Meïr Benamran, quelle est la personnalité du fonds Sunny Managers et comment expliquez-vous sa surperformance ces cinq dernières années ?
"Sunny Managers est aujourd’hui un fonds très diversifié et nous attachons un intérêt particulier à la liquidité, positionné sur un maximum de 80 valeurs sélectionnées pour leur potentiel de revalorisation important. Le fonds est le produit du portefeuille dont j’ai hérité en juin 2020 lorsque j’ai repris sa gestion et de l’apport de mes idées d’investissement sur un univers que je pratique depuis une vingtaine d’années. Certaines valeurs historiques ont été sorties à cause d’un upside que nous jugions limité, d’autres conservées et d’autres renforcées à l’image des pépites Artefact, qui a fait l’objet d’une OPA après une très forte hausse, et de SES Imagotag, qui connait un formidable développement. Ces deux valeurs ont été les plus contributrices à la performance de l’exercice 2021. A noter qu’une des particularités du fonds est de ne pas hésiter à se positionner sur des dossiers en retournement. Un style de gestion que j’affectionne particulièrement et auquel notre société de gestion a consacré un fonds à part entière : Sunny Recovery. Ce type de valeurs disposent d’un potentiel supérieur à 100% à moyen terme en cas de réussite de la recovery. Le risque qui les accompagne est une des explications de la répartition du fonds sur un nombre de valeurs important."
Comportement du fonds depuis la création
Comment sélectionnez-vous les entreprises que vous entrez en portefeuille ?
"Notre univers d’investigation est constitué de 400 valeurs que nous travaillons avec Thomas Gineste et Jérémie Weltman. Notre processus de gestion se fonde sur une analyse des fondamentaux des sociétés combinée à celle de leur environnement macro et micro économique. La qualité du management est d’autant plus précieuse que la société est de petite taille. Je dirais même que le management explique 70% de la réussite d’une PME et 20% de celle d’une grande société, le reste dépendant de l’environnement. Par ailleurs, nous étudions attentivement les marges brutes des sociétés et la qualité de leurs forces commerciales. Cela m’est particulièrement utile dans l’analyse des potentiels de redressement de la rentabilité d’une entreprise"
Processus de sélection du fonds Sunny Managers
Vous évoquez le critère de la marge brute. Que vous apporte son analyse ?
"Je pense en effet que la marge brute constitue un excellent indicateur de la respectabilité d’un métier, d’un produit et de la capacité des équipes commerciales à le valoriser. La force commerciale, souvent incarnée par le patron de la société, fait chez nous l’objet d’une étude terrain dès que nous en avons l’opportunité. Pour cela, nous n’hésitons pas à mobiliser nos réseaux professionnels et personnels pour accéder aux bons interlocuteurs. Ces derniers se trouvent parfois en dehors de l’entreprise. Un ancien collaborateur peut apporter de précieuses informations sur la culture d’entreprise, le turnover, le mode de rémunération des commerciaux..."
Les thématiques actuelles du fonds (sources : Sunny AM)
Dans le cas précis des dossiers en retournement, quel catalyseur recherchez-vous ?
"L’augmentation de capital est souvent le meilleur moment pour se positionner. Elle permet de repartir sur des bases financières saines une fois que toutes les mauvaises nouvelles sont dans les cours. L’idéal, c’est quand la réorganisation opérationnelle, avec son lot de décisions difficiles prises, a également été opérée. Ce fut le cas avec GL Events et Compagnie des Alpes post covid. La beauté des recovery, c’est que les deux années qui suivent sont souvent celles où les marges, encore petites, progressent fortement sans même que la croissance soit au rendez-vous. En effet, la structure de coûts a été réduite et le portefeuille d’activité recentré. Evidemment, quand la croissance vient s’ajouter, c’est encore mieux car elle amplifie le levier opérationnel. Mais investir dans des sociétés en retournement reste un exercice délicat. C’est pourquoi nous restons pragmatiques. Nous commençons par entrer une petite position, plus ou moins 0.5% du portefeuille, puis nous observons afin de prendre la meilleure décision : solder, conserver en se laissant porter ou renforcer."