apple et Amazon hier soir. La marque à la pomme a publié sous les attentes à cause de ventes d'iPhones en berne, mais les investisseurs n'ont pas tout jeté dans la publication, car la branche services est très dynamique et constitue un relais de croissance apprécié, compte-tenu de l'importance des marges de la division. L'un dans l'autre, le titre Apple perdait quand même 2% hors séance. De toute façon, il se fait voler la vedette par Amazon, qui s'envolait à l'inverse de près de 9% post-séance. Une telle progression pour un dossier de ce poids (1 323 Mds$ de capitalisation) suffit à orienter les indicateurs avancés américains dans le vert ce matin, alors que le reste de la cote est plutôt chafouine. Amazon a séduit les investisseurs en améliorant l'efficacité de sa logistique dans sa partie marchande et en renouant avec une croissance à deux chiffres dans les serveurs, sa vache à lait. Il y a encore beaucoup de résultats d'entreprises aujourd'hui, mais c'est bien la société fondée par Jeff Bezos qui leur vole la vedette.

En Asie Pacifique, on a encore droit à des rumeurs sur des soutiens divers et variés à l'activité en Chine. Ça devient presque un running gag puisqu'on est toujours plus proche de l'incantation que du concret. Le Japon peine à se redresser après deux séances compliquées, puisque le Nikkei 225 termine la séance en baisse de 0,1%. Electroencéphalogramme plat du côté de l'Australie (-0,04%) et de la Corée du Sud (+0,1%), mais un peu mieux en Inde (+0,4%). La Chine part toujours dans tous les sens, avec des hausses de 0,7% pour le CSI300 et de 1% pour le Hang Seng, qui avaient souffert depuis mardi. Le CAC40 gagne 0,3% à 7283 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis seront présentés à 14h30. En matinée, place aux commandes d'usines allemandes, à la production industrielle française et aux ventes de détail européennes. Tout l'agenda ici.

L'euro est remonté autour de 1,0957 USD. L'once d'or est stable à 1936 USD. Le pétrole s'est repris, avec un Brent de Mer du Nord à 85,19 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,45 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 4,16%. Le bitcoin se négocie 29 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 37 à 40 CHF.
  • Adidas : Baird reste neutre avec un objectif de cours relevé de 150 à 170 EUR.
  • Ageas : Morningstar passe de vendre à conserver en visant 37 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 62 à 64 EUR.
  • Beiersdorf : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 135 à 136 EUR.
  • BMW : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 130 à 129 EUR.
  • Equasens : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 96 à 94,60 UR.
  • Genmab : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 2657 à 2736 DKK.
  • Hexagon : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 125 à 110 SEK.
  • Hikma : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1740 à 2100 GBp.
  • Infineon : Cowen reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 45 à 42 EUR.
  • ING Groep : BNP Paribas Exane reste neutre avec un objectif de cours relevé de 15 à 16,50 EUR.
  • JD Sports Fashion : Numis reprend le suivi à alléger en visant 140 GBp.
  • John Wood : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 210 GBp.
  • Lonza : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 695 à 645 CHF.
  • Lufthansa : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 11,50 à 10,20 EUR.
  • Neste Oyj : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 48 à 43 EUR.
  • Outokumpu : Inderes passe d'alléger à accumuler en visant 5 EUR.
  • QT Group : SEB passe d'acheter à conserver en visant 69 EUR.
  • Rolls-Royce : BNP Paribas Exane reste neutre avec un objectif de cours relevé de 111 à 196 GBp.
  • Saint-Gobain : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 50 à 62 EUR.
  • Société Générale : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 33 à 35 EUR.
  • Solvay : Morningstar passe de conserver à acheter en visant 120 EUR.
  • Tenaris : Morningstar passe de conserver à acheter en visant 16 EUR.
  • UniCredit : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 24 à 28,50 EUR.
  • Unilever : LBBW reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 4100 à 4200 GBp.
  • Zalando : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 53 à 49 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Antin réduit sa prévision d'Ebitda en 2023, à environ 200 M€.
  • Crédit Agricole dépasse les attentes au deuxième trimestre grâce à l'assurance et au crédit à la consommation.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Crédit Agricole rachète la majorité des parts de Degroof Petercam, gestionnaire de fortune belge.
  • TotalEnergies cède 15% d'un champ gazier en Azerbaïdjan à Adnoc.
  • Le vaccin contre le VRS d'AstraZeneca et de Sanofi reçoit la recommandation du CDC pour protéger les nourrissons.
  • Airbus a livré 65 appareils en juillet.
  • Daniel Kretinsky s'engage à jouer un rôle passif dans Atos pour apaiser les inquiétudes des parlementaires.
  • S&P abaisse la note de crédit de Casino de "CCC-" à "CC".
  • Carmila va céder un centre commercial en Ile-de-France pour 35 M€.
  • Groupe Pizzorno Environnement conserve le marché de collecte des déchets ménagers du Grand Lyon.
  • Damartex finalise la restructuration de sa dette.
  • Méthanor investit 2,5 M€ dans le parc éolien d'Akuo en Croatie.
  • The Blockchain Group veut lever 1,9 M€ à 0,11 EUR l'action.
  • Le petit coin de la dilution : Sensorion réalise un placement privé de 35 M€ et fait entrer un nouvel investisseur, Redmile, un fonds américain spécialisé dans le secteur, déjà vu chez Innate.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Cellectis, Hexaom, Equasens, Rothschild…

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Amazon s'envole de 9% après des résultats supérieurs aux attentes.
  • AP Moller Maersk affiche des bénéfices supérieurs aux prévisions pour le deuxième trimestre et revoit à la hausse ses objectifs.
  • Apple déçoit et perd 2% hors séance après ses trimestriels.
  • Booking en hausse de 12% après de solides résultats.
  • Commerzbank affiche une hausse de 20% de son bénéfice net au deuxième trimestre.
  • Dufry redresse la barre au premier semestre.
  • Fortinet perd 16% hors séance après ses trimestriels et une réduction de ses objectifs.
  • Salvatore Ferragamo accuse une baisse de ses ventes et de son bénéfice d'exploitation au premier semestre.
  • WPP subit une baisse du bénéfice attribuable au premier semestre, mais affiche une hausse du chiffre d'affaires.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Barclays envisage de déplacer son siège européen de Dublin à Paris.
  • Saipem remporte deux contrats en Roumanie et en Allemagne pour un montant total de 1,8 Md€.
  • KKR en discussions avancées pour acquérir Simon & Schuster auprès de Paramount Global pour 1,65 Md$, selon Reuters.
  • Fortum entame une révision stratégique de ses activités dans le domaine des solutions circulaires.
  • Novo Nordisk et Eli Lilly poursuivis en justice pour les effets secondaires gastro-intestinaux graves présumés d'Ozempic et de Mounjaro.
  • Skanska obtient un contrat de construction de 215 M$ avec Seagen pour une installation de biofabrication aux Etats-Unis.
  • Les principales publications du jour : Enbridge, Itochu, Sika, Dominion, Crédit Agricole, Swiss Re, AP Moller Maersk, FastenalTout l'agenda ici.

Lectures