Il faut aller chercher vendredi après-midi les déterminants du début de la semaine boursière, ce qui n'est pas l'exercice le plus facile vu que personne n'a l'air bien d'accord sur la tectonique des plaques financières actuelle. Si j'en crois mes lectures matinales diagonales, à relativiser dans la mesure où je suis semi-réveillé :

  • Deux membres de la Fed ont dit que la banque centrale pourra bientôt revoir sa politique, mais une autre a dit le contraire.
  • Deux grandes banques d'affaires américaines pensent que l'économie des Etats-Unis va échapper à la récession, mais une de leurs concurrentes a écrit que la contraction économique arrive.
  • Des économistes pensent que le rapport mensuel de l'emploi aux Etats-Unis publié vendredi est positif pour la trajectoire des taux directeurs parce que les créations de postes sont moins robustes que prévu. Mais certains homologues les prennent pour des guignols parce que, dans le même temps, le salaire horaire a augmenté et le taux de chômage a reculé.

Je crois qu'on peut quand même en conclure que personne n'a de certitudes et que tout le monde se contente d'émettre des hypothèses plausibles.

Ce qui est certain, c'est que la séance de vendredi s'est terminée en hausse en Europe et en baisse aux Etats-Unis. A Wall Street, le rapport sur l'emploi dont j'ai parlé juste au-dessus a été bien accueilli dans un premier temps pour son effet "les-hausses-de-taux-portent-leurs-fruits-donc-la-Fed-n'aura-pas-à-les-relever-encore". Mais la suite de la séance s'est moins bien passée et la clôture a eu lieu en baisse de 0,5% pour le S&P500 et le Nasdaq. Même Apple et Amazon étaient en désaccord vendredi. La première a perdu 4,8% après des résultats mitigés, qui ont fait passer sa capitalisation sous la barre de 3 000 Mds$. Amazon a un peu compensé ce décrochage en s'envolant de 8% après des trimestriels, à l'inverse, plus solides que prévu.

Là ça devient un peu plus technique (et encore moins compréhensible). Les rendements obligataires US ont bondi la semaine dernière, jusqu'à approcher leurs pics de novembre dernier. Mais ils se sont dégonflés vendredi. En dépit donc de la baisse des actions à Wall Street, qui semblait adouber la lecture plutôt négative des chiffres de l'emploi pour la politique monétaire. Le 10 ans US s'affiche à 4,06% ce matin, alors qu'il s'est approché de 4,20% il y a trois jours. Le marché ne croit toujours pas à une nouvelle hausse de taux de la Fed en septembre et n'y croit pas tellement non plus d'ici la fin de l'année. Si l'on regarde les contrats à terme, il se dégage une probabilité d'un peu moins de 40% pour nouveau tour de vis en 2023. Je le réécris là : l'un des moteurs les plus puissants de la hausse des actions dans le monde est le retour à un cycle monétaire plus favorable à l'activité, c’est-à-dire avec un coût de l'argent en baisse.

Ça tombe bien, les financiers vont encore pouvoir se déchirer sur leurs analyses de la situation cette semaine, avec le grand retour des statistiques sur les prix. L'inflation américaine de juillet sera publiée jeudi, avant les prix à la production vendredi. Auparavant, mercredi, c'est la Chine qui aura communiqué sur ses prix à la consommation. Comme nous l'écrivions dans le point hebdomadaire de Zonebourse en fin de semaine dernière, les deux puissances ont des problèmes très différents à gérer. Pékin est confronté à la menace d'une déflation problématique, pendant que Washington craint une réaccélération de la hausse des prix après l'accalmie des derniers mois.

Du côté des sociétés, les publications de résultats trimestriels continuent, à un rythme moins effréné que sur la quinzaine précédente. Siemens Energy, Glencore, Bayer, Ahold Delhaize ou Novo Nordisk en Europe et Eli Lilly, United Parcel Service, Zoetis et Walt Disney outre-Atlantique sont sur les tablettes. Aux Etats-Unis, 84% des sociétés du S&P500 ont déjà révélé leurs chiffres. Le bilan reste globalement inchangé (je pique les données à FactSet) : les entreprises sont confrontées à la plus forte contraction de leurs bénéfices sur un an depuis le T3 2020, mais elles dépassent les projections des analystes (qui ont tendance à être sur-pessimistes dans les phases de doute, rappelons-le). Médiocre en absolu, mais bon en relatif, en quelque sorte.

Les infos additionnelles à retenir pour démarrer la semaine :

  • Les attaques ukrainiennes contre la flotte russe tendent le prix des céréales.
  • La tension monte en Afrique, alors que la CEDEAO a menacé d'intervenir au Niger pour mettre fin au coup d'Etat.
  • Des scientifiques américains réitèrent leur percée dans le domaine de la fusion nucléaire.
  • Avec Barbie, Warner Bros dépasse le milliard de dollars de recettes.
  • L'information inutile mais intrigante quand même : le combat entre Musk et Zuckerberg pourrait se tenir le 26 août.

En Asie-Pacifique ce matin, il y en a pour tous les goûts. Le Japon, l'Inde et Taiwan sont en hausse, pendant que l'Australie, la Corée du Sud et Shanghai perdent du terrain. Hong Kong évolue non loin de l'équilibre. Les indicateurs avancés européens sont baissiers, mais les futures américains regardent vers le haut. Le CAC40 perdait 0,2% à 7297 points peu après l'ouverture. Le SMI cédait 0,18% à 11 078 points.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle allemande de juillet est la seule statistique majeure du jour. Tout l'agenda ici.

