Sommaire : 

I. Introduction
A. Définition et importance des produits dérivés

II. Les Futures
A. Fonctionnement, avantages, inconvénients et exemples d'utilisation

III. Les Forwards
A. Fonctionnement, avantages, inconvénients et exemples d'utilisation

IV. Spécificités des produits dérivés
A. Différences entre futures et forwards, risques et exemples d'utilisation

V. Valeur notionnelle vs valeur de marché
A. Définition et exemples illustratifs

VI. L'effet de levier
A. Définition, risques et exemples illustratifs

VII. Stratégies avec les contrats à terme
A. Couverture, spéculation, arbitrage, spread trading et stratégies de roulement

VIII. La marge
A. Définition, types et risques

IX. Exemple pratique : achat d’un future sur le CAC 40

X. Conclusion

Les Futures
Un future est un contrat qui engage fermement deux parties à acheter ou vendre un actif spécifique à une date et un prix établis à l'avance. Cet outil financier permet d'anticiper les variations futures d'un actif et de se protéger contre les fluctuations indésirés du marché. Si le prix de l'actif à l'échéance dépasse le prix convenu sur le marché, l'acheteur est en situation de gain et le vendeur en perte (et vice-versa). 

Ces contrats sont négociés sur le marché réglementé, ce qui garantit leur liquidité et réduit le risque de contrepartie. Ils peuvent être achetés et vendus tout au long de leur durée de vie. Cependant, ils nécessitent un dépôt de garantie et peuvent entraîner des appels de marge quotidiens, qui correspondent aux profits ou pertes de la position de l'investisseur.

Les Forwards
Les contrats à terme non standardisés, ou forwards, sont similaires aux futures dans le sens où ce sont aussi des accords pour acheter ou vendre un actif à un prix convenu à une date future. Cependant, contrairement aux futures, les forwards sont des contrats privés négociés de gré à gré sur le marché libre (ou OTC, pour “over the counter” en anglais). Ce qui signifie qu'ils sont négociés directement entre les parties sans passer par un marché organisé. Cela permet une plus grande flexibilité en termes de taille de contrat et de dates d'échéance, mais peut également entraîner un risque de contrepartie plus élevé.

Cependant, investir dans ces contrats à terme comporte des risques. L'effet de levier, qui amplifie les gains et les pertes, peut entraîner des pertes financières importantes si le marché évolue dans le sens contraire à l'anticipation de l'investisseur. 

Les spécificités
Les futures, originellement créés pour les produits agricoles, sont souvent utilisés pour se protéger contre les fluctuations de prix ou pour spéculer sur les mouvements futurs des prix. L’actif sous-jacent (ou support) peut être une matière première, une paire de devises, un indice boursier, une action, une obligation ou même un taux d'intérêt. Ainsi, TotalEnergies, une entreprise très sensible aux fluctuations des prix du pétrole, peut se couvrir par le biais de contrats à terme, qui ont l’or noir comme actif sous-jacent. C’est d’ailleurs toute la faillite d’American Airlines de 2011. Les compagnies aériennes dépendent fortement du carburant d'aviation, qui est un type de pétrole distillé. Les coûts du carburant représentent une part importante des dépenses d'exploitation d'une compagnie aérienne. Par conséquent, toute fluctuation des prix du pétrole a un impact direct sur leur rentabilité.

Dans ce contexte, les produits dérivés tels que les contrats à terme peuvent jouer un rôle crucial en aidant les compagnies aériennes à gérer leur exposition aux fluctuations des prix du carburant. En utilisant ces instruments financiers, une compagnie aérienne peut fixer à l'avance le prix du carburant qu'elle prévoit d'acheter à l'avenir, ce qui lui permet de se protéger contre les potentielles augmentations des prix. Dans ce cas précis, American aurait pu éviter de déposer une demande de protection contre la faillite. 

Les futures et les forwards présentent en effet une liquidité et un risque de contrepartie différents. En ce qui concerne les futures, étant négociés sur des marchés financiers spécialisés, sont plus plus liquides en présentant un risque de contrepartie plus faible. Les forwards, en revanche, étant des contrats privés, sont moins liquides et présentent alors un risque de contrepartie plus élevé par définition. Les principales différences entre ces deux contrats sont listées dans le tableau ci-dessous.  

(Source : Marchés financiers, Gestion de portefeuille et des risques, 6éme édition) 

Les futures et les forwards sont des outils financiers essentiels qui offrent aux investisseurs et aux entreprises des moyens de gérer leurs risques financiers et de spéculer sur les mouvements futurs des prix. Cependant, leur utilisation nécessite une compréhension approfondie des marchés et une gestion prudente des risques.

Pour avoir des chiffres en tête, en 2022, il y a eu 29,32 milliards de contrats futurs échanges dans le monde sur les contrats futures.

(Source : Statista)

Selon une étude de la BIS (Bank for International Settlements), la valeur de marché brute des produits dérivés de gré à gré en circulation, a connu une augmentation significative au cours du premier semestre 2022, atteignant 18 300 trillions de dollars américains, principalement en raison de la hausse des produits dérivés de taux d'intérêt. La valeur de certains dérivés de matières premières a également augmenté, dans un contexte de hausse des prix des produits alimentaires et de l'énergie.

Après avoir exploré les spécificités des produits dérivés, il est important de comprendre les concepts clés qui sous-tendent leur fonctionnement. Cela nous amène à la distinction entre la valeur notionnelle et la valeur de marché. Ces deux termes jouent un rôle crucial dans la compréhension de la dynamique des produits dérivés et de leur impact sur les marchés financiers.

Différence entre valeur notionnelle et valeur de marché

La valeur notionnelle et la valeur de marché sont deux concepts distincts, bien que similaires à première vue. 

La valeur notionnelle d'un produit dérivé, comme un contrat à terme, est le montant sous-jacent sur lequel le contrat est basé. Elle représente la quantité de l'actif sous-jacent multipliée par le prix à terme du contrat. Par exemple, si un contrat à terme sur le pétrole est basé sur 1 000 barils et que le prix à terme est de 50 dollars le baril, la valeur notionnelle du contrat est de 50 000 dollars.

La valeur de marché d'un contrat à terme, en revanche, est le prix auquel le contrat pourrait être vendu sur le marché à un moment donné. Elle est déterminée par l'offre et la demande sur le marché des contrats à terme.

La valeur notionnelle ne représente pas le montant total de l'argent en jeu dans un contrat à terme, car les contrats à terme sont généralement négociés avec un effet de levier, ce qui signifie que seuls une petite fraction de la valeur notionnelle est réellement échangée.

L'encours notionnel des produits dérivés de gré à gré a également connu une hausse, s'élevant à 632 000 trillions de dollars US fin juin 2022. Cela illustre la poursuite de la tendance ascendante modérée depuis la fin de 2016.

Zoom sur l’effet de levier

Les futures sont des outils financiers conçus pour atténuer le risque de contrepartie. Ils sont ajustés quotidiennement à leur valeur marchande, ce qui signifie que les profits et les pertes sont calculés et enregistrés chaque jour. Cette pratique quotidienne de marquage à la valeur du marché contribue à la gestion efficace du risque financier. Contrairement aux contrats forward, où le paiement de la marge n'intervient qu'à l'échéance. Les transactions futures sont effectuées via une chambre de compensation qui sert d'intermédiaire entre l'acheteur et le vendeur, offrant une double garantie et éliminant le risque de contrepartie. 

L'effet de levier est une caractéristique clé à retenir. Il permet aux investisseurs de contrôler une grande quantité d'actifs pour une petite somme d'argent déposée à l'avance, appelée dépôt initial (deposit en anglais).

Dans le cas des contrats à terme, l'effet de levier est créé par le fait que seul un pourcentage du contrat (la marge) doit être déposé pour prendre une position. Par exemple, si la marge est de 10%, l'investisseur peut contrôler 10 fois plus d'actifs qu'il ne pourrait le faire en achetant l'actif directement.

Pour les contrats forward, l'effet de levier est similaire. Cependant, comme ce sont des accords privés et non standardisés, les conditions de marge peuvent varier.

L'effet de levier est risqué. Il peut amplifier les gains, mais il peut également accroître les pertes si le marché évolue dans le sens contraire à celui prévu par l'investisseur. Il est donc crucial de gérer soigneusement ce risque lors de l'utilisation de ces instruments.

