L'américano-centrisme routinier des investisseurs est exacerbé cette semaine par les importantes échéances qui se profilent. Pour imager un peu notre affaire, disons que le plat de résistance sera servi par la banque centrale américaine demain soir à 20h00 sous la forme d'une décision de politique monétaire. Le chef Powell s'est bien gardé de communiquer le contenu de l'assiette, mais les financiers voient une probabilité de 77% pour une hausse de taux de 50 points de base, qui porterait les Fed Funds de la zone "3,75 à 4%" à la zone "4,25 à 4,50%". Les 23% restants optent pour une recette plus salée de 75 points de base de hausse.

Ces pourcentages pourraient varier avec l'entrée servie dès cet après-midi à 14h30 sous la forme des chiffres de l'inflation du mois de novembre aux Etats-Unis. Ça n'a pas l'air très appétissant comme ça, un peu comme la salade de chou rouge de la cantine du Collège de l'Estérel quand j'étais en 5e. Mais il va falloir l'avaler quand même. Si tout se passe comme prévu, l'inflation devrait continuer à se modérer outre-Atlantique, ce qui renforcerait l'hypothèse d'un tour de vis moyen (50 points de base donc) par rapport à un tour de vis plus musclé (75 points) qui affligerait probablement les marchés actions.

Ah j'oubliais. Powell cuisinera aussi demain soir, en accompagnement du plat principal, les prévisions économiques de la Fed. Ce document est important pour deux raisons. D'abord parce qu'il contient la mise à jour trimestrielle des anticipations de l'institution sur une période de deux ans. Ensuite parce qu'y figure un tableau détaillant l'estimation du point haut des taux directeurs de chaque participant du comité de politique monétaire pour l'année en cours et les trois suivantes. Une information précieuse qui permet d'affiner les pronostics sur l'évolution de la politique monétaire américaine, à la fois dans l'espace (où le pic de taux se situera-t-il ?) et dans le temps (quelle sera la durée de la politique de taux plus élevés ?). Illustration ici avec la figure 2 du compte-rendu de la réunion du 21 septembre dernier de la Fed.

Pour le dessert, il faudra attendre jeudi et la publication des ventes de détail américaines de novembre à 14h30. L'interprétation des chiffres dépendra des plats servis précédemment et de l'humeur des investisseurs, souvent volatile cette année. De mauvais chiffres pourraient conforter le sentiment selon lequel la politique monétaire punitive fonctionne, mais pourraient renforcer les craintes d'un atterrissage économique brutal. De bons chiffres réveilleraient les craintes du maintien en intensité et en durée d'une politique monétaire restrictive, mais rassureraient sur la capacité de résistance du consommateur américain. Et je vous passe toutes les nuances d'interprétation plus subtiles. Le dessert sera servi avec ses mignardises : décisions de politique monétaire de la Banque d'Angleterre (13h00) et de la Banque centrale européenne (14h15). Si elles sont moins copieuses en matière d'intérêt des investisseurs, ces annonces gardent de l'importance. Attention à l'indigestion quand même.  

Hier, la semaine boursière a démarré mollement en Europe où les indices ont généralement perdu du terrain. Des baisses de l'ordre de 0,4% en France, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Allemagne par exemple. Aux Etats-Unis, le principal trio d'indices a trouvé les ressources pour rebondir après sa baisse de vendredi. Le Nasdaq 100 a repris 1,24%, le S&P500 environ 1,4% et le Dow Jones près de 1,6%. Petite curiosité quand même, l'indice VIX, qui est une forme de mesure de la nervosité du marché, a bondi de 9% hier. En théorie, il est plutôt censé évoluer en baisse quand les marchés actions américains montent, et vice-versa. Je n'ai pas d'explication valable sinon que la tension monte avant les importantes échéances de la semaine, alors que dans le même temps Wall Street a l'air de se positionner pour un rebond.

Il y a pas mal de sujets intéressants ce matin dans l'actualité politico-économico-financière. Les dirigeants européens, du moins ceux qui n'entassent pas des liasses de billets dans leurs logements, se sont accordés pour mettre en place une "taxe carbone" aux frontières, destinée à appliquer aux importations des 27 les critères du marché du carbone européen. L'objectif est de pousser les partenaires commerciaux à adopter des standards carbone élevés. En revanche, les membres de l'UE sont toujours incapables de s'accorder sur le plafonnement du prix du gaz. Toujours trop d'intérêts divergents, manifestement. De son côté, la Chine a saisi officiellement l'OMC du traitement que les Etats-Unis lui font subir sur les semiconducteurs. On termine avec l'info people de la semaine, l'arrestation hier de Sam Bankman-Fried aux Bahamas, sur demande des autorités américaines. Une demande d'extradition est probablement en cours. SBF est censé être auditionné plus tard dans la journée par une commission parlementaire de la chambre des représentants. Les spécialistes lui promettent bientôt une combinaison orange à la place de ses t-shirts habituels.

Les parcours sont contrastés sur les marchés d'Asie et du Pacifique. L'Australie, le Japon et l'Inde sont en légère hausse pendant que la Corée du Sud recule et que la Chine hésite. Shanghai fait plutôt grise mine pendant que Hong Kong essaie de se redresser après avoir chuté de plus de 2% hier, plombé par ses valeurs technologiques. L'Europe devrait ouvrir dans le vert, pour rattraper le retard accumulé hier vis-à-vis des indices américains. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,4% à 6674 points.