L'euro flirte à nouveau avec 1,10 USD. L'once d'or est stable à 1938 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 86,12 USD le baril et un brut léger américain WTI à 82,42 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'est un peu assagi à 4,06%. Le bitcoin se négocie autour de 29 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 32 à 33 CHF.
  • Accor : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 37,90 à 41,50 EUR.
  • Adidas : Credit Suisse reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 120 à 130 EUR.
  • AP Moller Maersk : ABG reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 14 400 à 13 045 DKK.
  • AstraZeneca : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 12 600 à 12 700 GBp.
  • BAE Systems : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1090 à 1140 GBp.
  • Beiersdorf : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 144 à 140 EUR.
  • BBVA : KBW reste à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 9,67 à 9,38 EUR.
  • Carl Zeiss : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver.
  • Coltene : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 85,83 CHF.
  • Crédit Agricole : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 11, 91,90 EUR.
  • CTS Eventim : J.P. Morgan reprend le suivi à surpondérer en visant 77 EUR.
  • Deutsche Börse : UBS passe d'acheter à neutre en visant 185 EUR.
  • EDP Renovaveis : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 26,50 à 26 EUR.
  • Fortum : Inderes reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 16 à 15 EUR.
  • Fresenius : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 38 à 41 EUR.
  • Fresenius Medical Care : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 21 à 29 EUR.
  • IMCD : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 160 à 158 EUR.
  • JDE Peet's : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 29,75 à 25,90 EUR.
  • K+S : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 22 EUR.
  • Intesa : KBW reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 3,43 à 3,75 EUR.
  • Lonza : Stifel reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 600 à 530 CHF.
  • Mediobanca : KBW reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 12,72 à 14,40 EUR.
  • Merck KGaA : Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 198 à 183 EUR.
  • OC Oerlikon : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 4,75 CHF.
  • Rolls-Royce : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 235 GBp.
  • Safran : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 161 à 172 EUR.
  • Sika : Mirabaud reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 273 à 300 CHF.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 43 à 46 EUR.
  • Ströer : HSBC passe de conserver à acheter en visant 55 EUR.
  • Teleperformance : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 160 EUR.
  • Unicredit : KBW reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 31 à 34,77 EUR.
  • Worldline : Redburn reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 49,40 à 50 EUR.
  • WPP : Macquarie reste neutre avec un objectif de cours réduit de 1050 à 850 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Société Générale aurait engagé Citigroup pour la conseiller sur les options stratégiques de son activité de conservation de titres, valorisé plus d'un milliard d'euros, selon les informations de Bloomberg.
  • Eutelsat signe un partenariat avec Thaicom.
  • A l'issue de l'OPAS sur Keyrus, l'offreur détient 69,7% du capital.
  • Novo Nordisk a racheté le bloc de contrôle de Biocorp à 35 EUR l'action, en attendant l'offre aux minoritaires.
  • Paredes réhausse son offre à 6,50 EUR par action Orapi.
  • Visiativ reprend Techform à la barre du tribunal.
  • Grolleau prend 49,9% de l'italien OMP Mechtron.
  • Le petit coin de la dilution : Acheter-Louer.fr tire une tranche d'OCEANE de 0,75 M€.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Esso, Poujoulat

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Berkshire Hathaway a signé un bénéfice opérationnel de 10,04 Mds$ au T2, grâce à sa branche assurances et aux cessions réalisées.
  • PageGroup maintient ses prévisions annuelles et déclare un dividende spécial.
  • PostNL revoit à la hausse ses prévisions de bénéfices grâce à une forte demande de colis.
  • Scout24 revoit ses objectifs annuels à la hausse après le rachat de Sprengnetter.
  • Siemens Energy enregistre encore des provisions (2,2 Mds€, mais les analystes s'attendaient généralement à pire) pour des problèmes sur des turbines éoliennes et redoute une perte nette annuelle de 4,5 Mds€.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • International Consolidated Airlines a accepté une augmentation de salaire de 13% pour 24.000 employés, selon le Financial Times.
  • UBS va licencier 80% du personnel de la banque d'investissement de Credit Suisse à Hong Kong.
  • KKR va racheter l'opérateur satellitaire allemand OHB à 44 EUR par action, dans le cadre d'une transaction négociée (le titre cotait 32,15 EUR vendredi soir).
  • Ericsson poursuivie par certains actionnaires en Suède, qui réclament 170 M$.
  • Rio Tinto envisage d'augmenter sa production de cuivre en raison de la hausse de la demande mondiale.
  • Les ventes de billets du film "Barbie" de Warner Bros dépassent le milliard de dollars.
  • Sika acquiert le péruvien Chema.
  • Le directeur financier de Daimler Truck, Jochen Goetz, décède dans un "accident tragique".
  • Moody's relève la notation crédit de Nexi de "Ba2" à "Ba1".
  • Les principales publications du jour : KKR, Palantir, BioNTech, International Flavors & Fragrances, Tyson Foods, Siemens Energy, Aurubis, PostNLTout l'agenda ici.

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