Comme souvent au cœur des saisons de publications de résultats, les palmarès sont façonnés par la qualité des chiffres publiés par les uns et les autres. Ce qui frappe sur ce millésime, enfin ce qui me frappe moi, c'est la grande disparité des performances au sein d'un même secteur. Dans la banque européenne par exemple, BNP Paribas ou ING Groep ont coulé après leurs chiffres, pendant que BBVA ou Unicredit brillaient. Dans l'agrochimie américaine, Corteva s'est envolée sur des perspectives solides, peu avant que son concurrent FMC Corporation ne s'effondre pour la raison inverse. Même la technologie américaine, qui parle souvent d'une seule voix, a du mal à s'accorder : Amazon, Nvidia et Meta Platforms ont montré leurs muscles, pendant qu'Apple et Alphabet ont déçu.

Hier, les indices sont partis dans tous les sens. On a gagné 0,7% à Paris, perdu 0,3% à Zurich, progressé de 0,4% sur le Dow Jones et baissé de 0,2% sur le Nasdaq. Le tout pendant que l'indice MSCI China flambait de 4,7%.

Les résultats d'entreprises vont continuer à façonner les palmarès pendant une bonne quinzaine de jours. Mais les deux autres variables d'ajustement préférées des marchés, la politique monétaire américaine et le bulletin de santé du patient chinois, ne sont jamais loin. Deux membres de la Réserve fédérale y sont allés de leur petit laïus hier. La cheffe de la Fed de Cleveland, Loretta Mester, a honoré la grande tradition sibylline des banquiers centraux en expliquant que la banque centrale gagnera "probablement" en confiance en vue de réduire ses taux d'intérêt "plus tard cette année". Son collègue de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, a pris acte de la réduction de l'inflation tout en estimant qu'il faudra une confirmation pour réduire les taux. Quand on remplacera les êtres humains par des machines, c’est-à-dire dans pas trop longtemps, il faudra peut-être songer à commencer par les banquiers centraux. Mais trêve de cynisme, cette double sortie a quand même eu un petit effet sur le marché, avec une légère détente sur les rendements obligataires américains. En clair, les deux zozos n'ont pas sorti leurs discours les plus menaçants, le marché continue à viser une baisse de taux en mai alors que la Fed essaie de faire croire que ce sera plus tard. Notons quand même que la banque centrale a gagné la première manche qui consistait à faire sortir de la caboche des investisseurs l'idée d'un assouplissement dès le mois de mars. En Europe, Isabel Schnabel a fait part de sa prudence vis-à-vis d'une réduction prématurée des taux de la BCE. Isabel est allemande et est à ce titre une digne représentante de l'orthodoxie monétaire de la Bundesbank : personne n'est surpris de cette déclaration.

Seconde trêve de cynisme, on bascule sur la Chine. Tout le monde se demande si on est revenus sur le schéma classique des dernières années ou s'il va vraiment se passer quelque chose. Pour rappel, voilà grosso modo à quoi ressemble ce schéma en place depuis cinq ans : les marchés plongent. Les autorités annoncent des trucs. Les marchés remontent. Il ne se passe pas grand-chose. Les marchés rechutent plus bas qu'avant les annonces. Voilà, je ne suis pas peu fier d'être capable de modéliser des théories financières complexes. Actuellement, on est à cheval sur les phases "les autorités annoncent des trucs" / "les marchés remontent". Maintenant, il va falloir du concret pour que le scénario du redressement prenne. Bloomberg a publié un bon article hier soir sur le transfert des capitaux internationaux, notamment américains, de la Chine vers l'Inde, présenté comme le nouvel eldorado. En partie parce que c'est vrai et en partie parce que fuir la Chine n'a pas l'air d'être une trop mauvaise idée. Même les très conservateurs investisseurs japonais commencent à s'exposer à l'Inde. Le mouvement n'a pas commencé la semaine dernière, puisque les financiers avaient flairé depuis longtemps le bon filon. D'ailleurs, le marché indien n'est pas particulièrement bon marché : les actions du SENSEX se paient en moyenne 20 fois les bénéfices attendus cette année. C'est à peine moins que le marché américain (le Russell 3000 navigue autour de 23 fois). Et nettement plus élevé que l'Europe, puisque si j'en crois mes amis d'AlphaValue, on est autour de 13,7 fois sur 600 grosses entreprises du vieux continent. Mais on le sait, une vive croissance ratatine les PER plus sûrement qu'un bon gros rachat d'actions. Pour tempérer un peu ça, je rappelle quand même que si les investisseurs déblatèrent sur la Chine, c'est toujours Pékin, et pas encore Delhi, qui a le pouvoir de changer le jeu en cas de plan de soutien économique.

L'actualité est donc encore dominée par les sociétés et leurs résultats. Alibaba, Walt Disney, TotalEnergies, Equinor, Uber, CVS Health notamment aujourd'hui. On gardera un œil sur la banque américaine et son nouveau maillon faible, la New York Community Bancorp, dont la dette a été déclassée dans la catégorie spéculative par Moody's et qui se retrouve au cœur d'un nouveau bank run, illustré par un titre qui a perdu 60% en cinq jours après avoir encore cédé hier 22%.