Quelques stratégies courantes et leur fonctionnement

Les contrats à terme sont des outils financiers que les traders utilisent pour spéculer sur les mouvements de prix ou pour se couvrir contre les fluctuations de prix. Les stratégies utilisées varient en fonction des objectifs et du profil de risque de chaque trader.

Nous l'avions déjà abordé précédemment, les futures et les forwards sont également utilisés pour la couverture, qui est une stratégie visant à réduire le risque de mouvements de prix défavorables. 

L'arbitrage en trading est une stratégie financière qui consiste à exploiter les différences de prix entre plusieurs marchés pour réaliser un profit sans risque. Cela peut impliquer l'achat d'un actif à un prix inférieur sur un marché et sa vente à un prix supérieur sur un autre. Cependant, l'arbitrage moderne est bien plus complexe et nécessite une compréhension approfondie des marchés financiers et des outils quantitatifs.

Il existe plusieurs types d'arbitrage, y compris l'arbitrage de fusions et acquisitions, où les traders parient sur la probabilité d'un événement distinct, comme la fusion de deux entreprises. Cela nécessite une compréhension approfondie des entreprises concernées et de leur position sur le marché.

En dépit de sa complexité, l'arbitrage reste une stratégie d'investissement attrayante en raison de son potentiel de profit sans risque. Cependant, il nécessite une expertise significative et une compréhension approfondie des marchés financiers.

Dans le contexte de l'arbitrage, les contrats à terme peuvent être utilisés pour exploiter les différences de prix entre le marché au comptant (ou marché spot) et le marché à terme. Par exemple, si le prix d'un actif sur le marché au comptant est inférieur à celui du marché à terme, un arbitragiste peut acheter l'actif sur le marché au comptant et simultanément vendre un contrat à terme pour le même actif. Lorsque le contrat arrive à échéance, l'arbitragiste peut livrer l'actif acheté sur le marché au comptant, réalisant ainsi un profit sans risque.

C'est ce qu'on appelle l'arbitrage de contrats à terme, et c'est une stratégie couramment utilisée par les traders et les investisseurs pour tirer profit des inefficacités du marché. Cependant, comme toutes les stratégies d'arbitrage, elle nécessite une compréhension approfondie des marchés financiers et une capacité à identifier et à exploiter rapidement les opportunités d'arbitrage.

Le spread trading est une stratégie qui implique l'achat et la vente simultanés de deux contrats à terme ou forwards liés. L'objectif est de profiter des modifications de l'écart de prix entre les deux contrats. Par exemple, un trader peut acheter un contrat à terme pour livraison en décembre et vendre un contrat à terme pour livraison en mars, en anticipant que l'écart de prix entre les deux contrats va se réduire.

Les traders peuvent aussi utiliser des stratégies de roulement pour maintenir une position sur un contrat à terme ou un forward à mesure que son échéance approche. Cela implique généralement de vendre un contrat qui est sur le point d'expirer et d'en acheter un autre avec une date d'échéance plus éloignée.

Au final, nous pouvons dire que les contrats à terme sont utilisés par trois principaux intervenants sur le marché : les spéculateurs, les hedgers et les arbitragistes.

La couverture (Hedging) : À l'origine, les contrats à terme ont été conçus comme des instruments de couverture. Les hedgers utilisent ces contrats pour se protéger contre les fluctuations de prix d'un actif sous-jacent. Par exemple, un agriculteur peut utiliser un contrat à terme pour verrouiller le prix de ses récoltes à l'avance, réduisant ainsi le risque de fluctuations de prix.

La spéculation : Les spéculateurs sont des intervenants qui cherchent à profiter des fluctuations de prix. Ils n'ont généralement pas l'intention de livrer ou de prendre livraison de l'actif sous-jacent, mais cherchent plutôt à profiter des variations de prix. Bien que la spéculation puisse être risquée, elle est essentielle pour fournir de la liquidité au marché.

L'arbitrage : Les arbitragistes cherchent à profiter des différences de prix pour le même actif sur différents marchés. Par exemple, si le prix d'un actif est inférieur sur le marché à terme et supérieur sur le marché au comptant, un arbitragiste pourrait acheter l'actif sur le marché à terme et le vendre simultanément sur le marché au comptant, réalisant ainsi un profit sans risque. L'arbitrage est une stratégie plus complexe qui nécessite une connaissance approfondie du marché et une capacité à agir rapidement sur les opportunités.

La marge 

La marge, dans le contexte du trading de produits dérivés comme les futures et les forwards, est une somme d'argent que le trader doit déposer auprès de son courtier. Cette somme sert de garantie pour couvrir d'éventuelles pertes sur les positions de trading. Il existe deux types principaux de marges : la marge initiale et la marge de variation.

La marge initiale est le dépôt initial requis pour ouvrir une position. C'est essentiellement une forme de garantie que le courtier exige pour couvrir les pertes potentielles que la position pourrait engendrer. Le montant de cette marge est généralement une petite fraction de la valeur totale du contrat à terme, permettant ainsi au trader de prendre une position beaucoup plus importante qu'il ne pourrait le faire en négociant directement l'actif sous-jacent.

La marge de variation, quant à elle, est un ajustement quotidien du compte de marge pour refléter les gains ou les pertes de la position du trader. Si le marché évolue contre la position du trader, il sera tenu de déposer des fonds supplémentaires pour maintenir sa position. Inversement, si le marché évolue en faveur du trader, il peut retirer une partie de sa marge de variation.

Il est crucial de savoir que bien que le trading sur marge puisse amplifier les gains potentiels, il augmente également le niveau de risque. Une petite fluctuation de prix peut entraîner une perte importante si la position est importante. Par conséquent, une gestion prudente des marges est essentielle pour réussir dans le trading de futures et de forwards.

En ce qui concerne les contrats à terme non standardisés, la situation est légèrement différente. Les forwards sont des contrats privés entre deux parties, et les termes de ces contrats, y compris les exigences de marge, peuvent varier considérablement.

Dans de nombreux cas, il n'y a pas d'exigence de marge initiale pour un contrat forward, car le contrat n'est pas échangé sur un marché et il n'y a donc pas de risque de contrepartie pour un courtier. Cependant, certaines parties peuvent choisir d'inclure une exigence de marge dans le contrat pour se protéger contre le risque de crédit.

Quant à la marge de variation, elle n'est généralement pas utilisée dans les contrats forwards. C'est parce que les gains et les pertes sur un contrat forward ne sont généralement réalisés qu'à l'expiration du contrat, plutôt que quotidiennement. Cependant, encore une fois, cela peut varier en fonction des termes spécifiques du contrat.

Exemple de l’achat d’un future sur le CAC 40

Prenons l'exemple d'un trader qui achète un contrat à terme sur l'indice CAC 40 à 7298 points, avec un dépôt initial de 3000€. La valeur notionnelle de ce contrat est de 72980€, calculée en multipliant 7298 points par 10€, qui est le coût par point pour le CAC 40.

Chaque soir, la chambre de compensation s’occupe du bon règlement des marges. Par exemple, si l'indice CAC 40 clôture à 7310 points le premier soir, le trader réalise un gain de 12 points (7310 - 7298), ce qui équivaut à un crédit de 120€ (12 points * 10€).

Le soir suivant, si l'indice CAC 40 monte à 7330 points, le trader réalise un gain supplémentaire de 20 points (7330 - 7310), soit un crédit de 200€ (20 points * 10€).

Si le trader clôture sa position après deux jours, sa plus-value sera de 320€ (hors frais de transaction), qui est la somme des crédits des deux jours (120€ + 200€), (ou 7330 - 7310 =  32 points eux-mêmes multipliés par 10€).

En revanche, dans le cas d'un contrat à terme (forward), le paiement de la marge n’est effectué qu'à l'échéance du contrat.

On observe clairement l’effet de levier car ici le trader gagne 10%, alors que le marché lui, aura pris seulement 0,4%.

Pour terminer
Les contrats à terme sont des instruments financiers essentiels qui offrent aux investisseurs et aux entreprises des moyens efficaces de gérer leurs risques financiers et de spéculer sur les mouvements futurs des prix. Mais il est important de comprendre l'impact des réglementations financières sur ces produits dérivés et de connaître les stratégies de trading couramment utilisées avec ces instruments.