Les temps forts économiques du jour

Trois temps forts aujourd'hui : la seconde lecture de l'inflation allemande de novembre (8h00), puis l'indice ZEW de confiance des financiers allemands (11h00) et surtout la première estimation de l'inflation américaine de novembre (14h30). Tout l'agenda macro ici.

L'euro est remonté à 1,054 USD. L'once d'or recule à 1782 USD. Le pétrole est remonté, avec un Brent de Mer du Nord à 79 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,12 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est remonté à 3,60%. Le bitcoin s'échange autour de 17 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 2088 EUR.
  • Bachem : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 66 à 86 CHF.
  • BHP : UBS passe de neutre à vendre.
  • Danone : Crédit Suisse passe de neutre à sousperformance en visant 47 EUR.
  • Domino's Pizza : Panmure Gordon démarre le suivi à l'achat en visant 375 GBp.
  • Edenred : JPMorgan reste à surpondérer avec un objectif relevé de 59 à 63 EUR.
  • Elior : Citigroup passe de neutre à achat en visant 4,10 EUR.
  • EMS-Chemie : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 700 CHF.
  • ENI : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 19,10 EUR.
  • Erste : KBW passe de performance de marché à sousperformance en visant 32,10 EUR.
  • Kojamo : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 15,50 EUR.
  • Neoen : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 47 EUR.
  • Nexi : Jefferies reprend le suivi à conserver en visant 8,50 EUR.
  • Polypeptide : UBS passe de vendre à neutre en visant 25,50 CHF.
  • Reckitt : Crédit Suisse passe de surperformance à neutre.
  • Rio Tinto : UBS passe de neutre à vendre.
  • Sanofi : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer.
  • SKF : UBS passe de neutre à vendre en visant 150 SEK.
  • Sodexo : JP Morgan reste neutre avec un objectif relevé de 93 à 105 EUR.
  • Sonova : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 330 à 321 CHF.
  • Worldline : Jefferies reprend le suivi à conserver en visant 43,90 EUR.
  • Wise : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 624 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Chez Stellantis, trois syndicats sur cinq signent pour augmenter de 5,3% la masse salariale. Par ailleurs, le constructeur va passer à l'énergie solaire dans 70 usines américaines d'ici 2026.
  • Swiss (Lufthansa) commande cinq Airbus A350-900.
  • BNP Paribas renforce son dispositif dédié à la gestion d’actifs privés.
  • Eiffage rachète près de 75% du Groupe Sun’R.
  • Rémy Cointreau développe la "circularité" de ses bouteilles avec le projet OneBottleForEternity.
  • Compagnie Plastic Omnium monte à 100% de HBPO pour 290 M€.
  • Un quatrième transporteur rejoint le réseau de consignes colis de Quadient au Royaume-Uni.
  • Neoen remporte 180 MW de nouveaux projets solaires et éoliens en France. Le groupe signe un contrat avec H&M pour une nouvelle centrale solaire en Suède.
  • Burelle accélère son développement.
  • Groupe Crit réalise l’acquisition de la société OK JOB en Suisse.
  • Wallix signe un partenariat avec 3DS Outscale (Dassault Systèmes).
  • Vergnet met en service une ferme éolienne à La Barbade.
  • Broadpeak lance un logiciel de streaming très haute performance peu énergivore.
  • Drone Volt vend quatre drones Hercules 20 aux Etats-Unis.
  • Cabasse émet 2,5 M€ de convertibles.
  • Medesis Pharma obtient un brevet eurasien pour l'Aonys.
  • Prismaflex a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Oracle gagne 2% hors séance après la publication de ses résultats trimestriels.
  • Equinor avertit de l'impact du plafonnement des prix de l'UE sur la liquidité du marché du gaz.
  • UCB enregistre la démission de Stefan Oschmann de son poste de président de son conseil d'administration. Le groupe cherche un nouveau patron.
  • First Solar va remplacer Fortune Brands dans le S&P 500.
  • Trimble va acquérir Transporeon pour 1,98 Md$ en espèces
  • Shell va céder sa participation dans le delta de Baram en Malaisie pour 475 M$.
  • BAE Systems reçoit un contrat d'1 Md$ de la Slovaquie pour des véhicules de combat d'infanterie.
  • Eli Lilly augmente de 15% son dividende trimestriel.
  • Pfizer prévoit que les revenus annuels de son portefeuille de vaccins à ARNm atteindront 15 Mds$ d'ici 2030.
  • UniCredit va vendre le portefeuille italien de crédits individuels non performants et non garantis.
  • International Business Machine s'associe avec le japonais Rapidus dans les semi-conducteurs.
  • Argo Blockchain demande la reprise de la cotation à Londres après avoir publié par erreur des documents relatifs à sa faillite potentielle.
  • Nestlé investit 40 MCHF dans une usine en Ukraine. Par ailleurs, Nestlé et Fonterra vont céder leurs activités laitières brésiliennes pour 700 millions de BRL à Lactalis.
  • La Commission européenne exige qu'Uniper cède ses activités aux Pays-Bas, selon le Handelsblatt.
  • L'auditeur britannique de Home REIT va examiner les allégations de Viceroy.
  • LAM Research, Telefonica et HP Inc détachent des dividendes.
  • Principales publications du jour : ColruytTout l'agenda ici.

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