Du côté des places qui ont fini leur journée ou sont en passe de le faire, les parcours sont disparates. Tokyo a clôturé en petite baisse de 0,1% pendant que Bombay a perdu ses gains en cours de route pour afficher 0,2% de repli en séance. Sydney a bouclé sur un gain de 0,5%, tandis que Séoul reprend 1,3%, ce qui permet à la place coréenne de réduire les pertes accumulées en janvier. La Chine, après son gros rebond, attend d'en savoir plus sur les mesures de soutien aux marchés : Shanghai gagne encore 1%, mais Hong Kong perd 0,3%, en attendant les chiffres d'Alibaba. Les indicateurs avancés européens sont proches de l'équilibre, avec un petit biais haussier.

Le CAC40 démarre la séance en légère hausse à 7641 points. Le Bel20 s'offre un gain de 0,3% à 3633 points. Le SMI progresse de 0,1% à 11 261 points.

Les temps forts économiques du jour

La journée débutera avec la production industrielle en Allemagne (08h00). Plus tard, aux Etats-Unis, les stocks de brut DOE seront annoncés à 16h30. Tout l'agenda ici.

L'euro se stabilise à 1,076 USD. L'once d'or remonte à 2035 USD. Le pétrole varie peu, avec un Brent de Mer du Nord à 78,65 USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,52 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 4,08%. Le bitcoin s'échange à 43 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : Societe Generale passe de acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 16 EUR à 12,50 EUR.
  • Alfa Laval : Carnegie Group passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 400 SEK à 415 SEK.
  • Demant : Carnegie Group maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 350 à 390 DKK.
  • Enel : AlphaValue/Baader Europe passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 8,61 EUR à 7,45 EUR.
  • Equasens : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 94,60 à 82,50 EUR.
  • Hermes International : Morgan Stanley passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 2000 à 2380 EUR.
  • Julius Bär : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 55 CHF à 57 CHF.
  • Mersen : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 45 EUR.
  • Molten Ventures : CIBC Capital Markets passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 38 CAD à 30 CAD.
  • Neste Oyj : Cowen maintient une recommandation de performance de marché avec un objectif de cours de 36 EUR.
  • Nordic Semiconductor : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 195 NOK à 88 NOK. Arctic Securities passe de vendre à conserver en visant 75 NOK.
  • SoftwareOne : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 16 CHF à 15 CHF.
  • Straumann : HSBC passe de conserver à alléger avec un objectif de cours réduit de 114 CHF à 108 CHF.
  • UBS Group : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 30 à 28 CHF.
  • Verallia : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 41 EUR.
  • Verbund : AlphaValue/Baader Europe passe d'accumuler à alléger avec un objectif de cours réduit de 86,50 EUR à 74,40 EUR.
  • Vetropack : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 46 CHF.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Amundi annonce une hausse de 7% de ses actifs sous gestion en 2023.
  • TotalEnergies relève son dividende malgré des résultats inférieurs aux attentes en 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sartorius Stedim Biotech réalise une augmentation de capital réservée à sa maison-mère Sartorius AG pour 1,2 Md€, en vue de réduire la taille des prêts d'actionnaires existants. Les actions ont été placées à 233 EUR pièce (5,4% de décote). La dilution est de 5%.
  • John Elkann, le président de Stellantis, s'est entretenu avec le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti, alors que le gouvernement de Giorgia Meloni se plaint de l'attitude du groupe automobile.
  • Saint-Gobain signe un contrat de fourniture d'électricité renouvelable en Italie.
  • TotalEnergies et Vantage forment une joint-venture pour acquérir un navire de forage.
  • Les négociations pour la vente de l'ancienne activité de services informatiques d'Atos au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky sont apparemment au point mort, selon Bloomberg.
  • Drone Volt signe un contrat au Moyen-Orient.
  • L’Olympique Lyonnais prolonge jusqu’en 2029 son partenariat avec Adidas, équipementier du club depuis 2010.
  • Ceram annonce la première Implantation en clinique vétérinaire d'un implant Céramil BI-Structure.
  • Les principales publications du jour : Amundi, Linedata, CBO Territoria, Soitec, Hexaom, Crossject, LNA Santé, Equasens, Herige, Abeo...

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Akzo Nobel enregistre une baisse de son bénéfice ajusté au quatrième trimestre.
  • Amgen est stable post-séance après ses trimestriels.
  • Banca Monte dei Paschi versera son premier dividende en 11 ans.
  • Carlsberg relève son objectif de croissance moyen terme après avoir revu sa stratégie.
  • Chipotle gagne 2,6% post-séance après ses trimestriels.
  • Equinor dépasse les attentes de bénéfices au T4.
  • Ford gagne 6% post-séance après ses trimestriels.
  • Gilead perd 2% post-séance après ses trimestriels.
  • Fortinet gagne 11% post-séance après ses trimestriels.
  • Orsted renonce à verser un dividende sur 2023/2025.
  • Pandora vise une croissance organique de son chiffre d'affaires de 6% à 9% en 2024.
  • Siemens Energy engrange un bénéfice net de 1,6 Md€ au T1 fiscal grâce à un gain exceptionnel.
  • Snap plonge de 33% hors séance après ses trimestriels.
  • TeamViewer affiche un chiffre d'affaires meilleur que prévu au quatrième trimestre.
  • Telenor publie en ligne avec les attentes.
  • Vestas table sur une marge d'EBIT ajusté de 4 à 6% cette année.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures